Les dogmes économiques nous empêchent de mener l’effort de guerre financier dont nous avons besoin pour opérer la transition écologique. Après la publication d’Agir sans attendre qui faisait la lumière sur les dogmes budgétaires qui nous empêchent d’investir massivement dans la transition écologique à l’échelle européenne, La Monnaie Ecologique s’attaque à l’autre pan de la montagne idéologique : la monnaie, ce pilier de la vie économique qui tarde à être mis au service de la bataille climatique et environnementale.
L’économie n’est pas une science dure. Elle n’est pas régie par des lois naturelles ou physiques. Si la pomme est toujours tombée du pommier et continuera toujours de tomber du pommier, les grands principes économiques évoluent, d’une époque à une autre, d’un espace géographique à un autre. Le débat économique est souvent la synthèse de l’observation scientifique des faits passés, des causes et des conséquences, et de choix politiques (ou choix de société). Rarement dans l’histoire il y eu un tel écart entre ce que l’on observe et ce qui est prôné. En matière d’économie, les choix idéologiques sont présentés comme des règles immuables, presque divines, souvent à l’encontre de la réalité économique, et à mille lieues des défis d’aujourd’hui. Nous faisons donc face à des dogmes, des totems autant idéologiques que politiques qui limitent notre engagement climatique.
La Monnaie ne fait pas exception, que l’on parle de sa création, de son rôle, de son sens. Lorsqu’un étudiant ouvre un manuel d’économie, il apprend le plus souvent que la monnaie est neutre. Au fond, la monnaie n’est pas un objet d’étude économique pour une partie importante de la communauté des économistes. Elle est hors équation et donc hors de débat. Elle ne serait pas une variable d’ajustement et donc il ne faudra pas vouloir s’en saisir faute de menacer le système dans son ensemble.
Le livre co-écrit par Alain Grandjean, Président de la Fondation Nicolas Hulot et Nicolas Dufrêne, haut fonctionnaire et directeur de l’Institut Rousseau, a pour objet de reprendre la main, intellectuellement et politiquement, sur l’un des moteurs majeurs de la vie des sociétés modernes. La Monnaie ce bien commun que chacun utilise mais que seulement quelques-uns peuvent créer, peut et doit être mis au service du plus grand défi de l’humanité : sa transition écologique.
Le « I want my money back » de Margaret Tatcher marquait le début d’une phase de repli de la puissance publique. Les Etats, l’Union Européenne, devaient se limiter à organiser le libre marché. La mise en commun de moyens - budgétaires - d’agir n’était plus à la mode et le Royaume-Unis demandait son premier « rabais » sur le budget européen. Le temps des rabais sur la capacité d’agir est incompatible avec la bataille climatique.
A l’heure de la mobilisation citoyenne et de la promesse de Green Deal formulée par la nouvelle Commission Européenne, « We want our money green! ». La monnaie peut être mise au service de la transition écologique. Le sauvetage de la zone euro par la Banque centrale européenne partir de 2015 s’est traduit par la création de 2500 milliards d’euros injectés sur les marchés financiers. Déjà auparavant dans l’histoire, l’inventivité monétaire avait permis à des économies de se reconstruire ou de se transformer.
Avec La Monnaie Ecologique, Alain Grandjean et Nicolas Dufrêne battent en brèche les dogmes qui nous empêchent d’agir et décrivent le champ des possibles dont les sociétés, notamment européennes peuvent se saisir pour changer la donne.
En savoir plus : https://alaingrandjean.fr/2020/02/13/livre-monnaie-ecologique-nicolas-dufrene-alain-grandjean/
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