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Ces 20 dernières années, la consommation mondiale de viande a doublé. Associée à la consommation de lait et d’œufs, cette production animale, en grande partie intensive, a un impact significatif sur le climat, la biodiversité, le bien-être animal et la santé humaine.
Si bien que de nombreuses études scientifiques pointent la nécessité de réduire notre consommation de produits animaux de moitié d’ici 2050.
Pour autant, tous les types d’élevages ne se valent pas. Les élevages bovins agroécologiques, moins intensifs, plus sobres et autonomes, jouent par exemple un rôle très important dans le maintien des prairies et de certains écosystèmes naturels.
De même, les élevages de porcs et de volailles en plein air, aujourd’hui minoritaires, peuvent s’inscrire dans une économie circulaire de valorisation des déchets. En jeu également, l’avenir de toute une profession qui peine à vivre dignement de son métier.
Pour ou contre l’élevage n’est donc pas, pour la FNH, la bonne approche. La question à poser est plutôt : comment faire de la réduction de la production animale, une opportunité pour les éleveurs et les territoires ?
C’est à ce défi que nous nous consacrons.
Si toutes les filières et tous les modèles d’élevage ne sont pas concernés de la même manière par les mêmes enjeux, de nombreuses publications scientifiques s’accordent sur la nécessité de réduire la quantité de produits animaux (viande, lait, oeufs) que ce soit en termes de production ou de consommation.
Et si toutes les filières doivent faire leur transition, certains modèles sont déjà beaucoup plus vertueux que la moyenne.
C’est par exemple le cas des élevages bovins en agroécologie, encore trop considérés, à tort, comme non-productif et non-rentable. Ces élevages devraient au contraire être soutenus financièrement et leurs pratiques généralisées.
Malheureusement, les soutiens publics (PAC, allégements fiscaux, aides à l’investissement…) bénéficient majoritairement aux élevages intensifs, et le système de distribution actuel exerce une pression sur les éleveurs pour produire des volumes toujours plus importants à un prix toujours plus bas.
Enfin, si plus d’un Français sur deux déclare manger moins de viande qu’il y a trois ans (sondage RAC), toutes les viandes et tous les lieux de consommation ne sont pas concernés de la même manière.
Ces 10 dernières années, ont par exemple conduit à une augmentation de 20% de la consommation de volailles, issues d’exploitations majoritairement intensives, souvent importées, en raison du développement de la restauration hors domicile.
La transition de la filière doit donc être planifiée et accompagnée, au risque d’assister à la disparition progressive des élevages les plus vertueux, alors que la taille moyenne des exploitations augmente et que les projets d’extension et de création d’atelier d’élevage industriels vont bon train.
Signe de cette industrialisation croissante : entre 1983 et 2016, le niveau de production de lait est resté stable mais le nombre d’exploitations en vaches laitières a baissé de 80 % !
Si l’Europe a adopté de nombreuses réglementations en matière d’alimentation animale, de bien-être animal et de traçabilité, seule la réglementation interdisant le recours aux hormones de croissance s’applique à ce jour aux produits animaux importés.
Rien ne bouge concernant l’usage des antibiotiques, des farines animales, du temps de transport des animaux, ou encore de la traçabilité.
Tout cela expose l’UE a de nouveaux scandales sanitaires risquant de déstabiliser les filières ; les consommateurs européens à des risques sanitaires accrus et les éleveurs à une distorsion de concurrence toujours plus importante, alors même qu’en France ils traversent déjà une crise de revenu sans précédent.
Et le pire reste à venir ! Alors que l’Europe importe déjà 300 000 tonnes de viande bovine par an, les accords de libre-échange déjà conclus ou en cours de négociation supposeraient l’importation supplémentaire de 200 000 tonnes de viandes des États-Unis, du Brésil et du Canada.
Des animaux élevés à base de farines animales interdites en EU depuis 2001 (crise de la vache folle), sans traçabilité stricte, ni aucune norme en matière de bien-être animal…
Cette situation met déjà à mal les éleveurs européens en France et en Europe.
Si l’on prend le marché de l’aloyau (bavette, faux-filet, côte de boeuf…), qui rapporte le plus, le kilogramme d’aloyau canadien peut être vendu en Europe jusqu’à 5€ moins cher que le kilogramme d’aloyau européen.
Cette différence de prix suppose entre 30 et 60% de perte de revenus pour les éleveurs français qui, avec un salaire moyen de 700€ par mois, peine déjà à survivre.
Résultat : les accords de commerce mettent en danger 50 000 emplois de la filière bovine.
Notre enjeu : obtenir une réciprocité des normes pour stopper cette distorsion de concurrence très dangereuse pour les éleveurs français, qui conduit de surcroît à un nivellement par le bas des standards environnementaux et sanitaires.
D’ici la fin 2023, un travail parlementaire s’ouvrira pour élaborer une loi cadre pour l’agriculture française à l’horizon 2040.
Dans ce cadre, la FNH s’est mobilisée en participant aux concertations nationales et en échangeant avec les décideurs publics pour partager ce qui, selon nous, définit un élevage durable, mettant en avant les impacts écologiques et socio-économiques positifs à la clé.
La FNH porte également la nécessité de se saisir de la question du renouvellement des générations d’éleveurs qui va concerner plus d’une exploitation sur deux ces dix prochaines années.
C’est le moment ou jamais de créer les conditions de la transition des exploitations vers un modèle agroécologique.
Parmi nos propositions :
Depuis 2019, la FNH se mobilise auprès du gouvernement, des parlementaires français et des euro-députés pour réformer la politique commerciale européenne, afin de mettre le commerce au service de la transition écologique et sociale.
Nous portons notamment le principe de mesures-miroirs exigeant des partenaires commerciaux de l’Union européenne, le respect des mêmes standards de bien-être animal, de transport et de conditions d’élevage.
La FNH pousse des mesures-miroirs pour faire respecter les standards suivants à tous les produits importés :
Nous sommes récemment mobilisés pour que la Commission européenne adopte un acte délégué pour interdire l’importation de viandes issues d’animaux traités avec des antibiotiques activateurs de croissance, pratique interdite en Europe.
Pour le climat, la biodiversité, le bien-être animal et les éleveurs, il est urgent de passer d’un élevage intensif à un élevage durable en France. Pour cela, il est indispensable de manger “moins et mieux” de viande et de produits laitiers.
Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Pour la viande (de bœuf, porc, volaille), cela revient à ne pas en consommer tous les jours et lorsqu’on le fait, choisir de la viande issue d’élevages durables (label AB, label rouge…) et préférentiellement français.
En ce qui concerne les produits laitiers, cela veut dire en consommer au maximum 2 par jour (en comptant ceux contenus dans les plats industriels et sandwichs) et privilégier les produits laitiers non gras, bio et sous AOP.
Lentilles, haricots, pois chiches, fèves, pois secs… les légumes secs vous permettent d’adopter une alimentation plus saine, respectueuse de la planète, sans augmenter votre budget !
Un élevage durable et rémunérateur est possible : l’urgence d’une feuille de route de la fourche à la fourchette.
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