Parmi les insectes (ces grands oubliés de la biodiversité), la population des papillons de nos jardins bat de l’aile. En 20 ans, la moitié des papillons de prairie a disparu d’Europe selon l’Agence européenne de l’environnement. Pourtant, il suffit de leur offrir un petit coin d’hospitalité chez soi, sur son balcon, dans son jardin, pour les aider à se nourrir et à se reproduire. Et au-delà du plaisir de les voir virevolter, reconnaître les lépidoptères, les observer et les compter peut aussi grandement contribuer à leur sauvegarde. Des bons gestes aux sciences participatives, la Fondation pour la Nature et l’Homme vous dit comment rejoindre l’Opération papillons, c’est de saison !
On estime que la biomasse de tous les insectes de la planète est largement supérieure à celle de tous les autres animaux terrestres réunis, humains compris, mais toutes les études montrent aussi que la biomasse des insectes volants a chuté de près de 70% en trente ans en Europe. Si les chiffres varient quelque peu selon les études issues de plusieurs publications internationales, toutes se rejoignent sur le constat d’un déclin autour de 40% des insectes ces dernières décennies.
On oublie souvent que les jolis papillons de nos jardins sont aussi des insectes pollinisateurs qui jouent un rôle majeur dans la reproduction des plantes. De précieux alliés également puisqu’ils s’inscrivent dans la chaîne alimentaire, nourrissent les oiseaux et les chauve-souris, participant ainsi à la régulation des populations d’un écosystème et donc à la lutte biologique dans nos jardins.
De multiples facteurs responsables du déclin des populations de papillons sont bien connus comme l’agriculture intensive - comprenant déforestation, changement d’affectation des sols et perte d’habitat -, l’utilisation de pesticides et autres intrants chimiques ; mais aussi les espèces introduites (faune et flore), l’urbanisation croissante et la pollution lumineuse, sans oublier bien sur le réchauffement climatique auquel les insectes sont particulièrement sensibles en raison de leur vulnérabilité à la sécheresse. C’est d’ailleurs cette fragilité des papillons qui permet d’en faire pour les chercheurs des indicateurs de la santé d’un milieu à l’échelle du paysage.
Qu’elles soient fleuries, aromatiques, sauvages ou arbustives, le nectar des plantes dites mellifères attirent autant les abeilles que les papillons. Question de morphologie, les lépidoptères munis de grandes ailes se dirigeront vers des fleurs à large corolle. Les plus vivement colorées seront les plus appréciées, violettes et jaunes en tête. L’eupatoire, la reine-des-prés, l’aubépine, la bourrache, l’agastache sont aussi très attractives. De même, les plantes aromatiques constituent une importante source de nourriture pour les papillons et leurs chenilles. Alors autant pour agrémenter la cuisine que pour nourrir les chenilles de nos papillons plantons du romarin, de la lavande, du thym, de la verveine, de la menthe, de la sauge…
Laisser dans son jardin un espace libre, ne pas désherber, ne pas tondre une pelouse où pousseront fleurs et plantes sauvages, profitera à toute la biodiversité. Les papillons seront irrémédiablement attirés par le trèfle, les pissenlits, chardons, ronces, violettes…
Ne plus arracher systématiquement la grande ortie est indispensable pour la reproduction de nombreux papillons. Comme plusieurs de ses congénères : la Petite Tortue ou encore le Vulcain, le très reconnaissable et haut en couleurs Paon du jour - dont le graphisme des ailes imite des « yeux » (comme sur les plumes des paons) censés déstabiliser et éloigner les prédateurs-, ne pond en effet que sur la grande ortie, plante à laquelle il est inféodé. En effet, ce sont ses feuilles qui serviront à la fois de gîte et d’aliments à la chenille du Paon du jour pendant la période nécessaire à sa transformation en chrysalide. De la même manière, pour optimiser l’installation dans son jardin à long terme de la bien nommée Belle Dame, ce sublime papillon migrateur aux délicates ailes orangées tachetées de noir et blanc, laissons proliférer l’ortie, la bardane et le chardon. Cultiver les plantes hôtes de leurs chenilles est vraiment le coup de pouce qui facilite l’installation des papillons dans nos jardins.
1/ Bannir l’usage des pesticides. Si cela tombe sous le sens, Les données de l’Opération papillons ont en outre montré que l’usage de fongicides et/ou même d’un seul pesticide réduisait de moitié le nombre d’espèces de papillons observées. Tous les papillons et insectes pollinisateurs ne réagissent donc pas de la même manière.
