La bio a le vent en poupe !
Quel secteur économique peut se targuer d’une croissance continue ces dix dernières années, d’un véritable engouement des consommateurs et d’un soutien constant des citoyens ?
Sous l’effet des crises systémiques frappant le milieu agricole, l’agriculture biologique connaît un succès qui ne se dément pas. Chaque jour, ce sont 21 fermes qui se sont converties à la bio en 2016. Entre 2001 et 2016, le nombre de fermes produisant une alimentation biologique a triplé, passant de 10 364 à 32 264 ! Et les dernières crises agricoles ont encore amplifié ce mouvement de fond. Les surfaces en bio ont cru de 16 % en 2016 en France.
Vents contraires…
Alors que les agriculteurs biologiques ne reçoivent que 2% des aides PAC (soit 160 millions sur 7,4 milliards) et que le secteur requiert davantage de financement, le Gouvernement a fait le choix de sous-financer l’agriculture bio ! La FNSEA et les coopératives agricoles se sont exprimées contre ce transfert en faveur bio. Pour eux, c’est le marché qui doit soutenir la bio et non les aides de la Politique Agricole Commune (PAC).
Cette décision est un non sens pour cette filière en pleine croissance.
Cette décision est incompréhensible pour les citoyens, qui ont désormais bien conscience des avantages de ce mode de production. Bio, c’est meilleur pour le bien-être des paysans eux-mêmes et pour la rentabilité de leur ferme, pour la santé des consommateurs ensuite ; et surtout pour l’eau, l’air, les sols ainsi que la faune et la flore. Ces dernières ne sont plus perçues comme des « nuisibles » et autres « mauvaises herbes » à éradiquer mais comme des partenaires sur lesquels construire une nouvelle relation au vivant. Plus résiliente, intensive en emplois locaux et non délocalisables, plus rentable économiquement, capable de réduire l'impact agricole sur le climat, la bio est une solution d’avenir qui fait déjà ses preuves.
La Fondation pour la Nature et l'Homme déplore une telle décision. Elle l’a exprimé à travers une tribune cosignée avec plus d’une trentaine d’organisations agricoles dans Kaizen.
Ces choix sont paradoxaux : L’Etat continue de soutenir une agriculture industrialisée et dans le même temps ouvre les Etats généraux de l’alimentation, pour faire évoluer un système en crise.
Nouveau souffle ?
Les agriculteurs bio, soutenus par les ONG, ont réussi à faire entendre leur mécontentement.
Le Gouvernement pourrait redonner d’une main ce qu’il a pris de l’autre, en garantissant de nouveaux fonds pour la bio l’issue des Etats Généraux de l’Alimentation, vaste consultation des acteurs de l’alimentation pour envisager collectivement l’avenir.
Nicolas Hulot a assuré de son soutien : «Dans un premier temps, Stéphane Travert a fait en sorte que ce basculement [des aides] profite à d’autres agricultures, comme celle de montagne. Moi, j’ai personnellement à cœur que l’agriculture bio soit beaucoup mieux dotée. Rendez-vous aux Etats généraux. Je veux rassurer ceux qui s’inquiètent : c’est une de mes priorités.»
Cette aide de soutien aux agriculteurs biologiques est fondamentale, car elle les rémunère pour les services environnementaux qu’ils rendent à la société (non pollution de l’air et de l’eau, protection de la santé et la biodiversité, etc.). Le Président de la République s’est engagé dans sa campagne à soutenir les Services environnementaux à hauteur de 200 millions d’euros. C’est exactement ce qu’il manque aujourd’hui !
Nous acceptons donc le RDV aux Etats Généraux pour redonner du souffle au bio et tracer le nouveau chemin de la PAC de 2020, pour soutenir les agriculteurs en fonction des services qu’ils rendent à la société et non en fonction de la taille des exploitations.
La PAC, c’est 9 Milliards d’euros par an pour la France. Une opportunité pour choisir l’agriculture et l’alimentation que l’on souhaite.
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