Davantage qu’une question d’urbanisme, la problématique de l’artificialisation des sols est une invitation à repenser notre rapport aux territoires et à la biodiversité qui les habite. C'est aussi repenser nos modèles d’organisation de l’économie et d’aménagement. Par conséquent, la réduction des consommations d’espaces doit s’ancrer dans la vision plus large d’une transition générale vers des modèles de sobriété, y compris foncière.
Basés sur une notion complexe, récemment redéfinie par la loi “Climat et résilience” et alimentée par des données historiquement disparates, les débats relatifs à l’artificialisation des sols sont souvent difficiles d’accès pour les non-initiés, et occasionnent parfois des confusions. Malgré sa nouvelle définition, la notion d’artificialisation des sols reste prisonnière d’une vision binaire entre sols artificialisés et non artificialisés. Cette dichotomie est notamment entretenue par des outils de suivi qui se concentrent sur la surface des sols, sans les caractériser en profondeur ni mesurer sur le terrain les impacts écologiques effectivement induits. Tous les espaces classés comme artificialisés ne sont pourtant pas égaux du point de vue écologique, de même que les usages des sols considérés comme non artificialisés ne sont pas nécessairement favorables à la biodiversité. La politique de sobriété foncière doit donc se doter d’outils qui permettent de décrire finement les situations, pour être en mesure de réduire les consommations d’espaces tout en favorisant la biodiversité partout sur le territoire.
Au-delà de la présentation des définitions et des impacts, cette contribution propose un portrait synthétique de la répartition des sols artificialisés en France métropolitaine (géographie et usages). On constate notamment que l’artificialisation se concentre prioritairement autour des grandes métropoles urbaines et du littoral, ce qui invite à mener une réflexion approfondie sur les moteurs de l’artificialisation, c’est-à-dire les conditions qui alimentent et favorisent ce phénomène. Cet état des lieux sera donc prolongé par plusieurs publications, qui viseront à éclairer les moteurs principaux de l’artificialisation des sols en France, puis à proposer des pistes pour une politique de sobriété foncière écologiquement efficace et socialement juste.
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