Le 12 décembre 2015, Paris a vécu un moment historique et planétaire. Après plus de 20 ans de discussions et un échec retentissant à Copenhague, ce sont 195 pays qui se sont engagés sur le long terme à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, afin d'éviter que le réchauffement climatique dépasse 2°C. Au-delà de l’accord lui-même, cette COP s’est distinguée par une mobilisation citoyenne sans précédent et plus généralement, de l’ensemble de la société civile.
L'essentiel
Les 10 points de cet accord à retenir
selon la Fondation Nicolas Hulot
1. À défaut d’être miraculeux, l’accord de Paris ouvre le champ d’un avenir vertueux, mais tout reste à construire !
Personne ne s’attendait à un miracle, mais ce sommet marque bel et bien un début. Il ouvre la voix au changement et souligne l’importance de bâtir des outils communs et de mobiliser toutes les composantes de la société. Le métier à tisser est installé et mis en route... Reste désormais à garder le rythme, pour façonner les motifs de la transition énergétique point après point. Les citoyens quant à eux, doivent aussi maintenir la pression et pour les y aider, la Fondation Nicolas Hulot s’engage à poursuivre son rôle de fil conducteur…
2. 195 pays s’accordent pour lutter contre le réchauffement climatique
L’accord de Paris pour le climat représente une immense avancée car il incarne le premier texte juridique universel obligeant les 195 nations plus l’Union Européenne, et pas uniquement les pays riches, à lutter contre le réchauffement climatique ! Espérons qu’il y ait un avant et un après COP21, mais surtout que l’Histoire retienne l’accord de Paris comme étant l’entrée dans une nouvelle ère, l’ère des prémisses de la fin des énergies fossiles.
3. Des contraintes adaptées aux différents niveaux de développement et de responsabilités des Etats
Le principe de « responsabilités communes mais différenciées » stipulé dans la Convention cadre des nations unies sur les changements climatiques de 1992 a été rappelé. Les actions accomplies doivent l’être « sur la base de l’équité ». Ainsi, les pays en développement poursuivront leurs efforts d’atténuation en fonction de leur contexte nationaux et les nations développées devront leur apporter leur soutien, tout en jouant un rôle moteur dans la réduction des émissions mondiales.
4. Une ambition forte assumée : rester largement sous la barre des 2°C
Contenir le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels a été unanimement admis. Il faut aussi saluer la volonté affichée de poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5°C, sachant que cela réduirait significativement les risques et les impacts du changement climatique. C’est une victoire politique et symbolique, mais indéniablement une victoire, en particulier pour les petits Etats insulaires menacés par les eaux. De plus, les Etats ont reconnu qu’aux vues des engagements pris, le niveau des émissions mondiales de gaz à effet de serre atteindra les 55 Gigatonnes en 2030, alors qu’il faudrait qu’il ne dépasse pas les 40 Gigatonnes pour contenir la hausse des températures à 2°C. Reste à savoir comment chacun compte combler cet écart ?
5. Un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) regrettablement flou
Le GIEC[1] a démontré que les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront diminuer de 40 à 70% d’ici à 2050 par rapport à 2010, pour rester sous la barre des 2°C (et de 70 à 90% pour atteindre l’objectif de 1,5°C). Pourtant, aucun objectif chiffré n’est clairement établi à long terme dans l’accord. Le seul but formellement inscrit dans le texte, consiste à rechercher l’équilibre entre les émissions liées aux activités humaines et leur absorption par les puits de carbone (forêts, océans, voire potentiel enfouissement…). Le but étant d’atteindre la « neutralité carbone » dans la 2ème moitié du XXIe siècle, une notion floue qui devra être défini. Pour ne pas dépasser les 2°C voire les 1,5°C il faudra ne plus utiliser les énergies fossiles et donc aller vers une consommation d’énergie 100% renouvelables.
6. Un cycle de révision des engagements nationaux qui arrive un peu tard
Il est rappelé que chaque Etats doit soumettre sa contribution nationale (INDC) contenant ses engagements détaillés et vérifiables de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. A ce jour, 187 pays[2] ont déjà présenté la leur. Chaque INDC devra être revue impérativement à la hausse, tous les 5 ans à partir de 2025. Pour parvenir aux objectifs fixés par l’accord, il faudra avancer la première date de révision, étant donné que les contributions actuelles mèneraient à une hausse des températures de 3°C. A noter que François Hollande a annoncé que la France ainsi allait rehausser sa contribution avant 2020.
