Vivre loin des exploitations agricoles n'est pas un gage de sécurité sanitaire. Consommer des aliments ayant subi un traitement phytosanitaire, ou boire de l'eau qui contient des résidus de pesticides, présente un risque pour notre santé. Les premières victimes étant les femmes enceintes et les enfants.
Des risques sur le système hormonal, immunitaire et même des effets neurologiques
En plus d'affecter le système reproducteur, les pesticides sont des perturbateurs endocriniens : ils dérèglent le système hormonal
Certains pesticides ingérés à travers notre alimentation seraient associés, chez l'être humain, au cancer du sein, de la prostate et des testicules, à l'endométriose, à des malformations des organes sexuels, à une réduction de la fertilité mâle et à des problèmes liés au comportement, notamment chez les jeunes garçons.
Les pesticides affecteraient également le système immunitaire
Des effets comme la chute de production d'anticorps et des réactions d'hypersensibilité retardée pourraient aussi être associés à l'exposition à certains pesticides. Plusieurs pesticides communément utilisés pourraient supprimer la réponse normale du système immunitaire humain à l'invasion de virus, de bactéries, de parasites et de tumeurs.
Certains insecticides pourraient aussi être responsables d'effets neurologiques
Ces effets peuvent parfois persister pendant plusieurs années et souvent sans que le lien ne soit fait avec l'exposition à ces produits. Des effets tels des difficultés comportementales, psychologiques, motrices, sensorielles et cognitives ont été rapportés dans la littérature scientifique. Par exemple, de la nervosité, des dépressions, des difficultés d'élocution et de concentration, des pertes de réflexes et des tremblements ont parfois été associés à l'exposition à des insecticides.
Le scandale du chlordécone
Dans les Outre-mer, et notamment aux Antilles, la population est particulièrement exposée aux risques sanitaires liés aux pesticides. Aujourd'hui encore, le chlordécone, qui passe dans la chaîne alimentaire, distille son poison un peu partout. Pas seulement dans les sols, mais aussi dans les rivières, une partie du littoral marin, le bétail, les volailles, les poissons, les crustacés, les légumes-racines… et la population elle-même ! La quasi-totalité des Guadeloupéens (95 %) et des Martiniquais (92 %) sont contaminés au chlordécone (étude avril 2018 santé publique France). L'utilisation incontrôlée du chlordécone aux Antilles serait à l'origine d'un taux record de cancer de la prostate. Ce pesticide visant à lutter contre les charançons dans les bananeraies et classé comme cancérogène, mutagène, et reprotoxique probable pour l'homme. En 2016, la Martinique a détenu le record mondial du nombre d'hommes touchés par le cancer de la prostate. Par ailleurs, selon les chiffres publiés en janvier 2017 par l'ARS locale, le nombre de naissances de prématurées et de grands prématurés est quatre fois plus important sur l'île que la moyenne nationale.
La FNH demande que la transparence soit faite sur les denrées alimentaires. Dans la Loi agricole en discussion, elle porte une proposition permettant aux consommateurs d'avoir le choix et de connaître le nombre et la toxicité des traitements phytosanitaires reçus par un produit.
Elle soutient également la demande de l'association Phyto-Victimes, d'un fonds d'indemnisation des victimes des pesticides, qu'il s'agisse des apiculteurs, victimes des néonicotinoïdes, ou des antillais, victimes du chlordécone.
Pour aller plus loin :
- L'association Phyto-Victimes et le combat de Paul François contre Monsanto
- L'association Générations futures
Sources
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