Le gouvernement a opéré une consultation officielle de trois mois pour “refonder l’école”.
Il n’en résulte aucune volonté de refonte en profondeur mais avant tout l’obsession habituelle pour les comparaisons internationales et le “retard” français sur les autres pays de l’OCDE. Les sujets de fonds sont donc évacués au profit de débats certes intéressants, mais essentiellement annexes. Dans la lignée ouverte par Ivan Illich, il importerait, pour proposer un horizon à l’école, d’apporter des réponses à la question pourquoi et à quoi éduquer ?
L’école et ses savoirs contre l’éducation ?
La qualité de l’éducation des enfants et des jeunes dépend-elle du temps passé à l’école ? Cette pensée, largement répandue, repose sur la logique de l’insertion économique comme unique objectif. La concurrence sur le marché de l’emploi des jeunes s’effectuant en fonction de la durée des études. La domination de cette logique ne permet pas à l’éducation d’éviter deux écueils :
- Le premier est l’omission, dans tous les débats publics sur l’éducation, des autres dimensions de la vie et de la citoyenneté : certes l’insertion dans le monde économique est nécessaire, mais qu’en est-il de l’insertion dans tous les autres domaines de la société ? Comment faire l’impasse, aujourd’hui, sur l’insertion dans l’environnement ?
- Le second est la croyance que l’éducation se résume à l’école et que l’apprentissage s’arrête une fois sortie de l’institution.
Qui doit définir les contenus de l’éducation scolaire ?
Le contenu du savoir scolaire est défini par des experts de manière non démocratique. De plus, le découpage par discipline pénalise les questions interdisciplinaires et transversales, comme celle de l’écologie. Dès lors à qui revient-il de choisir le contenu des programmes ? S’il doit faire l’objet d’un large débat démocratique, il doit aussi pouvoir combiner les particularités locales avec la lutte contre les inégalités territoriales.
Qui doit enseigner ?
Les tâches d’éducation ne peuvent être déléguées seulement à des spécialistes d’une discipline, elles doivent s’ouvrir à des profils d’horizons variés. Une partie du temps scolaire pourrait être réservée à des non enseignants venus partager un savoir-faire ou une passion.
Les classements opérés par l’école sont-ils légitimes ?
Les diplômes ont pris une trop grande importance. Notre confiance envers la justice de la méritocratie scolaire est excessive.
La compétition à l’école conduit moins à s’instruire qu’à atteindre une plus haute position sociale. L’obsession utilitariste privilégie le classement sur le contenu et le “capital humain” sur le sens même de l’apprentissage. Le tout créant une catégorie : les “non sélectionnés”. Le fait que celui qui a fait des études plus longues soit mieux rémunéré, dès lors qu’il exerce un emploi sans aucun rapport avec sa formation, apparait comme de la pure discrimination, tout comme la « rente à vie » qu’assurent certains diplômes. Il importe donc également de repenser la qualification autour des attitudes, des expériences de vie et les contacts avec le monde du travail.
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