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Mobilité et précarité : quelles solutions ?

Publié le 22 septembre 2015 , mis à jour le 16 novembre 2020

La France s’est engagée dans une transition écologique globale et la nécessité de faire évoluer les pratiques de mobilité est largement partagée dans le débat public. Sans qu’il soit abouti, ce processus est en cours en ville où les enjeux sont bien connus. Dans les territoires périurbains ou ruraux, peu denses mais qui abritent une population croissante et très dépendante de la voiture individuelle, se posent de nouveaux problèmes de précarité. Des français sont contraints à l’immobilité que ce soit par manque de moyens financiers ou par incapacité à se déplacer ; c’est le cas par exemple des personnes âgées qui ne peuvent plus conduire.

Les enjeux

La précarité liée à la mobilité s’accentue, parce que le coût de la mobilité, un budget « contraint » s’accroît, en moyenne 5000 euros par an pour les ménages français. Les 3/4 de cette somme sont consacrés à la mobilité quotidienne de courte distance, soit 3700 euros. Avec des situations disparates.
Les personnes les plus précaires, en situation de pauvreté, isolées sont les premières confrontées à la difficulté de se déplacer lorsqu’elles ne peuvent accéder aux transports en commun ou à des services adaptés à leurs besoins. Pour les ménages ruraux les plus pauvres, la part budgétaire dédiée au carburant est 4 fois supérieure à celle des ménages urbains les plus riches.
Par ailleurs, le vieillissement de la population transforme en profondeur les besoins de mobilité. Quelles réponses concrètes y apporter, notamment en zone périurbaine et rurale ?
Plus largement, c’est l’ensemble des populations dépendantes de la voiture, et particulièrement dans les zones rurales et périurbaines qui sont vulnérables. En cas de hausse du prix des carburants, quel est le risque de voir un nombre important de ménages basculer dans la précarité ?

La précarité mobilité : Illustration d’une réalité trop peu reconnue

Une étude menée sur l’aire urbaine de Lyon montre que 21% des ménages lyonnais étaient en situation de précarité énergétique car ils consacraient plus de 18% de leurs revenus à leur mobilité quotidienne. 70% résidaient en zone périurbaine et rurale, 20 % en banlieue. Un scénario catastrophe qui pourrait s’aggraver pour plusieurs raisons :

  • l’augmentation nécessaire des prix de l’énergie,
  • le manque d’argent pour s’adapter en achetant un véhicule plus performant,
  • le manque d’investissement des collectivités dans les alternatives à la voiture individuelle.

Combien de personnes faut-il soutenir dès maintenant ? Et comment ?

Les chiffres clés

  • La France compte entre 6 et 8 millions de précaires de la mobilité en 2016.
  • Jusqu’à 20 % des adultes en âge de travailler ont du mal à se déplacer.
  • Près d'un quart des Français déclarent avoir déjà renoncé à un travail ou à une formation parce qu'elles ne pouvaient pas s'y rendre (Sondage Elabe 2017). Ce chiffre est de plus de 40% si l’on considère les jeunes uniquement, et de plus de 50% quand on considère les personnes vulnérables.
LES 5 PROPOSITIONS PHARES DE LA FONDATION NICOLAS HULOT
1 - Renforcer les dispositifs de soutien à la mobilité des ménages précaires : tarification et aides spécifiques, garages solidaires...

2 - Aider les ménages modestes à acheter des véhicules plus performants, même d'occasion, en remplacement de vieux véhicules polluants, par le biais de dispositifs incitatifs calculés selon les niveaux de ressources.

3 - Lancer des appels à projets pour stimuler l'expérimentation de nouveaux services à l'échelle des territoires, urbains, périurbains et ruraux.

4 - Favoriser l'intermodalité et l'usage partagé des véhicules par le biais d'infrastructures adaptées : voies dédiées, autoroutes vélo…

5 - Accompagner plus activement les ménages dans une démarche de conduite du changement des pratiques, via par exemple les certificats d’économie d’énergie.

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