Elles nous font craquer toutes ces poules et cloches en chocolat mais notre gourmandise a un prix et sur le marché très concurrentiel du cacao dont la culture intensive impacte autant l’environnement que les conditions de vie dans les pays producteurs, les négociants mènent la danse. Avant de partir à la chasse aux œufs, intéressons-nous à la filière cacao et traquons les labels certificateurs.
La consommation de chocolat augmente deux fois plus vite que la production de cacao !
Et nous les Français·es sommes de gros consommateurs de chocolat : 6,4 kilos par personne en moyenne par an. Quand bien même nous choisissons un chocolat fabriqué en France, valorisant les savoir-faire et l’artisanat pour les produits de qualité, n’oublions pas que le cacao est une matière première exotique.
La filière cacao en quelques « maux »
Les fèves du cacao sont cultivées dans des milieux tropicaux abritant une biodiversité d’une très grande richesse. Une zone justement nommée « la ceinture du cacao » puisqu’elle englobe les régions équatoriales et tropicales, situées en 400 et 700 mètres d’altitude sur le 20,21 et 22ème parallèle de la planète, du Brésil et de l’Amérique du Sud à la Malaisie en passant par la côte d’Ivoire, le Ghana, le Nigéria et le Cameroun. Sachant que le cacaoyer pousse traditionnellement à l’ombre d’autres arbres dans un riche écosystème tropical, on imagine sans peine que, pour augmenter les rendements, la pression qu’engendre la monoculture sur le milieu est très forte, avec des impacts sur la biodiversité, sur le climat mais aussi sur les hommes.
Citons pêle-mêle la déforestation, l’accaparement de la ressource eau (les plantations de cacao sont très hydrovores : 1kg de fèves de cacao nécessite 20 000 litres d’eau de pluie), l’érosion des sols, la multiplication des maladies et ravageurs, l’exploitation des enfants et le travail forcé, une grande précarité des paysans…
Plus durable, le chocolat sera moins amer…
Oui le cacao, le café et bien d’autres denrées alimentaires non essentielles pour nourrir le monde sont produites dans les pays du Sud et majoritairement consommés par les pays du Nord. Alors que ces pays subissent déjà l’impact du changement climatique avec des épisodes d’inondations, de sécheresses, d’incendies et de famines plus fréquents, la cacaoculture intensive accentue la pression sur la biodiversité et met en danger l’autonomie alimentaire dans ces régions particulièrement vulnérables. De plus en plus montrées du doigt par un ensemble d’ONG, et le retours de porteurs de projets d’agroforesterie que nous soutenons, il semblerait que les multinationales tendent vers davantage de pratiques de conservation mais seule la traçabilité de la filière permet de renseigner où, par qui et comment sont produites les fèves de cacao.
Alors comment choisir ses chocolats de Pâques ?
Commerce équitable et agriculture biologique sont aujourd’hui les deux piliers d’une filière cacao durable. Lors de l’achat de chocolats, que ce soit en période de Pâques pour les œufs, les moulages et les confiseries chocolatées ou le reste de l’année pour les tablettes, les pâtes à tartiner, le chocolat en poudre…deux sortes de labels certificateurs renseignent l’acheteur sur la provenance, la production, la transformation et la composition des produits.
On se tourne vers les labels du commerce équitable
Ils concernent le volet social de la filière. Ces labels assurent une juste rémunération des producteurs et des conditions de travail respectueuses des droits humains. A ceci s’ajoute une prime de développement qui permet aux producteurs ou coopératives certifiés de financer les projets sociaux, économiques ou écologiques de leur choix comme par exemple des infrastructures pour l’éducation et la santé. Mais attention, tous les labels n’ont pas les mêmes exigences.
Vous pouvez trouver plusieurs labels apposés sur vos tablettes ou figurines en chocolat, notamment :
- Le label UTZ (qui a fusionné avec Rainforest Alliance) indique que les produits ont été cultivés en agriculture biologique, mais n’assure pas de prix minimum d’achat donc de la qualité de vie des travailleurs… Il s’agit d’un label dit durable, mais pas de commerce équitable.