2/ Favoriser des plantations locales. Souvent appelé l’arbre aux papillons, la propagation incontrôlée du buddleia, l’arbre aux multiples grappes de fleurs multicolores originaire de chine, peut paradoxalement contribuer très directement à l’extinction des papillons. Pourquoi ? Parce que contrairement aux essences locales qu’il chasse et remplace, les feuilles du buddleia ne nourrissent pas les chenilles de ces papillons, bloquant de fait la reproduction de ceux qui s’y pressent, attirés par son très odorant nectar. Pour préserver la biodiversité, mieux vaut favoriser les espèces indigènes adaptées aux besoins des espèces présentes dans nos régions.
3/ Planter des végétaux protecteurs. Si l’espace le permet, il est très bénéfique de laisser pousser une haie bocagère ou des essences arbustives (bouleau, tilleul, noisetier, framboisier, rhododendron…) pour offrir un abri en même temps qu’un garde-manger. Le lierre rampant est particulièrement intéressant car il est un rempart contre les intempéries, très utile pour les espèces qui hivernent puisqu’il fleurit à l’automne et que juste avant l’hiver, ses fleurs discrètes regorgent de nectar.
Donc pour résumer, si l’on veut continuer de voir batifoler de délicats papillons et aider à la prolifération de pollinisateurs heureux dans les parcs et jardins, on joue sur des zones cultivées où l’on sème des plantes utiles et d’autres où on laisse libre cours à la nature…
Après la chasse aux œufs de Pâques, la chasse aux papillons… mais sans filet bien sûr ! Il s’agit plutôt de reconnaître et d’identifier certaines espèces de papillons, et de noter leur présence dans un espace défini : dans nos jardins, sur nos balcons, dans les parcs et espaces verts. Le protocole, très simple, vise à compter quel a été le nombre maximum de spécimens d’une même espèce vus simultanément au cours de différentes sorties sur un laps de temps déterminé : une semaine. Les participants sont invités à reproduire leurs observations sur plusieurs sessions, si possible, pendant la saison qui « vole » de février, pour les plus précoces, jusqu’en octobre.
Lancé en 2006 par le Muséum National d’Histoire Naturelle et l’association Noé (dans le cadre de Vigie-Nature dont notre fondation est, depuis ses débuts partenaire), le programme de sciences participatives Opération papillons a déjà rassemblé plus de 10 000 bénévoles.
Une liste répertoriant 28 espèces ou groupe d’espèces et 18 autres espèces subsidiaires est proposée aux participants volontaires. Elle est accompagnée d’un « mode d’emploi » et d’un guide de terrain portant notamment sur les consignes à respecter comme les conditions météo : soleil, sans vent, ou encore les plages horaires favorables (en fonction toujours de l’ensoleillement).
Toutes les observations sont ensuite compilées et analysées par les chercheurs. Elles leur fournissent une mine de renseignements qui viennent alimenter et réactualiser une banque de données fort utile pour avoir une estimation précise de l’état des populations, leur répartition géographique, l’influence des différents facteurs extérieurs en fonction des espèces, les effets de l’urbanisation, de la pollution, du réchauffement climatique… A partir de là, des travaux scientifiques sont menés pour trouver des solutions afin d’enrayer le déclin de populations plus ou moins mobiles, plus ou moins en capacité de s’adapter aux modifications de leur environnement.
C’est le deuxième grand intérêt de ces programmes de sciences participatives : faciles à comprendre, guidés pas à pas, accessibles à tous publics et très ludiques à suivre en famille, ils permettent d’attirer l’attention sur l’importance de préserver des animaux : vertébrés et invertébrés, mammifères, insectes, poissons, mais aussi des plantes et de tous ces organismes vivants moins connus et moins « médiatiques » de la biodiversité qui constituent pourtant le tissu de la vie.
Selon Vigie-Nature, mieux connaître et prendre conscience de son environnement motiverait ainsi 85% des observateurs à changer de comportement et adapter de nouvelles pratiques plus favorables. Alors profitons du Printemps pour papillonner dans la nature ou profiter des espaces verts tout en prenant part aux activités de sciences participatives pour compter ces chers lépidoptères ! rendez-vous sur https://www.sciences-participatives-au-jardin.org/edito/papillons
Avec la chute du mercure, le gel ou encore la neige… il est parfois difficile pour certains oiseaux de passer l’hiver. Alors qu’il n’y a plus de fruit, ni de graine et encore moins d’insectes, on peut les aider en leur apportant un complément alimentaire lorsque les températures sont au plus bas !
