Sentiment d’impuissance, effets du changement climatique, envie de déménager, freins à l’action mais aussi motivations à agir, podium des régions les plus soucieuses du climat et de la biodiversité ou encore regard porté sur l’action des décideurs politiques… Aux premiers jours de l’été, notre Fondation fait le point sur « l’humeur écologique » des Français.es à travers la première édition de son baromètre réalisé en collaboration avec l'institut ODOXA, du 16 au 24 mai 2023, auprès d’un échantillon représentatif de 3000 personnes.
« Ce vaste sondage montre que nous avons franchi une étape essentielle : le changement climatique n’est plus une projection abstraite mais une réalité tangible pour une grande majorité de Français. Cela veut dire que l’heure ne doit plus être à sonner l’alerte, mais au contraire à donner des solutions : tout le monde voit que la maison brûle. Il ne sert plus à rien de crier au feu, il faut éteindre l’incendie. C’est cela qui permettra de sortir du sentiment d’impuissance, qui est un frein terrible à l’action. Avec la Fondation, c’est bien cette vision plus constructive que nous défendons : être au plus près des solutions et tournés vers les gens pour leur donner les moyens d’agir et les raisons d’espérer. »
Président du Conseil scientifique de la Fondation
7 Français.es sur 10 ressentent les effets du changement climatique au quotidien
Le changement climatique n’est plus un problème « théorique ». C’est une réalité à laquelle les Français doivent faire face : aujourd’hui 71% d’entre eux disent ressentir le dérèglement du climat dans leur quotidien, avec un pourcentage encore plus élevé chez les jeunes de moins de 35 ans (77%).
Dans aucune région, on ne se sent épargné, y compris dans les régions où le climat est plus frais (69% dans les Hauts-de-France, 67% dans le Grand-Est) ; exception faite pour les Normands qui se sentent un peu moins touchés que les autres (52%). C’est en Provence Alpes-Côte d’Azur que l’on trouve logiquement la proportion la plus importante de Français qui ressentent les effets du changement climatique dans leur quotidien (77%).
4 Français.es sur 10 pensent à déménager
La première nuisance qu’ils souhaitent fuir ? La pollution (34%). Viennent ensuite à égalité (26%.) : la volonté de changer de lieu d’habitation pour vivre dans une zone moins sujette au manque d’eau ou moins dangereuse (risques liés au climat comme les incendies ou les inondations). Ces deux raisons sont citées chacune à 26%.
A part la Bretagne et le Centre Val-de-Loire, aucune région n’est vraiment dispensée de cette envie d’ailleurs. L’Ile-de-France arrive systématiquement en tête sur les trois « motivations » : la pollution (48% versus 34% en moyenne), la sécheresse (32% à égalité avec PACA) et les dangers climatiques (34% contre 26% en moyenne).
Leur état d'esprit en ce début d'été ? Impuissance et anxiété, deux sentiments plus accentués chez les femmes....
A 35%, le sentiment dominant est l’impuissance (36% chez les femmes vs 33% chez les hommes), devant, pour 30% des Français le fait d’être « anxieux » (34% des femmes vs 25% des hommes), puis en colère (15%).
L’optimisme arrive en bas du classement avec seulement 9% des répondants. Notons que les femmes sont deux fois moins optimistes que les hommes ! A contrario, les jeunes âgés de moins de 25 ans sont plus optimistes que tous les autres (14%).
Sans que les différences soient très importantes, on se sent tout de même plus impuissants en Auvergne-Rhône-Alpes et en Occitanie (38%) et plus optimistes qu’ailleurs en Bourgogne Franche-Comté (15%).
Les Français.es restent malgré tout très actifs !
77% des Français disent avoir modifié leurs habitudes de vie ces dernières années afin de préserver la biodiversité et le climat, avec un taux de réponses plus importants chez les femmes (81% versus les hommes 73%).
Dans le TOP 3 des actions déjà mises en place par les Français :
- Ne plus prendre l’avion qu’en cas de nécessité absolue (58%), mais il faut rappeler que seulement 11% des Français sont amenés à prendre l’avion plusieurs fois par an.
- Acheter majoritairement des produits « made in France » (56%).
- Réduire de moitié leur consommation de viande et de poisson (52%).
Et pour aller plus loin ? Les Français se disent prêts à :
- Participer à des chantiers de plantations pour remettre de la nature dans leur commune (39%).
- Investir l’essentiel de leur épargne dans des produits durables (34%).
Notons également que les champions de la consommation des produits locaux/bio (actes et intentions) se trouvent dans les Pays de la Loire (80%), le Centre Val de Loire (79%) et le Grand-Est (78%).
L'argent principal frein à l'action mais aussi condition pour en faire davantage...
52% des Français ont le sentiment de ne pas avoir les moyens financiers pour agir à leur niveau. Et quand on les interroge sur les conditions à réunir pour qu’ils acceptent d’en faire davantage, arrivent en première position : « que les efforts soient mieux répartis entre tous les membres de la société » (45%), suivi par « que ça n’ait pas d’impact économique sur vous et votre foyer » (37%). Les deux tiers des Français ont cité au moins une de ces deux raisons. Tous les axes qui permettront d’agir sans peser sur le pouvoir d’achat convaincront donc beaucoup plus facilement les Français.
Il y a également des barrières psychologiques à lever : 37% des Français disent « ne pas souhaiter se priver de certains plaisirs » ou « en ont assez des « diktats écolos ». Enfin un quart d’entre eux doivent encore être « réveillés » ou « éveillés » : 24% disent « ne pas savoir comment s’y prendre » ou « ne pas y penser ».
Et l'action des régions... qu'en pensent leurs habitants ?
Les Français se montrent généralement positifs sur l’action de leur région (59%). La végétalisation des espaces publics est en particulier saluée par 61% des Français ; c’est également l’action qui rend le ou la plus fier de sa région (31% de citations). Arrivent ensuite le soutien à l’agriculture locale respectueuse de l’environnement et du climat (58%) et l’offre en transports collectifs ou durables (57%).
En revanche, les Français sont 64% à juger que l’on n’interdit pas suffisamment les nouvelles grandes zones commerciales en périphérie des villes et 52% à trouver que leur région n’en fait pas assez pour rénover les anciens bâtiments.
Et sur le podium des régions considérées par leurs habitants comme « plus soucieuses qu’ailleurs de la protection de la biodiversité et du climat » ? La Bretagne monte sur la première marche. Ses habitants le disent beaucoup plus qu’ailleurs (77% pour une moyenne de 59%). Au contraire, l’Ile-de France se retrouve en bas du classement (46%).
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