Mais au fait, comment sait-on qu’un singe est un « grand singe » ?
Plusieurs critères permettent de les caractériser. Les grands singes antropomorphes, c’est à dire ceux dont la forme rappelle celle de l’homme, n’ont pas de queue, peuvent être bipèdes et ont été reconnus pour leurs capacités intellectuelles particulièrement élevées. Ainsi, les grands singes font preuve de concepts que l’on croyait être le propre de l’Homme comme la culture, l’apprentissage ou encore la conscience de soi. Voici 5 grands singes en 5 faits étonnants
1/ L’Orang-Outan, l’intellectuel
Reconnu plus gros mammifère arboricole du monde, l’orang-outan présente des capacités d’attention et de patience particulièrement frappantes.
En captivité, il a déjà fait preuve d’une grande ingéniosité. Ce fait a été mis en évidence en 2007 à l’Institut Max Planck dans laquelle une équipe de scientifique a testé la capacité des orang-outans à utiliser leur environnement pour résoudre des problèmes inédits. Dans cette expérience, un long tube transparent contenant cacahuète (très prisée des orang-outans) dans un peu d’eau a été fixé contre la paroi de la cage des grands singes. Précisons que cette cage ne contenait qu’un unique élément : un abreuvoir. Le tube étant trop long et trop fin, les animaux ne pouvaient pas attraper la cacahuète avec leurs doigts. Mais avec les orang-outans, il y a toujours une solution ! Il aura fallu en moyenne seulement 9 minutes au 5 animaux testés pour trouver une solution : ils aspirèrent l’eau de leur abreuvoir puis allèrent la cracher dans le tube afin de faire remonter la cacahuète, jusqu’à ce que celle-ci soit accessible ! Découvrez la vidéo de l’expérience
2/ Le Gibbon, le mélomane
Divisés en 17 espèces, les gibbons sont très certainement les grands singes les plus mélodieux du monde des primates. Leur immense répertoire de chant permet de différencier les espèces des unes des autres, mais aussi les femelles des mâles. Vivant dans les forêts d’Asie du sud-est, chaque couple vit sur un territoire d’une vingtaine d’hectares qu’il délimite chaque matin avec son chant. Ce dernier est l’une des causes de leur disparition : il permet aux braconniers de localiser facilement les gibbons. Et pour cause, on peut entendre ces mélopées à 1km à la ronde !
Certains sont devenus de vrais professionnels du chant comme le siamang, qui est la plus grande espèce de gibbons. Celui-ci possède une un sac vocal au niveau du cou qui se gonfle et lui permettant de chanter encore plus fort et d’être entendu jusqu’à 2km de distance. Ecoutez la sérénade de gibbons sauvés par l’association Kalaweit.
3/ Le Gorille, la force tranquille
Avec des mâles de 170kg, le Gorille est le plus grand de tous les grands singes. Pourtant, malgré ses allures de brutes et son regard parfois paralysant se cache un géant doux et pacifique.
L’objectif du dominant (appelé dos argenté) ? Il est simple : rester le chef et protéger son clan.
Sur un territoire africain entre 10 et 20km, un groupe peut parfois cohabiter avec un autre quelques jours en bon voisinage, et ce d’autant plus si les mâles ont eu des liens privilégiés par le passé, comme des frères.
Quand un jeune mâle atteint la maturité sexuelle, il n’a que deux options. Soit il entretient de bonnes relations avec le dominant et devient ainsi son assistant, soit il entre progressivement en conflits avec lui et est rejeté. Le jeune, dominé, finira alors par quitter sa famille d’origine. On a ainsi pu observer dans la nature des groupes de jeunes mâles célibataires en attente de fonder une nouvelle famille.
4/ Le Chimpanzé, le pharmacien
Des travaux de recherches comme ceux menés par la primatologue Sabrina Krief ont permis de mieux comprendre les interactions entre les grands singes et leurs écosystèmes, en particulier les agents pathogènes et les plantes des forêts tropicales.
Ainsi, grâce à sa formation vétérinaire, la primatologue a pu observer et analyser des comportements tout à fait inédits dans le parc national de Kibale en Ouganda.
Les individus fiévreux consomment la Trichilia rubescens, une plante aux vertus antipaludéennes qui ne fait pas partie de leur régime alimentaire habituel, et finissent souvent par quelques bouchées d’argile fine et rouge. « Nous avons recréé en laboratoire les conditions d'une digestion et constaté que Trichilia seul est actif, mais que la terre augmentait ses effets », explique la vétérinaire.
D’autres chimpanzés ont été vus sucer et mâchouiller de jeunes pousses pour se guérir de leurs diarrhées, ou encore utiliser certaines feuilles pour guérir leurs plaies.
Ces découvertes sont autant d’espoir de protection des grands singes : en mettant en évidence des molécules végétales actives pour de futurs traitements pour les Hommes, la conservation de la forêt prendra tout son sens pour pérenniser ce potentiel pharmaceutique, et avec, ses habitants.
5/ Le Bonobo, le babacool féministe
Endémique de la République Démocratique du Congo et appelé chimpanzé pygmée, le bonobo a été longtemps considéré comme une sous espèce de chimpanzé. Avec son allure d’enfant modèle, il vit au rythme de « faites l’amour, pas la guerre ». En effet, chez cette espèce, les relations sexuelles, feintes ou réelles, sont utilisées préférentiellement à la violence pour résoudre des conflits. Ainsi, il est courant qu’un membre du groupe pratique des actes sexuels dans le but de plaire à un autre membre. L’autre raison pour laquelle les bonobos sont beaucoup plus paisibles que les autres primates réside dans le rôle joué par les femelles. En effet, un groupe de bonobo est toujours dominé par une femelle, ce qui est assez inhabituel dans le règne animal ! Plus petites, les femelles forment des alliances entre elles pour dominer les mâles les plus agressifs.
Que puis-je faire à mon échelle pour les aider ?
Qu’ils soient orang-outan, gibbon, gorille, chimpanzé ou bonobo, diverses menaces pèsent sur la survie de ces grands singes. Promouvoir les filières respectueuses de l’environnement pour la filière du bois ou de l’alimentation et privilégier l’écotourisme sont autant de leviers pour agir à votre niveau.
Pour aller plus loin dans la sauvegarde des primates et de leur habitat naturel, découvrez le programme Rajako soutenu par la Fondation pour la Nature et l’Homme.
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