La France et l’Europe sont frappées d’immobilisme depuis bien trop longtemps. Pourquoi ? Parce qu’elles restent prisonnières de modèles économiques mortifères, non pas fondés sur l’investissement dans l’avenir mais sur la priorité exclusive donnée aux équilibres budgétaires. Le livre d’Alain Grandjean, Marion Cohen et Kévin Puisieux paru au Liens qui libèrent raconte pourquoi nous en sommes arrivés là et comment Bercy entretient cette logique dont il est urgent de sortir.
Pour l’Europe, terre des principales innovations de l’ère des énergies fossiles, remporter la bataille climatique a tout de l’œuvre de civilisation. Tout changer sans tout casser, tel est la ligne de crête que nous sommes amenés à emprunter. Certes, si l’Europe agissait seule, l’horizon dramatique ne serait pas nécessairement évité. Mais l’inaction du premier marché de consommateurs mondial marquerait une défaite assurée.
Notre continent a tout à gagner de cette transition vers une économie sans énergie fossile. L’impact global sur le climat, l’impact plus local sur notre santé, nos eaux, nos sols, notre dépendance géopolitique à l’importation de ces matières depuis des pays pas toujours recommandables ni stables et notre dépendance financière à des énergies dont le coût évolue au gré des spéculations financières forment les murs d’une prison dont il est urgent de s’échapper.
Mais pour ce faire, l’Europe doit cesser de chérir sa camisole faite de règles budgétaires dépassées. Il est en effet démontré et redemontré que cette mutation sans précédent de nos économies ne se fera pas sans un programme massif d’investissements privés et publics, bloqué par cette camisole. Et il devient malheureusement évident que nous devrons aussi investir pour protéger les populations du changement climatique en cours des conventions comptables surannées nous en rendront également incapables !
La doxa budgétaire contre la transition écologique et solidaire
En France, le court-termisme budgétaire s’est confronté à un mur politique. Malgré une sortie « triomphale » de la France de la procédure pour déficit excessif en juin 2018, deux coups de semonce ont fortement retenti dans le pays.
La démission fracassante de Nicolas Hulot le 27 août sonnait comme rarement auparavant l’alerte sur l’incompatibilité de cette doctrine de court terme, obsédée par la baisse à tout prix des déficits, avec le besoin financier de la transition écologique. Puis vint le mouvement des Gilets jaunes, celui des ronds-points occupés par des femmes et des hommes que beaucoup pensaient incapables de s’organiser et donc de contester des choix fiscaux objectivement injustes. L’étincelle que représenta la hausse de la fiscalité écologique sur les carburants venait sceller le sort de la taxe carbone version « Hollande-Macron » dont les recettes, importantes et en hausse, devaient permettre de tenir « en même temps » les engagements de réduction du déficit, et les promesses de baisse de certains impôts (ISF, flat taxe, taxe d’habitation).
Libérer les investissements verts
Contrairement à ce que partisans du statu quo et experts du chamboule tout européen veulent croire ou faire croire, il est possible de changer profondément la donne sans avoir à casser les traités européens. Le problème est en effet moins technique que politique. Les marges de manœuvre existent et ce livre est une invitation pressante à profiter des flexibilités que les traités européens autorisent.
Agir pour fédérer tous les autres
Evidemment notre souhait est qu’une dynamique collective des pays européens s’enclenche pour sauver le climat et l’esprit de justice auquel aspirent nos sociétés. Mais parce qu’il n’est pas souhaitable de tergiverser, nous insistons sur le fait qu’un seul pays volontaire peut enclencher la dynamique. Il ne faut pas voir ici un réflexe chauvin qui n’a aucun sens quand il s’agit de lutter contre le changement climatique. Il faut y voir la répétition à l’échelle des nations de ce que la jeune Greta Thunberg a entrepris. Elle a commencé seule une grève pour le climat. Ils sont aujourd’hui des centaines de milliers à l’imiter à travers l’Europe et le monde pour la simple et bonne raison que la cause qu’elle porte ne divise pas. Au contraire elle fédère.
Aucune règle ne nous empêche d’agir. Alors, au regard de l’impasse politique, économique et climatique dans laquelle nous sommes, le plan que nous proposons représente l’une des voies de sortie les plus sûres
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