On vous propose une recette facile de boules de graisse, à déposer dans son jardin ou sur son balcon. Les oiseaux vous remercieront en vous offrant leur plus beau ballet de va-et-vient !
- un saladier
- une cuillère à soupe
- une spatule ou cuillère en bois
- de la cordelette et des brindilles de bois nouées au bout
- des contenants (pots de yaourts, boîte d’oeufs vide, rouleaux de papier toilettes...) ou des pommes de pin
Il est recommandé de choisir des aliments de qualité, non salés et n’ayant pas subi de traitement chimique.
- 2 c. à s. de graines (tournesol, courge, blé, orge, avoine et millet)
- 2 c. à s. d’oléagineux et/ou d’arachides natures (brisures de noix, noisettes, amandes, noix de cajou)
- 1 c. à s. de fruits secs, baies ou morceaux de pommes, poires
- 5 c. à s. de graisse d’origine végétale riche en lipides (Végétaline, margarine, huile végétale)
- Installez différents points de nourrissage (pour éviter les disputes!) en hauteur, à l’abri des prédateurs et loin des vitres pour que les oiseaux ne s’y cognent pas.
- Oubliez les filets, véritables pièges où les oiseaux peuvent s’emmêler les pattes.
- Apportez des boules de graisse pendant l'hiver seulement.
- Nettoyez la mangeoire régulièrement (à l'aide d'une eau vinaigrée) car elle peut devenir un foyer de transmission de maladies, mais aussi de parasites entre les oiseaux.
- Proposez un point d’eau à proximité.
1. Si vous avez choisi une graisse solide, faites-la fondre doucement, sans atteindre une température trop élevée.
2. Dans un saladier, mélangez tous les types de graines - décortiquées et non décortiquées - ainsi que les oléagineux en brisures et éventuellement les fruits et les baies.
3. Ajoutez la graisse végétale. Mélangez bien à l’aide d’une spatule ou cuillère en bois.
4. Versez le mélange graisse-graines-fruits-baies dans vos contenants. N’oubliez pas de placer la cordelette avec la brindille de bois au fond pour suspendre votre boule ou de faire un trou à l’aide d’une baguette si vous optez pour la boîte d’oeuf.
5. Laissez figer la préparation au réfrigérateur pendant quelques heures.
6. Disposez les boules de graisse et observez les va-et-vient des oiseaux !
> Le lait (il peut entraîner des troubles digestifs mortels).
> Les mélanges de pois cassés, haricots secs, lentilles, riz... (ils n’attirent que les grands oiseaux)
> Les restes de nos repas (indigestes pour l’oiseau) tout comme les aliments salés (le sel est toxique pour eux).
> Le chocolat (contient de la théobromine, susceptible d’abîmer le système digestif et nerveux de l’oiseau).
> Les champignons, les bulbes (ail, oignons et échalotes), les noyaux et pépins de fruits.
> Le pain sec, les biscottes et autres restes de pâtisserie (avalés en excès, le pain et ses dérivés gonflent et provoquent des troubles digestifs).
Profiter du soir > L’eau de pluie est un bienfait que l’on peut récupérer à partir des gouttières dans des bacs, ou mieux, des citernes (il en existe de toutes tailles). Cette eau servira à l’arrosage des plantes, du jardin, ou à d’autres usages extérieurs (lavage de terrasse, VTT...).
Récupérer l’eau > Avant de construire son logement, il est intéressant d’étudier la possibilité d’un second réseau d’eau non potable, par exemple raccordé à un réservoir alimenté par de l’eau de pluie, sous réserve que la réglementation le permette.
Espacer les tontes > Un gazon que l’on laisse pousser un peu plus haut devient plus résistant à la sécheresse et économise l’eau d’arrosage. Adopter la tonte haute (6 à 8 cm).
Evaporation d'un gazon : 3 à 6 litres d'eau par m2 et par jour quand il fait chaud.
Un travail de tous les instants > Arracher régulièrement les mauvaises herbes, c’est éviter qu’elles ne grainent. Pour lutter naturellement contre ces indésirables, il faut pailler les plants avec des feuilles, des herbes ou des écorces de pin ou bien biner régulièrement le terrain.
Un petit effort > Les insectes parasites peuvent être éliminés d’un jardin par des moyens naturels :
• En les enlevant à la main (cocons et œufs de chenille, pucerons...).
• En posant un filet anti-insectes sur les fruits et légumes.
• En mettant à contribution les auxiliaires naturels : les coccinelles (disponibles chez un jardinier ou un grainetier, leurs larves sont très friandes de pucerons...).
