A Saint Sauveur de Cruzières, l’association ardéchoise Victoria Per Cor organise des ateliers coopératifs pour partager des activités de jardinage en permaculture, bricolage, cuisine et se reconnecter à la nature. C’est cette approche qui lie protection de l’environnement avec esprit d’équipe, entraide et solidarité, qui motive Anceline et Clarant, membres de l’association, à y développer une forêt jardin, un écosystème idéal pour produire des aliments durablement et un parfait abri pour la biodiversité. Un projet soutenu par notre dispositif Génération Climat.
Avec Génération Climat, la Fondation accompagne les jeunes vers l’engagement et la création d’initiatives pour le climat et la biodiversité en leur proposant des ressources pour comprendre et un soutien financier pour agir. Depuis 2016, nous avons aidé plus de 1 000 jeunes à concrétiser leur projet, pourquoi pas vous ? Déposez votre dossier jusqu'au 2 octobre 2023 pour opter à un soutien financier.
Pourquoi planter une forêt comestible en plein champs ?
C’est l’un des grands défis de notre temps : comment nous nourrir tout en préservant la planète et garantir l’avenir des agriculteurs ? Convaincus que la réponse se trouve dans l’agroécologie, Anceline, 22 ans, et Clarant 25 ans, ont lancé des recherches tous azimuts pour monter leur projet de forêt nourricière. Le lieu : un espace de 2000m2 à 1ha, attenant à la micro ferme de l’association Victoria per cor, dont ils sont bénévoles.
Le but d’une forêt jardin comestible ou forêt nourricière est d’optimiser l’espace à planter en conjuguant densité et diversité végétale : arbres, fruitiers, arbustes, buissons de baies (au moins 3,4 essences différentes par m2), associées à une végétation plus basse, plantes herbacées, puis couvre sol, racines, grimpantes, légumes, fruits, aromatiques…
Dans la forêt jardin, l’arbre est la clé de voute de l’écosystème. Ils apportent de l’ombre, gardent une certaine fraîcheur au sol tout en laissant filtrer la lumière, ils amendent le sol grâce à la décomposition de leurs feuilles, de bois mort en matières organiques. Ils offrent également un habitat de choix pour la faune et hébergent une myriade de micro-organismes moins visibles mais non moins indispensables au maintien de l’équilibre du milieu.
Ainsi, planter des forêts nourricières fait indubitablement partie des solutions pour produire des aliments, tout en préservant la planète et en développant une résilience face au dérèglement climatique. En effet, elles :
- séquestrent des gaz à effet de serre dans la biomasse du sol.
- sont des excellents lieux de stockage de l’eau, évitant ainsi les inondations et l’érosion du sol.
- procurent une multitude d’habitats pour de nombreuses espèces d’insectes et d’animaux utiles, comme les pollinisateurs.
- permettent de reconnecter l’humain à la nature.
Comment passer de l’idée à un projet réussi ?
C’est en portant cet espoir d’aller vers des modèles de production alimentaire soutenables et résilients, qu’Anceline et Clarant sont parvenus à faire valider leur idée. « On a commencé par se documenter à fond pour ne pas juste se contenter d’exposer un concept. Il fallait démontrer l’utilité des solutions envisagées, avant de postuler à une aide financière ».
« Procéder étape par étape nous a permis d’enclencher un processus vertueux : rencontres, soutien d’un réseau et demande d’aide financière ; c’est en décomposant l’ensemble de la démarche que l’on a fini par trouver des interlocuteurs et des partenaires. Exposer son projet, être écouté et accompagné c’est aussi intégrer une communauté, rejoindre un écosystème où les idées et les projets des uns et des autres se nourrissent mutuellement. Avoir le sentiment d’agir collectivement est motivant, cela renforce ses convictions et permet de ne pas s’arrêter ! »
Après avoir dessiné des plans de la forêt, un calendrier a été élaboré et les premiers chantiers se sont tenus entre janvier et novembre 2022. Pour les réaliser, l’association Terre et Humanisme leur a apporté un soutien humain. Lors des journées portes ouvertes, enfants, adultes ou seniors venant visiter la micro ferme Victoria per cor y découvrent le concept de la forêt jardin et certains décident de venir donner un coup de main (ou de pelle). Récemment 4 ruches ont été installées et 11 nichoirs ont été construits avec des enfants.
Planter et faire fructifier la forêt nourricière : une école de la vie
Par définition, planter des arbres relève d’une vision à long terme, on ne plante pas pour soi mais pour les générations à venir. « C’est pour cette raison que nous tenons à en faire un projet inclusif, appelant nos adhérents, les bénévoles et les enfants de notre association partenaire l’École Buissonnière, tout comme ceux des deux écoles élémentaires de la commune de St Sauveur qui nous soutiennent, à s’associer le plus concrètement possible aux sessions de préparation du sol, aux plantations et bien sûr au suivi de l’action ».
L’aspect pédagogique de la participation est particulièrement important pour Anceline qui suit des études pour devenir professeur. « Il éveille les consciences autant qu’il sensibilise à l’urgence d’agir tout en restant optimiste. La forêt nourricière est un projet enthousiasmant puisqu’il bénéficie à tous. Gratuité alimentaire, abondance, meilleure qualité de vie, la foret jardin permet d’entretenir une relation vivante avec la nature ».
Des débuts prometteurs pour Anceline et Clarant
« Nous avons procédé à une première (modeste) récolte des plantes potagères : artichauts, choux, brocolis, blettes, et quelques fruits. Pour la suite, nous allons planter des noyaux d’arbres fruitiers en semis direct plutôt que repiquer des plants poussés sous serre. Seront aussi coupées et laissées au sol certaines formes de végétations prévues à cet effet afin d’enrichir les sols et garder l’humidité (engrais verts)… Nous espérons également étendre à deux hectares la superficie de la forêt jardin et laisser au maximum faire la nature ».
Cet émerveillement sans cesse renouvelé qu’ils entretiennent grâce à leur engagement quotidien, Anceline et Clarant souhaitent qu’il inspire d’autres projets de forêts nourricières chez leurs adhérents, (que chacun peut créer chez soi sur une petite parcelle) mais aussi auprès des collectivités du territoire sur des espaces publics.
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