Accessible aux plus grand nombre, grâce à un pétrole (pendant longtemps) peu cher, la voiture a peu à peu modelé notre paysage et nos modes de vie. Aujourd’hui 86 % des ménages sont équipés d’une voiture, 40% en ont deux ou plus. Devenue indispensable à la majorité de nos déplacements, la voiture individuelle contribue à elle seule à plus de 50% des émissions de gaz à effet de serre émises par le secteur des transports. Dans le même temps, les investissements dans les transports collectifs, tramways, bus express, petites lignes de train ont peu à peu été délaissés. Résultat ? C’est la voiture où la galère. Et pourtant là où les investissements sont réalisés pour partager la route entre les différents modes de transports, la part de la voiture baisse. Sortir de la dépendance à la voiture individuelle pour retrouver une capacité de choix n’est donc pas impossible, c’est un choix politique.
Quand c’est possible, ne pas prendre sa voiture pour les trajets de moins de 3km
A chaque fois que nous nous déplaçons en voiture, c'est 1 à 2 tonnes minimum de matière que nous déplaçons. Avec une voiture essence ou diesel, ce sont 100 à 200 g de CO2 émis à chaque km parcouru, sans compter les polluants atmosphériques, particules fines et dioxydes d’azote, responsables de la pollution de l’air. Avec 34 millions de véhicules particulières en circulation en France, dont 20 millions de diesel, la facture climatique et sanitaire est salée. Rappelons qu’en France, chaque année, la pollution de l’air est responsable de la mort de 48 000 personnes.
Alors, la voiture est-elle indispensable pour chaque trajet ? Sommes-nous définitivement dépendants de la voiture ? Rien n’est moins sûr ! En agglomération, 40% des trajets effectués en voiture font moins de trois kilomètres, pour transporter le plus souvent une seule personne(2)... Il pourrait donc dans bien des cas facilement se faire à pied ou à vélo, ou encore en transport en commun.
En effet, sortir du tout-voiture devrait s’avérer largement bénéfique, à la fois pour la santé, les économies réalisées, la qualité de vie, le temps gagné…
• Entre 2,5 et 6 km, le vélo est le moyen de déplacement le plus rapide en zone urbaine : comptez 8 à 12 min en bicyclette pour 16 à 18 min en voiture.
• Une heure de vélo compense 8h de sédentarité… En réduisant les risques de maladies chroniques.
• Les transports en commun sont pris en charge à 50% par l’employeur
• Les déplacements domicile-travail réalisés en vélo ou en covoiturage peuvent être défrayés par votre employeur à hauteur de 400 euros par an(3).
Le paradoxe ? Tout a été fait pour encourager le recours à la voiture…
La contradiction entre l’usage massif de la voiture et la volonté réelle d’une majorité des Français d’agir en faveur de l’environnement est devenue un sujet de crispation. D’autant plus accrue que le prix des carburants fluctue, et que les perspectives d’augmentation menacent un peu plus le budget des automobilistes, qui y consacrent une part croissante… Jusqu’à plus de 9 000 euros par an !
En effet, si la voiture reste aujourd’hui le mode de déplacement privilégié des Français, c’est que tout a été fait pour la voiture : routes, stationnements, aménagements des zones résidentielles et commerciales… La voiture est bien souvent le moyen le plus pratique et le plus sécurisé. A l’inverse, il est devenu souvent dangereux de se déplacer en vélo ou même à pied. Parce que le réseau cyclable est limité, discontinu, non sécurisé ; parce que les trottoirs sont insuffisants. Les transports collectifs, des trains au tram en passant par les bus, subissent de leur côté les effets du désinvestissement massif : des passages trop peu fréquents, une information non fiable, ou encore des wagons saturés ou inconfortables… Symbole de la désaffection, les petites lignes de train, faiblement fréquentées alors les Français y sont réellement attachés, à 75%(4).
La solution : investir massivement dans les alternatives à la voiture, c’est le rôle de l’Etat et des collectivités locales.
Choisir de sortir du tout voiture implique des investissements massifs de la part de l’État :
Investir pour une France cyclable : un fonds vélo a été créé pour financer les infrastructures vélo, il pèse peu par rapport aux montant dédiés chaque année à la voiture en France. Donnons-lui de vrais moyens, 200 millions d’euros par an d’ici 2022, c’est 3 euros par an et par habitant, pour financer des infrastructures de qualité mais également des équipements et des services vélo.
Investir pour des transports en commun modernes et accessibles, en particulier dans les quartiers prioritaires et les zones périurbaines, plutôt que dans des projets de rocades ou d’autoroute urbaine. La loi mobilité votée en 2019 entérine honteusement une dizaine de projets autoroutiers néfastes pour l’environnement, au mépris des défis climatiques et de la capacité des générations futures à agir ! Il est essentiel d’investir en priorité là pour renforcer les modes de transport les moins polluants, tram, bus, métro, train.
Investir pour des mobilités collaboratives et partagées dans les zones rurales et périurbaines moins denses : aires de covoiturage, services de voitures et vélos électriques partagés dans les quartiers résidentiels mal desservis par les transports en commun…
Ouvrir un débat transparent sur l’avenir des petites lignes de train : modernisation, adaptation des horaires et des dessertes...
C’est la condition pour que chacun puisse choisir son mode de déplacement en fonction de ses besoins et de ses capacités. Mais aussi pour que chacun puisse faire sa part dans la lutte contre la pollution de l’air et le changement climatique.
Sources
(1) Taux de remplissage des voitures = 1,2 personne.
(2) Mesure inscrite dans la loi mobilité à partir de 2020.
(3) Sondage IPSOS octobre 2019.
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