Crise économique et crise environnementale sont les deux faces de la même médaille : notre modèle de développement. Le défi de la transition écologique est de se doter d’un modèle de développement alternatif. Cela suppose de s’interroger sur le contenu et les objectifs de la croissance (que produit-on ? Quels emplois et quelles conditions de travail ?) ainsi que sur la façon dont sont réparties les richesses au sein de la société (quelles modalités de redistribution des revenus et quelle protection sociale ?). La Fondation Nicolas Hulot, comme d’autres, participe à cette réflexion depuis de nombreuses années.
L’allocation universelle (ou « revenu universel » ou encore « revenu de base ») répond-elle à ce défi? La question est légitime, d’autant plus qu’elle fait échos à deux concepts écologiques fondamentaux : la solidarité et l’universalité.
De quoi parle-t-on précisément? Du débat autour de l’idée de verser, de façon automatique et inconditionnelle, un revenu identique à tous les membres de la société. Riche ou pauvre, actif ou non, jeune ou âgé, toutes les personnes le reçoivent (sinon il ne serait pas « universel »). Ce revenu peut être cumulé avec d’autres revenus, comme ceux issus du travail. Ce dernier restera indispensable : par définition un tel revenu ne saurait être d’un montant très élevé, pour des raisons évidentes de limitation des finances publiques. L’avantage avec le système actuel est d’éviter tous les inconvénients des politiques sociales ciblées : pas d’effets de seuil (qui démotive le retour à l’emploi du fait de la perte des avantages), pas de non recours (les ayant-droits qui ne le demandent pas), pas de stigmatisation des bénéficiaires, simplification des procédures d’octroi et administratives (dont les contrôles), etc.
Cependant, en fonction du montant envisagé et du type de prestations sociales qu’elle remplacerait, on peut se trouver face à des logiques politiques concurrentes et des visions de la nature humaine opposée. Dans ce débat, la Fondation Nicolas Hulot se félicite des sujets mis sur la table : l’avenir de l’emploi, le partage du travail, le contenu de la croissance, l’autonomie et, bien sûr, la solidarité entre les femmes et les hommes. Autant de thèmes au cœur de la transition écologique.
Quoi qu’il en soit, l’allocation universelle ne saurait être à elle seule une réponse globale à tous les problèmes économiques et sociaux. Car tout dépend des autres institutions et des politiques publiques qui l'accompagnent ou l’encadrent (la qualité des services publiques, du système éducatif, du système assurantiel etc.). C’est pourquoi cette allocation (ou revenu) n’a de sens que si elle s’encastre dans un projet global de remise en cause et de renouvellement de notre modèle actuel de développement.
De plus, si la question du financement est si souvent soulevée, c’est par ce que ce débat est indissociable de l’indispensable réforme fiscale. Cette dernière est même le cœur de l’affaire et elle représente (plus que l’allocation universelle, qui n’est que la partie émergée de l’iceberg), le véritable enjeu politique : quelle fiscalité, plus écologique, plus juste, plus efficace et plus redistributive ? C’est la question du big bang fiscal. Tant que cette question ne sera pas réglée, la question de l’allocation universelle ne le sera pas non plus.
Pour un exposé plus précis, voir le texte de Floran Augagneur dans la revue projet qui propose, à partir de la philosophie, une grille d’analyse des débats autour du revenu universel.
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