• En adoptant certaines plantes qui éloignent les pucerons : œillets d’Inde, menthe, thym, sarriette...
Une coccinelle dévore jusqu’à 100 pucerons par jour.
Presque tout est bon > Tous les déchets organiques peuvent être compostés.
Un processus naturel > Le compost est un mélange de résidus organiques et minéraux fermentés, utilisé pour fertiliser la terre du jardin potager, du jardin d’agrément ou des plantes en pot. Il peut être réalisé au fond du jardin, en tas ou en composteur labellisé "NF Environnement", voire sur votre balcon dans un composteur à lombrics.
Assurez-vous que vous pourrez ensuite réutiliser ou donner ce compost pour qu'il ne finisse pas à la poubelle.
Un microzoo bien actif > La transformation des déchets organiques en compost nécessite de l’oxygène et l’aide d’organismes vivant dans le sol : bactéries, champignons, protozoaires, mais aussi lombrics, acariens, cloportes, coléoptères ou autres insectes.
La bonne recette > L’art du compostage se résume à 3 règles d’or :
1. Bien mélanger déchets humides et secs
2. Maintenir le tas juste humide
3. L'aérer en le brassant pour le décompacter et l’homogénéiser.
Les déchets qui font mon compost > Les déchets de la maison en général : essuie-tout, cendres de bois, sciure, copeaux, plantes d’intérieur...
Les déchets de cuisine : épluchures hors agrumes, coquilles d’œufs (écrasées), marc de café, filtres en papier, laitages, croûtes de fromage, fanes de légumes, fruits et légumes abîmés, os, arêtes...
Les déchets de jardin : tontes de gazon, feuilles, fleurs fanées, mauvaises herbes, petites branches...
Environ 1/3 des déchets qui finissent dans la poubelle d’un Français peut être composté.
Un espace vital > Les jardins, les terrasses et les balcons représentent un habitat pour les espèces qui y vivent : c’est important, notamment en milieu urbanisé. Pour que les animaux s’y sentent bien, voici quelques exemples d’espaces à créer :
• Planter des arbres et des haies aux essences adaptées à votre jardin (climat, sol, exposition...).
• Aménager une mare.
• Laisser un endroit en friche propice au développement d’une flore locale diversifiée (les oiseaux, abeilles et papillons apprécieront).
• Mettre en place des nichoirs, des mangeoires, une boule de graisse mélangée à des graines en hiver, un abri à hérisson...
• Participez aux opérations d'observation de la biodiversité : ex. le suivi photographique des insectes pollinisateurs, l'observatoire des papillons des jardins ou celui des plantes sauvages de ma rue
• Découvrez la plateforme de du bénévolat nature, des chantiers nature et des sciences participatives, J'agis pour la nature
Les végétaux, en période de croissance, absorbent du CO2 et participent ainsi à la lutte contre l’effet de serre.
Des impacts en chaîne > La France est le 4e utilisateur mondial de produits phytosanitaires et le 1er européen. Elle en a consommé 71 600 tonnes en 2006 dont environ 95% dans l'agriculture et 5% à des utilisations diverses (2/3 par des jardiniers amateurs et 1/3 pour l'entretien des voies de transport et des espaces publics). En 2007, l'IFEN a relevé la présence de pesticides sur 91% des points de mesures des cours d'eau et 59% des points de mesure des eaux souterraines.
Jardiniers en herbe > La France compte 17 millions de jardiniers amateurs. Nombre d'entre eux utilisent régulièrement des produits phytosanitaires (désherbants, insecticides, fongicides) et des engrais chimiques. Il est recommandé de mettre en œuvre des pratiques alternatives (désherbage manuel, paillage naturel, produits homologués en production biologique...) pour tous les jardins potagers ou d'agrément.
Choix des aliments > Pour réduire l'utilisation des produits chimiques, privilégiez les produits alimentaires issus de l'agriculture biologique, de production intégrée ou autres démarches respectueuses de l'environnement.
Favoriser les engrais naturels > Pour la fertilisation des potagers et jardins d'agrément, il est préconisé de favoriser des produits d’origine végétale ou animale. Ils sont aussi variés que le fumier, la corne broyée, le guano, la poudre d’os... Attention tout de même à respecter les dosages et à utiliser le produit qui correspond au besoin de votre sol ! Pensez à utiliser le compost réalisé dans votre jardin lors de vos plantations.
