Ecogestes

Un jour par semaine sans viande, ni poisson et en même temps réformer les règles du commerce

Publié le 11 octobre 2019 , mis à jour le 02 mai 2023

L’élevage représente à lui seul 14,5% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. C’est l’un des secteurs qui contribue le plus au dérèglement climatique. Pour autant toutes les viandes et tous les types d’élevage n’ont pas les mêmes impacts. La viande rouge est de loin la plus émettrice de gaz à effet de serre. Manger un steak de 125 grammes émet ainsi autant de CO2 que de parcourir 205km en voiture ! D’autres types de viande et notamment la volaille ou le porc sont majoritairement nourris à base de tourteaux de soja, majoritairement produits au Brésil, sur les terres amazoniennes déforestées… 

 

80% de la déforestation dans le monde est ainsi lié au développement de l’agriculture et plus d’un tiers est à imputer aux pays de l’Union Européenne via leurs importations. Des différences majeures existent aussi entre les élevages durables français et les élevages américains par exemple. Pour agir au quotidien, chaque citoyen peut diminuer sa consommation de viande et opter pour de la viande de qualité, produite en France avec des labels qui respectent le bien-être animal et l’environnement. Dans le même temps, le gouvernement se doit d’agir, à travers l’Union Européenne, pour changer les règles du commerce mondial qui ouvrent grands les portes de ces dérives !

Manger moins de viande mais de meilleure qualité et opter pour les légumineuses

La consommation de protéines animales est en baisse en France. En amont, c’est les modes de production agricole ainsi que la gestion des ressources halieutiques qui doivent être interrogées. 

L’élevage est à l’origine de 14,5% des émissions de GES et en France une majorité de lapins, cochons, poulets… sont élevés dans des conditions de vie qui en permettent pas la satisfaction de leurs besoins élémentaires. Ces élevages sont également gourmands en soja importés du Brésil et concourant à la déforestation.

Par ailleurs, une importante consommation appelant une pêche industrielle et intensive, ce sont également les ressources halieutiques qui sont menacés d’épuisement, les écosystèmes marins de destruction et même l’emploi des pêcheurs et la sécurité alimentaire mondiale…

Et pourtant, nous n’avons pas besoin de manger autant de protéines : 90 grammes en moyenne par jour et par personne c’est trop. Seuls 52 grammes sont nécessaires. L’Organisation Mondiale de la Santé a par ailleurs établi que la viande rouge transformée est une cause certaine de cancer.

Alors, une fois par semaine, on se passe de viande et de poisson pour opter pour les légumineuses : lentilles, pois chiche, fèves, le lupin, les haricots blancs ou rouges, pois cassés…et pour faire le choix d’une viande issue d’élevages français et durables et de modes de pêche respectant les ressources.

La limite de l’action citoyenne : les règles du commerce mondial sont à contre-sens de ce qu’il faudrait faire !

Seul, le citoyen ne règlera pas tous les problèmes. En effet, une grande partie de la viande consommée qui arrive sur le territoire français est utilisée dans les produits transformés ou servie en restauration collective. Le problème est que les règles qui s’imposent à la viande, ou à toute denrée agricole importée ne sont pas les mêmes que celles qui s’imposent aux agriculteurs européens. 

Ainsi, si en Europe il est interdit de nourrir les animaux avec des farines animales depuis la crise de la vache folle, c’est autorisé pour la viande importée venant du Canada ou des États-Unis. De même, il est interdit d’utiliser des antibiotiques comme activateur de croissance dans l’UE, mais c’est autorisé pour la viande importée en provenance du Brésil. 

C’est donc la double peine, d’abord pour les agriculteurs européens qui subissent une concurrence déloyale, et de l’autre pour l’environnement. A l’inverse si l’on autorisait les importations uniquement des denrées agricoles produites selon les règles européennes, cela aurait un effet entrainant sur les autres pays qui ont un intérêt important à pouvoir exporter sur un marché de 500 millions de consommateurs. 

Par ailleurs, les animaux européens, et notamment le porc et la volaille sont nourris avec du soja qui est produit au Brésil, alors même que l’Europe pourrait le produire elle-même comme toute autre culture de protéagineux. Le problème est qu’en important ces produits l’Union Européenne est complice des feux de forêts, de la disparition de la biodiversité et des émissions de CO2 qui sont rejetées. C’est pourquoi l’UE doit désormais sanctionner commercialement les États comme le Brésil qui mettent en danger la survie de l’Humanité avec des politiques de déforestations, en interdisant l’importation de produits comme le soja ou la viande de bœuf qui sont à l’origine de cette disparition. 

Pour rappel, si l’on continue à abattre la forêt amazonienne et qu’elle disparaissait complètement, cela équivaudrait à 10 ans d’émissions de gaz à effet de serre rejetées dans l’atmosphère au niveau mondial. Autant dire les chances de limiter la hausse des températures à 1,5°C ou 2°C comme nous nous y sommes engagés lors de la signature de l’Accord de Paris seraient réduites à néant.

La solution ? Réformer la politique commerciale européenne de fond en comble 

Manger moins de viande

Les règles du commerce mondial ou plutôt l’absence de règles contraignantes en matière sociale et environnementale, contribuent au développement d’un modèle économique insoutenable et incohérent. Avec son marché de 500 millions de consommateurs, l’Union Européenne a pourtant le pouvoir d’inverser cette tendance. Si elle modifiait ses règles commerciales, il serait possible de faire du commerce un véritable levier de la transition écologique en rehaussant les exigences environnementales et sociales. Notamment il faudrait mettre en place une exception agriculturelle pour que l’alimentation ne soit pas un bien marchand comme les autres. C’est là tout l’objet du travail mené par la Fondation Nicolas Hulot et l’Institut Veblen qui ont formulé 37 propositions pour que les règles qui ont conduit au CETA ou à l’accord avec les pays du MERCOSUR ne puissent plus exister.

 

Des mesures-miroirs pour exiger les normes UE aux importations

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