Lutte contre le gaspillage, solidarité et inclusion sont les trois axes autour desquels l’association « Les Hôtels Solidaires », créée en 2018. Avec notre soutien, Antoine et Lisa, deux jeunes de l’équipe, vont pouvoir étendre l’activité de l’association, jusqu’à présent dédié à la récupération de viennoiseries, produits d’hygiène et mobilier, au recyclage du linge d’hôtel déclassé et ainsi offrir un emploi à des personnes en situation de handicap.
Les jeunes entre 15 et 35 ans qui ont une initiative pour le climat et la solidarité, peuvent postuler à l'appel à projet Génération climat jusqu'au 16 mai à minuit. A la clé : un soutien financier jusqu'à 10 000 euros pour mettre en oeuvre leur projet !
Un temps veilleur de nuit, Antoine fait cuire les viennoiseries des petits déjeuners et à chaque retour des buffets, se désole du gaspillage. Dans sa vie professionnelle, c’est un artiste exprimant tour à tour ses talents d’auteur, de photographe et de réalisateur, autant guidé par la créativité que par son plaisir à fédérer une équipe autour d'un projet commun. C’est l’envie d’ajouter du sens et un but social à son action qui l’a mené à fonder les Hôtels Solidaires, un projet collectif et une aventure qui s’inscrit dans la durée, car dit-il “ contrairement à un film, il n’y a pas de clap de fin !” Sollicités pour un soutien financier dans le cadre de notre programme Génération climat, nous avons été séduit par son nouveau projet visant à donner une seconde vue au linge d’hôtel usagé.
Lutter contre le gaspillage et agir contre l’exclusion et la précarité
L’association fonctionne d’un côté avec un réseau d’une cinquantaine d’hôtels partenaires et de l’autre des associations caritatives, des centres d’hébergement d’urgence et des foyers partenaires qui redistribuent les produits alimentaires, kits hygiéniques et autres biens collectés à des gens en situation d’exclusion et/ou de précarité. Au cours des deux années précédant la fermeture des hôtels en pleine période Covid, les collectes solidaires ont ainsi pu récolter et redistribuer à environ 21 250 personnes, 14 500 viennoiseries, 24 tonnes de mobilier (matelas, sommiers, linge de lit, voire téléviseurs) et 28 000 produits d’hygiène.
Recruter et soutenir une équipe de bénévoles
Le bénéfice de ces collectes est double : non seulement elles permettent de lutter contre le gaspillage et participent à une prise de conscience collective des acteurs impliqués dans le projet des enjeux concernant la gestion des déchets, mais elles ont aussi vocation à être un recours pour des gens fragilisés, en rupture de lien social. C’est ainsi qu’Antoine évoque sa rencontre avec une personne qui sortait d’EDVO (Espoir du Val d’Oise : une structure où l’on soigne les addictions sans substitut médicamenteux) qui a amorcé sa réinsertion dans la société grâce au bénévolat pour les collectes solidaires. Un engagement véritablement gratifiant puisque le travail de collecte effectué en binôme favorise les échanges et qu’il garantit d’être bien accueilli : dans les hôtels où l’on préfère donner que jeter et dans les associations bénéficiaires où les gens sont heureux de recevoir. En partageant son expérience, ce bénévole a motivé d’autres « compagnons d’infortune » à venir deux à trois fois par semaine relayer l’aide aux collectes et rejoindre l’équipe pour se mêler aux autres personnes engagées dans le projet.
L’Atelier Solidaire, de la collecte à la valorisation du linge hôtelier usagé
Un atelier de couture créatif pour recycler draps, serviettes et rideaux
Quand l’activité hôtelière a cessé en période de confinement et à défaut de ressources à distribuer : plus de production quotidienne de denrées alimentaires périssables et plus de renouvellement non plus de produits d’hygiène, les collectes se sont arrêtées. Mais les Hôtels Solidaires n’ont pas jeté l’éponge pour autant ! Ils se sont tournés vers le réemploi en créant l’Atelier Solidaire pour valoriser le linge ne répondant plus aux standards de qualité, sachant qu’un accroc ou une tache suffisent à déclasser draps, taies d’oreiller, couvres-lit, serviettes de toilette ou rideaux.
Réduction des déchets et production évitée de biens de consommation jetables
Des mètres et des mètres de tissus qui sont gaspillés et que l’Atelier Solidaire a entrepris de recycler en recrutant une personne éloignée de l’emploi comme couturière. Dans un local d’une soixantaine de mètres carré au sein d’un tiers-lieu mis à disposition par Novaxia et situé à Boulogne en région parisienne, ils ont à ce jour stocké plus de 1 000 m2 de draps et tissus usagés qui retrouvent ici une seconde vie dans des produits durables comme des totebags, des trousses de toilettes, des sacs à pain, à vin… mais aussi dans des produits venant se substituer à des biens de consommation jetables tels que cotons démaquillants ou serviettes hygiéniques lavables. Un double levier contribuant d’une part à la réduction des déchets, et d’autre part à remplacer au maximum les micro plastiques qui polluent les océans et dont la production génère du carbone.
Une seconde vie pour les tissus, une seconde chance pour les sans emplois
Si recycler en proposant une alternative au neuf pour préserver les matières premières de la planète était le point de départ, le projet voulait inclure un volet social à sa démarche. Dans la mesure où les activités de collecte et les travaux de couture sont accessibles à tous après une période de formation relativement courte, les offres d’emplois sont destinés en priorité aux personnes éloignées de l’emploi et/ou en situation de handicap. L’objectif est d’augmenter la capacité de l’atelier en employant 5 personnes supplémentaires pour les collectes auprès des hôtels ou des blanchisseries à qui sont confiées la gestion du linge, deux couturières, un responsable d’atelier et un gestionnaire administratif.
Ouvrir un parcours réemploi par la couture
À plus long terme, l’Atelier Solidaire vise à agrandir son local, recycler 3 000m2 de tissu, nouer de nouveaux partenariats avec des blanchisseries ou des merceries pour pérenniser son activité et pouvoir recruter toujours plus de couturières.
Une partie de la production vendue à des entreprises ou partenaires permet de pérenniser l’activité et une autre partie est distribuée aux bénéficiaires d’associations partenaires, notamment celles venant en aide aux femmes isolées : La Maison des femmes, le foyer La Caravelle et l’Amicale du Nid. Des sessions d’initiation à la couture ou de sensibilisation au réemploi sont également proposées aux bénéficiaires de ces associations afin de permettre un espace de création et d’inclusion où ces personnes peuvent développer du lien social et de la confiance en soi.
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