7. Confirmation d'un engagement financier pour accompagner les pays en développement
Les pays du Nord s’engagent à mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour aider les nations les plus pauvres à financer leurs plans d’actions et mesures pour lutter contre le réchauffement climatique. Cette somme « plancher » devra être revue à la hausse en 2025. Néanmoins, la nature de ces financements a été largement critiquée par les pays en développement et une nouvelle méthode devra être définie. Les pays en développement plus prospères peuvent, s’ils le souhaitent apporter des financements complémentaires. La Chine par exemple, a déjà promis la somme de 3 milliards.
8. Les pertes et dommages enfin pris en compte
L’accord reconnaît la fragilité de certains pays face au dérèglement climatique et enjoint « d’éviter et de réduire au minimum les pertes et dommages associés aux effets négatif du changement climatique (…) et d’y remédier », notamment en matière de soutien financier et pour une meilleure gestion des déplacés climatiques. Le bémol reste que toute idée de« responsabilité ou compensation » des pays du Nord pour les préjudices subis par les pays en développement est exclu !
9. Absence d'une référence claire au prix au carbone
Certes, le prix du carbone ne figure pas dans l’accord mondial sur le climat. En revanche, le fait qu’il stipule clairement « combien il importe de fournir des incitations aux activités de réduction des émissions, s’agissant notamment d’outils tels que les politiques nationales et la tarification du carbone »[3] s’avère positif. C’est une invitation à poursuivre dans cette voie, surtout que plus de 1.000 entreprises et investisseurs soutiennent déjà la mise en place d’un prix du carbone[4]. De plus, en marge de l’accord de Paris, le Président Hollande a lancé la «Coalition des leaders pour une tarification carbone», le 30 novembre 2015. Elle regroupe plusieurs Chefs d'Etat, la Banque mondiale, le FMI, des collectivités locales et des chefs d'entreprise du monde entier. Des pays soucieux d’accélérer la mise en place d’un prix du carbone et d’élaborer leur propre politique au niveau national, tendent également à la rejoindre.
10. Une transparence renforcée
L’accord de Paris renforce la transparence et incite à une meilleure coopération entre les Etats. En effet, chaque partie signataire, à l’exception des pays les moins avancés (PMA) et des pays insulaire en développement, sera tenue de publier tous les deux ans un rapport détaillant ses émissions de GES. Par ailleurs, toutes devront fournir les éléments nécessaires à un suivi des avancés des contributions nationales. Des bilans mondiaux seront organisés régulièrement, le premier aura lieu en 2023. Enfin les Etats du Nord doivent fournir le détail des financements qu’ils allouent aux pays du sud en précisant ceux attribués à l’atténuation et à l’adaptation.
En prime de l’accord de Paris…
Le renforcement du Lima Paris Action Agenda (LPAA)
C’est la France, le Pérou et les Nations Unies qui l’ont lancé lors de la précédente COP, à Lima en 2014. Il compte aujourd’hui, 75 initiatives coopératives et internationales qui engagent des Etats, mais aussi des entreprises, des ONG, des collectivités territoriales, des investisseurs… autour d’un objectif unique : réduire les gaz à effet de serre et préserver les ressources naturelles.
Les collectivités territoriales en première ligne pour lutter contre le réchauffement climatique
A Paris, 700 maires se sont engagés à réduire de 3,7 GTeqCO2 les émissions de leur ville (cela représente un peu moins de 10% des émissions mondiales) avec pour objectif, 100 % d’énergies renouvelables (ENR) en 2050. Les zones urbaines représentent près de 50% des émissions de GES mondiales.
La création de l’Alliance solaire internationale
Preuve que la COP21 est bien un tournant dans l’Histoire, 55 ans après la création de l’OPEP (Organisations des pays producteurs de pétrole) : 120 pays se sont réunis dans une alliance des pays riches en énergie solaire. Cette union consiste en un partenariat public-privé visant à accélérer le développement des énergies solaires, particulièrement dans les pays du sud.
Un nouveau terme dans le vocabulaire de l’ONU : la justice climatique
La signature de l’accord de Paris scelle la reconnaissance d’une « justice climatique ». Les pays du Nord et du Sud entérinent leurs « responsabilités communes mais différenciées » dans le changement climatique, ainsi que leurs « capacités respectives » mais inégales à l’endiguer. Désormais, la prise de conscience est incontestable et surtout, renforcée par le constat unanime des scientifiques.
COP21 : Les avancées du texte d'accord semaine 1
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Sources
[1] Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
[2] Au 12 décembre 2015, 186 contributions nationales (INDC) ont été déposées au cours de l’année.
[3] Alinéa 137 de la décision / CP 21
[4] Etude de l’organisation New Climate Energy
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