Ils ont la vingtaine et revendiquent l’agroécologie paysanne comme la seule voie possible pour mener de front la transition alimentaire, la lutte contre la précarité des agriculteurs, le dérèglement climatique et la perte de biodiversité. Pour former la jeune génération aux enjeux liés aux systèmes alimentaires, Jehanne, Charlie, Hugo et Mahaut se sont constitués en 2022 en une association : « Sillage », le mouvement jeune pour l’agroécologie. Un projet soutenu par notre programme Génération Climat.
Avec Génération Climat, la Fondation accompagne les jeunes vers l’engagement et la création d’initiatives pour le climat et la biodiversité. Depuis 2016, nous avons aidé plus de 1 000 jeunes à concrétiser leur projet !
¼ des agriculteurs vit sous le seuil de pauvreté, 100 000 fermes ont disparu en 10 ans en France et la moitié des agriculteurs seront à la retraite d’ici 10 ans. Qui va les remplacer ? En parallèle, la précarité alimentaire est grandissante (16% des Français ne mangent pas à leur faim), notamment chez les étudiants. Occupant la moitié du territoire français, l’agriculture est en partie responsable de l’effondrement de la biodiversité et émet 20 % des gaz à effet de serre de la France... mais un autre modèle plus respectueux des agriculteurs et de la biodiversité est possible.
Créer des liens entre les jeunes et le monde agricole pour faire découvrir l’agroécologie
Ils et elles ont entre 22 et 26 ans, diplômés en agroécologie ou étudiants en sciences politiques et en communication. Leur envie de ré-agir s’est concrétisée en réponse à la déception générée par les dernières négociations de la Politique Agricole Commune (PAC). Il y a un an et demi, ils ont lancé leur mouvement jeune sur l’agroécologie.
Bien que l’agroécologie et la résilience alimentaire soit un enjeu majeur de la transition écologique, le sujet restait jusqu’alors techniquement peu documenté pour la majorité des mouvements écologistes jeunes et donc peu représenté dans les actions menées par les militants.
Forts de leur convictions, Jehanne, Charlie, Hugo et Mahaut souhaitent aujourd’hui consolider le mouvement et en faire un véritable projet à impact. Leur objectif : fédérer au sein de l’association Sillage des bénévoles qui s’engagent pour les accompagner dans leur action, avec les paysans qui la pratiquent déjà, vers une agriculture respectueuse du vivant.
Pour cela, ils ont bénéficié du soutien de Génération Climat et ont depuis beaucoup appris sur la manière de gérer leur temps, leur budget et leur fougue ! S’ils ont un conseil à donner à des jeunes qui souhaitent se lancer dans un projet c’est celui de bien structurer un projet, de planifier les actions et de se répartir les tâches :
Surtout ne voulez pas tout faire en même temps ! Mieux vaut fixer des échéances atteignables pour ne pas se laisser déborder ; préférer aller à petits pas et tenir dans la durée plutôt que se griller dans le feu de l’action ! Aussi, apprendre à se remettre en question, travailler en équipe c’est aussi savoir gérer les désaccords.
5 projets pour « semer, outiller et transformer » : la méthode Sillage
Un pôle formation
Des sessions de formation adressées à des publics plus ou moins informés sont organisées pour présenter les enjeux et verrous du système agricole et alimentaire français. Plus récemment, grâce à une équipe qui compte une quinzaine de bénévoles de 20 à 27 ans engagés et très actifs, une formation a été créé spécifiquement pour les lycées agricoles.
Un podcast
« Agroécologies en mouvements » traite plus spécifiquement du volet social du sujet agriculture et alimentation, avec 5 épisodes d’interviews, de formats courts sur les luttes paysannes et de lectures. Écouté plus de 1 000 fois depuis son lancement, il est disponible sur plusieurs plateformes de téléchargement. Une deuxième saison du a été créé avec 13 nouveaux épisodes centrés sur des enjeux locaux et sociaux de plus en plus présents dans le paysage médiatique comme l’opposition aux méga bassines à Sainte Soline ou la lutte locale en Bretagne pour conserver les Jardins de la Prévalaye.
Un rapport sur la restauration collective universitaire
Présenté lors d’une table ronde au Salon de l’agriculture 2023, ce rapport dresse une liste de recommandations à destination des pouvoirs publics en cohérence avec le respect des objectifs de la loi Egalim. S’approvisionner en produits durables et végétaliser les repas servis sur les campus est l’un des deux grandes mesures qui visent autant à transformer la restauration collective, qu’à lutter contre la précarité alimentaire des étudiants.
Des outils pédagogiques
Une planche bd ou encore un jeu (agrochallenge créé par la RED), ont été créé par pour décrypter les enjeux en lien avec l’alimentation durable.
Un site internet
En cours de construction et financé avec le soutien de Génération Climat, il deviendra le support principal pour diffuser un maximum de savoirs, de contenus, ainsi que toutes les informations relatives aux activités de l’association. A cela s’ajoute une volonté de renforcer la présence de Sillage sur les réseaux, lui permettant d’être réactif sur les sujets touchant à l’agroécologie, ses enjeux sociaux, le métier d’agriculteur, l’alimentation et son accessibilité pour tous.
Des actions pour creuser son sillon et s’ancrer sur les territoires
Sillage organise des visites de fermes chez des agriculteurs partenaires en régions (autour de Paris, Marseille, Avignon) et part à la rencontre d’autres associations et acteurs de la transformation du système alimentaire, dans l’objectif de collaborer pour renforcer la dynamique mobilisatrice jeune : « Il s’agit de développer et entretenir un réseau de fermes et d’acteurs partenaires sur le terrain et d’élargir l’audience à des publics, au départ, moins sensibilisés à ces problématiques ».
Prochain chantier : renforcer la structure humaine de Sillage et renforcer leur déploiement en région
Cette année, l’ambition est de donner à la quarantaine de bénévoles les compétences nécessaires pour assumer leurs missions d’éducation populaire sur les enjeux agricoles et alimentaires.
Pour renforcer le déploiement de l’association Sillage va organiser des temps de cohésion avec et entre les bénévoles qui renforceront le sentiment d’adhésion et seront l’occasion de produire de nouveaux propres outils pédagogiques. D’autres mesures comme défrayer les déplacements des bénévoles sont planifiées pour permettre à chacun de mener à bien sa mission et, on l’espère, embarquer un maximum de jeunes futurs « agroécoculteurs » dans leur sillage !
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