Stocker à l’écart > Dans le cas d'une utilisation de produits chimiques, elle doit se faire dans le respect scrupuleux des préconisations du fabricant sur le dosage et les précautions à prendre. Ex. : ne pas traiter près d'un cours d'eau et ne pas jeter les surplus dans les eaux usées. Les produits sont à ranger dans des contenants étanches, hors de portée des enfants ou des animaux et dans des lieux ventilés. Privilégions les alternatives aux produits chimiques.
La France est le 1er consommateur de pesticides européen.
80 % de notre nourriture (fruits, légumes, colza, noix, amandes…) dépend directement des pollinisateurs comme les abeilles, les papillons ou les bourdons. Cependant, 80% des insectes auraient disparu en Europe depuis 30 ans ! En cause : majoritairement les pratiques d’agriculture intensive, couplées au dérèglement climatique. Les décideurs politiques ont un rôle à jouer pour inverser la tendance, mais que faire au niveau individuel pour aider les pollinisateurs ? Que ce soit à votre fenêtre, dans votre jardin, ou sur votre balcon, il est possible de cultiver des plantes mellifères qui pourront subvenir à leurs besoins alimentaires et contribuer ainsi à leur sauvegarde.
Les pollinisateurs sont essentiels pour notre survie et pourtant en déclin. Actuellement, le taux de mortalité des abeilles est de 30%, alors qu’il était de 5% en 1990 ! L’extinction des abeilles serait non seulement un bouleversement pour notre autonomie alimentaire mais aussi un désastre économique, puisque cela coûterait 2,9 milliards d’euros par an à la France, selon une étude publiée par le ministère de l’Environnement.
Pourquoi ce déclin ? Une des causes identifiées est l’utilisation massive des pesticides. En effet, le but des pesticides de synthèse est entre autres de lutter contre les insectes ravageurs de plantes que l’on cultive. Or, les pollinisateurs se font également empoisonner : une analyse toxicologique des abeilles domestiques mortes en Europe montre que 98 % des abeilles examinées étaient empoisonnées par plusieurs résidus de pesticides.
De plus, l’agriculture intensive en pesticides accentue les carences alimentaires des abeilles puisqu’elle uniformise les paysages en favorisant la monoculture et l’absence de diversité florale agricole, horticole et sauvage dont elles ont besoin pour butiner. Par exemple, ce qui peut être considéré en agriculture intensive comme de mauvaises herbes (pissenlit, chicorée sauvage, etc.), est pour les abeilles une ressource alimentaire précieuse. De même, les arbres (abricotiers, amandiers), les arbustes (bruyères, buis), les cultures (artichaut, carotte, chicorée, colza, luzerne ou bourrache), les bandes enherbées sont nécessaires à la bonne santé des pollinisateurs.
Par ailleurs, le dérèglement climatique aggrave la fragilité des pollinisateurs, puisqu’avec le dérèglement des saisons, certaines plantes peuvent fleurir plus tôt que prévu, ce qui change le régime alimentaire des abeilles et peut perturber leur accès à la nourriture.
Les pouvoirs publics doivent investir dans l’agroécologie, respectueuse de la biodiversité et de notre santé. Au niveau individuel, nous pouvons également aider les pollinisateurs à satisfaire leurs besoins alimentaires, grâce aux plantes mellifères.
Les plantes mellifères sont les plantes (fleurs, arbres, arbustes) qui produisent de bonnes quantités de nectar et de pollen de qualité pour subvenir aux besoins alimentaires des pollinisateurs (abeilles domestiques et sauvages, papillons, bourdons…).
Les pollinisateurs vont venir sur ces plantes pour récolter le nectar et le pollen nécessaire pour se nourrir, et vont à leur passage disséminer le pollen de fleur en fleur, participant ainsi à leur fécondation et donc à la reproduction des plantes.
Avoir des plantes mellifères dans votre jardin ou votre potager c’est du gagnant-gagnant. Non seulement vous nourrissez les abeilles, qui pollinisent vos cultures, mais cela vous permet aussi de cultiver vos légumes au naturel plus facilement et sans l’aide de pesticides de synthèse. En effet, de nombreuses plantes mellifères sont également des parfaits répulsifs pour certains ravageurs. Par exemple, le souci et les capucines chasseront les pucerons et le thym éloignera les mouches.
Pour vous approvisionner en graines, direction le site de l'association Kokopelli, qui propose des graines et des plants biologiques, libres de droits et reproductibles.
Artichaut |
Népéta : mars-avril |
Ail des ours : juillet-mars |
Bruyère cendrée |
Carotte : à partir de février sous châssis |
(Liste non exhaustive)
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