Le 8 octobre, les 15 territoires les plus touchés par la pollution de l'air se sont engagés pour la mise en place d'une zone à faibles émissions d'ici 2020. Si ce n'est pas la première fois que des engagements sont annoncés, cette fois-ci la mobilisation collective pour des villes respirables semble bien lancée et pourrait essaimer. La généralisation de ces zones sera en effet à l'ordre du jour de la loi Mobilités en 2019. L'enjeu : préserver la santé des citoyens, et en particulier des plus vulnérables, répondre à l'urgence climatique, et redonner de l'attractivité aux villes.
Les zones à faibles émissions : un outil pour sortir du tout-voiture en ville
La délimitation de zones à faibles émissions permet d'instaurer des restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants, de manière permanente ou sur des plages horaires précises. Elles sont adossées au système Crit'Air.
Les ZFE favorisent ainsi l'évolution des véhicules, vers des voitures électriques, partagées, et pratiques, vers l'utilisation de modes de transports moins polluants : transports en commun, vélo, marche. Les collectivités sont donc amenées à développer les services partagés, les parkings dédiés, les infrastructures de recharge… Le transport routier de marchandises est également inclus par les agglomérations les plus ambitieuses. Elles s'engagent à mobiliser les acteurs économiques, les citoyens et à évaluer les impacts des mesures mises en œuvre.
Cette démarche s'inscrit dans le Plan de lutte contre la pollution de l'air, lancé en juillet par la Ministre des transports Elisabeth Borne et fait suite au contentieux européen. Et il était temps : la France ne recense que deux zones à faibles émissions (Paris et Grenoble), quand l'Europe en compte 220, et que les initiatives des grandes villes se multiplient. Les démarches de ces 15 territoires, parmi les plus pollués en France, doit permettre de lancer une dynamique bien plus large. La loi d'orientation des mobilités demandera ainsi à toutes les agglomérations de plus de 100 000 habitants d'évaluer l'opportunité de mettre en place une zone à faibles émissions.
Une étape vers la fin des voitures essences et diesels
Si la France s'est engagé à mettre fin à la vente des véhicules essence et diesel d'ici 2040, l'atteinte de cet objectif implique des étapes intermédiaires. La mise en place de zones à faibles émissions dans les villes à partir de 2020 pour les villes les plus touchées par la pollution, puis de manière généralisée d'ici 2025, sera essentielle pour accélérer la dynamique.
L'impact attendu de ces zones à faibles émissions n'est pas négligeable : Grenoble pourrait par exemple réduire de 38% ses émissions de gaz à effet de serre. Un chiffre à mettre en regard des dernières recommandations du GIEC : pour limiter le réchauffement à 1,5°C, il faudra réduire de 45% des émissions de GES d'ici 2030.
Des gages complémentaires sont néanmoins attendus de la part de l'Etat pour lutter contre la pollution de l'air, en premier lieu en ce qui concerne la taxation du trafic routier de marchandises, dont la contribution à la pollution est croissante. Plus généralement, la loi mobilité devra se fixer comme cap de sortir du tout-routier et de la dépendance à la voiture individuelle, qui reste le premier obstacle au développement des nouvelles mobilités.
Pour cela, elle devra donner la priorité aux infrastructures de transports les moins polluantes, telles que le vélo, le train, les transports en commun, et non plus aux projets autoroutiers.
La Ministre a donné rendez-vous aux acteurs, collectivités, acteurs économiques, ONG, dans 6 mois. La concrétisation des mesures mises en place et les résultats obtenus seront alors décisifs pour entraîner les agglomérations dans la dynamique, et garantir l'ambition de la loi d'orientation des mobilités.
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