Tempête sous serre : alors que la demande pour les produits bio explose, certains acteurs économiques voudraient que des tomates rougies par la chaleur de groupes électrogènes soient labellisées bio… Un vrai problème, car il ne suffit pas d’arrêter d’asperger ses légumes de pesticides de synthèse pour se revendiquer bio : la démarche est beaucoup plus globale et demande aussi à respecter les cycles naturels. Deuxième écueil, économique celui-ci : les agriculteurs et agricultrices qui respectent les cycles naturels de productions agricoles se voient soumis à une concurrence déloyale.
Depuis plusieurs mois, de nouveaux acteurs économiques pénètrent le marché florissant du bio. Le principe de ces nouveaux entrants : installer des serres chauffées pour produire des fruits et des légumes hors saison (dans les Pays de la Loire et en Bretagne notamment). Ces projets fournissent les étals de nos supermarchés en tomates labellisées bio et françaises en plein mois de mars créant un potentiel déséquilibre de marché pour les producteurs bio qui respectent le rythme des saisons .
De même, pour rentabiliser ces serres chauffées, les industriels se spécialisent sur un ou deux fruits et légumes à forte valeur ajoutée tels que les tomates et les concombres. En diminuant la diversité des cultures, les acteurs économiques appauvrissent la biodiversité pourtant si chère à la vie.
La production biologique sous serre chauffée est un contre-sens gustatif, agronomique et surtout environnemental et climatique qui contrevient aux principes fondateurs de l’agriculture biologique. Le bilan carbone d’une production sous serre chauffée est près de 8 fois plus important que la production locale en saison.
Une réglementation de la bio à préciser par les pouvoirs publics
Le cahier des charges de l’agriculture biologique le mentionne noir sur blanc: il demande le respect des cycles naturels, la préservation des sols et l’utilisation responsable de l’énergie. C’est l’approche de saisonnalité, de fertilité des sols et de sobriété énergétique que met en avant ce système de production agricole depuis sa création. L’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) a, par ailleurs, établi en 2018 l’incompatibilité des serres chauffés avec les principes généraux de l’agriculture biologique.
Pourtant, certains acteurs économiques en font une interprétation toute autre, entrainant le développement de la culture sous serre chauffée.
Face à cette liberté d’interprétation, l’interdiction des serres chauffées qui n’est pas encore explicite dans le cahier des charges, devra le devenir si l’on veut pallier à ce détournement grandissant des objectifs de l’agriculture biologique.
Mobilisons-nous pour lutter contre l’industrialisation de la bio et sauver le label bio !
Nous avons jusqu’au 11 juillet 2019, prochaine date du Comité national de l’agriculture biologique, pour demander au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation de soutenir un encadrement strict du chauffage des serres en bio afin d’interdire la production de fruits et légumes bio hors saison.
Nous l’appelons à lutter contre l’industrialisation de la production biologique en limitant le recours au chauffage des serres à la production de plants et au maintien hors gel, garantissant ainsi que la production reste de saison. Il s’agit bien de soutenir nos paysannes et paysans bio qui respectent les saisons et l’environnement.
Signez la pétition portée par la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et le Réseau Action Climat : http://bit.ly/nonauxserreschauffees
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