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Automobile : notre scénario pour une transition juste 

Publié le 29 juin 2021 , mis à jour le 25 avril 2024

Peut-on concilier climat et emploi dans l’industrie automobile? Le Think tank de la FNH et la CFDT Métallurgie se sont penchés sur la question et ont passé la filière moteur au banc d’essai. Dans un rapport inédit, ils démontrent que c’est bien la conversion à l’électrique et l’économie circulaire qui permettront de garantir un avenir réussi à cette filière et à ses salariés.

RAPPORT

Comment relever le défi d'une transition juste ?

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🇬🇧 Synthesis

How to respond to the challenge of a just transition ?

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L’industrie automobile est un acteur clé de la décarbonation des transports. D’ici 2030, elle doit accélérer son virage vers l’électrique pour répondre aux objectifs climat européen, puis s’engager dans la voie, fixée par la loi Mobilité, d’une décarbonation totale d’ici 2050.

Pourtant cette industrie est souvent hésitante, les décideurs politiques freinent. Motif : l’emploi. Aucun secteur n’a autant détruit d’emplois depuis 15 ans, et les annonces de fermetures de sites sont régulières. La voiture électrique, qui nécessite nettement moins de main-d'œuvre qu’un diesel, est souvent pointée du doigt. Or c’est elle désormais le moteur de l’industrie automobile. Dans les années à venir, la compétitivité reposera sur la capacité à produire des véhicules électriques, y compris les batteries, à les recycler, et à réduire drastiquement leur impact environnemental. Le thermique n’a pas d’avenir pérenne. Bref, en freinant cette transition, l’industrie automobile française pourrait bien précipiter son déclin. 

Pour identifier les moyens de sortir de l’impasse, le Think tank de la FNH et la CFDT Métallurgie ont dressé un état des lieux de la filière moteur et en ont exploré les futurs possibles. Stratégique, cette filière compte 57 000 salariés, et a un effet d'entraînement sur l’ensemble de l’industrie, qui rassemble 400 000 salariés. Comment stopper le déclin des activités et des emplois? Quelles sont les opportunités d’emplois qui s’ouvrent avec la transition écologique ? Quelle voie permettra de réduire de manière suffisante les impacts environnementaux de l’automobile ? Le travail mené durant 1 an, en s’appuyant sur l’expertise de Syndex, démontre qu’en accélérant la transition écologique, on peut enrayer le déclin de l’industrie automobile et atteindre 33% d’emplois en plus par rapport à un scénario de poursuite des politiques actuelles. Pivot du secteur, cette filière moteur impactera l’ensemble du reste de la chaîne. 

4 scénarii d’avenir mis au banc d’essai

Pour répondre précisément à ces questions, la FNH et la CFDT Métallurgie ont construit 4 scénarios :

  • Scénario 1- La désindustrialisation

Ce premier scénario confirme que la prolongation des tendances actuelles pourrait tout simplement signifier la fin de l’industrie automobile en France, avec en perspective, une baisse de 70% des effectifs en 2050. 

  • Scénario 2 - La poursuite de la relance 

Il met en évidence que la politique actuelle de relance, initiée en 2020, ne permettra ni de mettre un terme à la désindustrialisation, ni de répondre au défi climatique. L’objectif de fin de vente des véhicules diesel et essence fixé à 2040 est trop tardif pour le climat, et en 2050, la division par deux des effectifs se révèle inéluctable.

  • Scénario 3 - La relance industrielle 

Ce scénario explore un maintien des volumes de production de moteurs et une accélération du passage à l’électrique sans toutefois anticiper les besoins de sobriété (réduction des consommations d’énergie et de matières, évolution des usages). Il s’avère irréaliste au vu de la situation actuelle et non souhaitable au regard de la nécessaire transition écologique. 

  • Scénario 4 - La transition juste  

Ce scénario mise sur une intégration locale renforcée de la filière et intègre les exigences de sobriété. Sur cette base, il vise la restructuration de l’appareil productif autour d’une filière intégrée moteurs- batteries - véhicules - recyclage. La fin de production des véhicules essence et diesel en 2030, puis des hybrides en 2035, et l’engagement dans l’économie circulaire, permettent de contribuer de manière forte aux engagements pour le climat. 

Seul ce 4e scénario démontre la possibilité de répondre à la fois aux enjeux sociaux et environnementaux.

Seul un scénario de transition juste permettra d’enrayer le déclin de l’industrie automobile

Les projections démontrent qu’une politique de transition juste permettra d’enrayer le déclin de la filière moteur dans les prochaines années : 

  • En accompagnant chaque salarié de la filière, quel que soit son statut. les efforts de formation et de conversion permettront de valoriser les compétences d’aujourd’hui dans l’industrie de demain.
  • Dès 2030, la Transition Juste se démarque d’un scénario tendanciel, avec un gain de 4 points sur les emplois maintenus.
  • La filière automobile française est en mesure en 2030 de contribuer à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de - 55% au niveau européen. 
  • En 2035, la production de véhicules en France est 100% véhicules 0 émission. 
  • A cette échéance,l’intégration locale favorise la création d’emplois, 9000 au sein de la filière moteur selon nos estimations.
  • Au point d’arrivée de notre scénario de transition juste, en 2050, la filière moteur affiche 33% d’emplois supplémentaires par rapport à un scénario de poursuite des politiques actuelles. Cette filière électromobilité dynamique pourra avoir un impact positif sur la filière auto dans et le tissu économique (sous-traitants, services…) tout en respectant l’objectif de décarbonation totale des transports à 2050.

La feuille de route proposée par la FNH et la CFDT

Pour mettre en place ce scénario de transition juste, la FNH et la CFDT proposent une feuille de route pour : 

  • Créer les conditions de la relocalisation : cela passe par un deal engageant les entreprises et le gouvernement, via la socio-éco-conditionnalité des aides publiques, la mobilisation en faveur du Made in France (conversion des flottes et commande publique).
  • Accompagner dès maintenant tous les salariés, quel que soit leur statut, pour un accès facilité à la formation et aux dispositifs de conversion. Les savoir-faire actuels seront essentiels pour construire la filière électromobilité de demain. 
  • Oser une gouvernance ouverte : Une mobilisation collective des parties prenantes de la société, en faveur de la relocalisation industrielle, sera le fer de lance d’une nouvelle solidarité au sein de la filière. Les acteurs régionaux, les pôles de compétitivité, doivent travailler avec les entreprises et les syndicats dans le cadre de conférences sociales régionales. 

Ce scénario ambitieux est une contribution au débat qui doit s’engager sur les conditions permettant de réindustrialiser nos territoires tout en accélérant la transition écologique et sociale. Pour cela, FNH et CFDT appellent à la tenue d’Etats généraux de l’automobile permettant de remettre le dialogue social au cœur de la stratégie française.

RAPPORT

Comment relever le défi d'une transition juste ?

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ETUDE Syndex

Électrification de l'automobile et emploi en France

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