Le sujet des pesticides est au cœur de l’actualité : vote de l’interdiction de tous les pesticides néonicotinoïdes en 2020, autorisation européenne du glyphosate, protection des riverains... Pas une semaine sans que ce sujet fasse l’objet de débat. Enjeu environnemental, sanitaire et économique … peut-on vraiment faire avec moins ou sans pesticides ? Comment faire pour réduire leur utilisation ? La Fondation Nicolas Hulot met tout en œuvre pour à la fois proposer une réduction de ces substances et montrer que se passer de leur usage est possible !
L’alternative c’est l’agroécologie !
Depuis 60 ans, l’agriculture s’est largement appuyée sur les intrants de synthèse (engrais et pesticides) afin d’augmenter les rendements. Le succès a été au rendez-vous mais les impacts écologiques de ces nouvelles pratiques n’ont été mis en évidence que bien plus tard. Depuis les premiers soupçons sur les impacts sanitaires et environnementaux des pesticides, les études se multiplient pour pointer leur dangerosité… jusqu’aux prises de positions de l’OMS ou encore de l’EFSA sur certains produits ou encore les interdictions de certains pays voire de l’Union Européenne de certains produits et usages. Les pouvoirs publics commencent donc à prendre conscience de l’ampleur des dégâts mais beaucoup reste à faire tant au niveau national qu’européen.
Mais comment faire avec moins de chimie voire sans chimie ? Le meilleur exemple reste l’agriculture biologique qui n’utilise pas d’engrais ni de pesticides de synthèse. En France, son développement actuel (près de 5% de la surface agricole française est en bio, chaque jour en 2017 on compte 21 fermes bio supplémentaires) montre que non seulement cette agriculture est écologiquement intéressante mais en plus économiquement et socialement enviable.
Au-delà de l’agriculture biologique, il est possible pour les agriculteurs de réduire fortement l’usage des pesticides. Les fermes du réseau DEPHY (réseau de Démonstration, d’Expérimentation et de Production de références du plan Ecophyto) le prouvent. Comme pour l’agriculture biologique, le secret – qui n’en est plus un – est le retour à l’agronomie : rotation des cultures, variétés adaptées, décaler les semis, bio-contrôle, rétablissement des haies et autres infrastructures agro-écologiques… C’est une modification des pratiques et de l’organisation même du système agricole qui est en jeu. Pas simple mais tout à fait réalisable à moyen terme si les pouvoirs publics le soutiennent et l’encouragent.
Des exemples d’alternatives
Mi-mars, le débat et le vote par les députés de l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes en 2018 avec dérogation puis en 2020 pour tous sans exceptions. Ce débat a relancé cette question des alternatives. Certains avaient mis en avant le fait qu'une telle interdiction serait compensée par l’utilisation d’alternatives chimiques plus nocives encore (d’autres pesticides). Si cette option est possible, elle n’est bien entendu pas souhaitable et encore moins à favoriser… Les alternatives dont parlent les associations, les apiculteurs et les agriculteurs déjà engagés dans ces démarches sont bien des pratiques n’ayant pas recours à la chimie de synthèse !
Par exemple, le maïs est une culture pour laquelle sont utilisées les semences enrobées de substances néonicotinoïdes afin de lutter contre un insecte : le taupin. Celui-ci mange les graines semées et qui n’ont pas encore levé, causant donc des pertes.
Afin de lutter contre le taupin, non pas a priori (c’est à dire sans savoir s’il est bien présent ou non dans la parcelle) mais sur la base d’observations de sa présence, plusieurs pratiques sont aujourd’hui mises en évidence : l’allongement de la rotation et la place du maïs dans la rotation, décaler la date du semis, utiliser le bio-contrôle (champignons ou nématodes), substances répulsives ou attractives (appâts)… Face à un problème, l’agroécologie ne propose pas une solution unique mais une convergence de pratiques afin de réduire la pression des ravageurs… sans mettre à mal l’environnement.
La France peut continuer à être en pointe
La France va interdire les pesticides néonicotinoïdes. C’est une victoire pour les abeilles, l’environnement en général… et pour notre santé !
L’usage d’autres produits est également discuté actuellement, notamment le glyphosate (le fameux Round Up). La loi pour la transition énergétique a adopté l’interdiction de la vente en libre service pour les particuliers à partir du 1er janvier 2017 et l’interdiction de l’ensemble de l’usage des pesticides aux particuliers en 2019.
Malgré ces prises de conscience, de nombreux blocages restent encore à lever pour amocrer une réduction significative de ces substances. Rappelons que le plan Ecophyto en vigueur depuis 2008 n’a pas permis de réduire leur usage… il a même augmenté de près de 10% ces dernières années…
La France peut poursuivre son engagement en faveur d’une agriculture moins dépendante des pesticides et meilleure pour la santé et l’environnement en :
- Promouvant et soutenant les solutions alternatives issues de l’agroécologie et l’agriculture biologique par des financements fléchés (PAC, plan Bio, Ecophyto)
- Maintenant sa position concernant l’interdiction du glyphosate au niveau européen
- Séparant le conseil et la vente des pesticides, activités encore liées au sein des entreprises et coopératives, incitant de fait à la consommation
- Interdisant des pesticides les plus dangereux pour l’environnement et la santé
- Protégeant les riverains qui subissent l’épandage de ces produits en instaurant des zones de protection
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