A l’issue des élections législatives de juin 2022, Emmanuel Macron et son nouveau gouvernement disposeront de 30 mois pour changer de cap climatique. Pour changer de méthode, la FNH présente 4 conditions. Pour élever l’ambition, elle liste 7 chantiers prioritaires.
Le précédent quinquennat a été caractérisé par des crises brutales aux conséquences profondes pour nos sociétés. Il est aussi marqué du sceau de l’insuffisance, du point de vue écologique et solidaire. Un quinquennat insuffisant pour le climat puisque l’État a été condamné par la justice pour son inaction ; insuffisant pour la biodiversité, grande absente des politiques publiques ; insuffisant pour réduire les inégalités et protéger durablement les Françaises et les Français des bouleversements en cours. Pour inverser la tendance, le prochain gouvernement devra agir en tout point différemment de ces 5 dernières années.
2 mots d’ordre pour changer de méthode : organiser et associer
Pour que la nomination annoncée d’un premier ministre en charge de la planification écologique ne reste pas qu’un symbole, la FNH identifie 4 conditions :
- Une feuille de mission publique qui rappelle les grands objectifs climatiques, écologiques et de réduction d’inégalités sociales dans lesquels s’inscrira l’action du gouvernement, notamment pour sortir la France de l’illégalité climatique.
- Un suivi de la politique gouvernementale par des indicateurs publics robustes, disponibles et actualisés (1) sur les impacts des politiques publiques ; un rôle renforcé du Haut Conseil pour le Climat et du Parlement
- Un financement massif et durable : sortir des investissements court terme, les massifier, les pérenniser, les sanctuariser et se donner les marges de manœuvre au niveau européen avec un engagement de la France pour une réforme des règles budgétaires UE ;
- Redonner une place et un rôle au dialogue social : il est désormais crucial de travailler au quotidien avec les corps intermédiaires, les acteurs sociaux et économiques : espaces de concertation et de négociation, travail sur des scénarios, débat public.
Amandine Lebreton, Directrice du plaidoyer, soulève également un risque :
« La biodiversité a déjà été la grande perdante du premier quinquennat. La structure annoncée du prochain gouvernement — centrée sur l’énergie et le pouvoir d’achat — ne doit pas pousser à mettre encore de côté ce défi ô combien central pour notre avenir. »
7 chantiers pour relever l’ambition
- Lancer un grand plan national pour faire des mobilités durables une solution pour réduire la précarité.
- Accompagner massivement les agriculteurs à sortir de leur dépendance aux pesticides.
- Donner accès à toutes et tous à une alimentation saine, durable et choisie.
- Mettre le commerce au service de la transition écologique et solidaire.
- S’engager concrètement pour lutter contre l’artificialisation des sols.
- Développer massivement les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique des logements.
- Changer les règles budgétaires européennes pour financer massivement la transition.
A court terme, le nouveau gouvernement doit saisir chaque opportunité pour appuyer sur l’accélérateur, notamment la présidence française de l’UE sur les mesures miroirs et les règles budgétaires européennes, la révision de sa déclinaison de la PAC (Plan Stratégique National - PSN) comme le lui demande la Commission européenne ou encore le projet de loi de finance pour investir dans la transition.
Selon le dernier rapport du GIEC, les émissions globales de GES doivent atteindre leur pic avant 2025 pour se conformer à une trajectoire pouvant limiter le réchauffement climatique à +1,5° C (2). La limitation du réchauffement climatique à +1,5° C au niveau mondial, et non pas +2° C, est pourtant cruciale pour tenter d’éviter des basculements susceptibles de provoquer une situation climatique hors de contrôle, telle que la disparition de la banquise arctique (3).
Il est donc indispensable d’accélérer massivement le rythme de réduction des émissions de GES, chaque dixième de degré ayant une importance vitale pour les sociétés humaines et les écosystèmes. Nous vivons trois années clés. A l’issue des élections législatives de juin 2022, Emmanuel Macron et son nouveau gouvernement disposeront de 30 mois jusqu’à 2025, soit 10 trimestres d’action pour changer de cap climatique.
Sources
(1) Exemples : lors du précédent quinquennat les derniers chiffres d’évolution des pesticides exprimés en indicateur de référence NODU datent de 2019, le nombre de rénovations communiquées qui ne fait pas référence à un niveau de rénovation compatible avec la SNBC
(2)https://report.ipcc.ch/ar6wg3/pdf/IPCC_AR6_WGIII_FinalDraft_FullReport.pdf cf. C1 page 22
(3) https://lejournal.cnrs.fr/articles/climat-le-demi-degre-qui-changerait-tout
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