- Le label Max Havelaar : si c’est le plus connu des consommateurs, il est critiqué par certaines organisations notamment parce que les fabricants de chocolat seraient autorisés à mélanger du cacao certifié (30% à minima) et non certifié. Aussi, parce que certains produits (notamment issus de la grande distribution) peuvent être certifiés seulement si un de leurs ingrédients est issu du commerce équitable (dans ce cas il est indiqué de quel ingrédient il s’agit).
- Le label Biopartenaire garantit que le produit contient au moins 50% d’ingrédients issus de l’agriculture biologique et le commerce équitable.
- Le label Symbole des Producteurs Paysans est le premier label créé et géré par des producteurs eux-mêmes (contrairement à Max Havelaar qui certifie aussi des coopératives). Cela leur permet notamment de fixer leur propre prix minimum garantis.
Ceci est une liste non exhaustive, vous pouvez retrouver l’ensemble des labels disponibles sur le marché français et leurs cahier des charges sur le site de Commerce Equitable France :
On traque le label AB (Agriculture Biologique) ou Ecocert
Pour compléter celui du commerce équitable, le label AB permet de s’assurer d’acheter un chocolat dont tous les ingrédients sont issus de l’agriculture biologique car n’oublions pas que le chocolat est un produit transformé. De la pâte de cacao incluant de la matière grasse, (pur beurre de cacao dans les produits de qualité), du sucre, des émulsifiants, de l’arôme naturel de vanille. Un chocolat de Pâques d’origine biologique sera cultivé sans ingrédients de synthèse ou chimiques, contrairement à l’industrie du chocolat conventionnelle peu regardante sur les conditions de production et le recours aux pesticides. Quant à la transformation, là où le chocolat bio est le fruit d’un procédé naturel ou artisanal utilisant du sucre de canne ou de coco et de la lécithine de tournesol, les grandes firmes agro-alimentaires ont très souvent encore recours au sucre raffiné, à la lécithine de soja ou à l’huile de palme, aux conséquences néfastes sur l’environnement.
Du bon goût et du bon sens
C’est bien nous consommateurs qui décidons de nos achats. Alors préférez la qualité et aux chocolat bas de gamme (plein de graisses et de sucres). À tous points de vue : pour notre santé, pour les paysans des pays du sud, pour la planète et pour aussi valoriser le savoir-faire et le travail des artisans. Certes, l'excellence a souvent un coût, mais comme toujours et comme pour tous les produits impactant l’environnement, il vaut mieux en manger moins mais mieux.
Court-circuiter la frustration des enfants
Si les enfants sont moins sensibles à la composition du chocolat qu’à son côté festif et son aspect visuel, on peut avec du chocolat de qualité et quelques moules s’initier à un atelier cuisine, tant pis si le bec de la cocotte casse au démoulage, les enfants trouveront bien plus drôles si ce n’est meilleur d’exercer leur talent de pâtissier chocolatier…
Et plutôt que de les emmener dans les grandes surfaces, donnons-leur à rêver devant les sculptures chocolatées des artisans qui rivalisent d’imagination et de talent à cette période, une manière comme une autre de leur expliquer l’importance des matières premières et du travail, et, à l’inverse, ce qui se passe à l’autre bout de la chaîne quand ils mangent du chocolat « bas de gamme ».
Après Pâques, des idées pas si cloches
Les restes du chocolat de Pâques en cuisine
Passé l’effet de surprise, il reste souvent dans un coin des morceaux de moulage, quelques petits œufs et autres restes de fritures, (ceux qu’on aime moins !), alors on les recycle en cuisine. Une fois fondus, s’intègrent parfaitement dans n’importe quelle recette de dessert à base de chocolat : gâteaux, mousses, crèmes, sauce, coulis, indifféremment blanc lait, noir, praliné, c’est le moment d’innover. Une très bonne base de déco aussi pour la pâtisserie.
Une pâte à tartiner maison sans huile de palme
Moins sucrée, avec des ingrédients de qualité ! Une recette simplissime consiste à faire fondre au bain-marie 200 grammes de chocolat avec quelques cubes de beurre (environ 50 grammes), y ajouter hors du feu 100 grammes de purée de noisette (ou autre purée d’oléagineux), et selon le goût plus ou moins 100 grammes de lait concentré sucré ou non sucré. Bien mélanger et conserver au frais dans un bocal.
Bonne dégustation !
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