Lundi 6 mai, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) sortait son rapport. Celui-ci est sans appel. Les humains continuent de détruire le support de toutes leurs activités économiques et sociales, autrement dit la biodiversité. Le rapport met en particulier en avant le rôle du changement d’utilisation des terres et de la surpêche dans cette destruction qui ne ralentit pas…
Une biodiversité en piteux état qui nous fragilise tous
Un million d’espèces animales et végétales – soit une sur huit – risquent de disparaître à brève échéance de la surface de la Terre ou du fond des océans.
Ainsi par exemple selon le rapport : « Depuis 1900, l'abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d'au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d'un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. »
Une grande majorité des écosystèmes sont dégradés : mangroves, zones humides, sols fertiles, forêts primaires… Ainsi la dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale.
Surtout le rapport indique quelles sont les 5 causes majeures de cette destruction, et qui par ailleurs se conjuguent :
- les changements d’usage des terres et de la mer : l’agriculture notamment fait passer les forêts ou les prairies à l’état de culture par exemple ou le développement des villes les espaces naturels à l’état de routes… Ainsi 55 % de la progression de l’agriculture depuis 1980 se sont faits au détriment des forêts « intactes », 28 % au détriment des forêts secondaires (aménagées)
- l'exploitation directe de certains organismes avec le braconnage par exemple
- le changement climatique qui fragilise encore les milieux
- la pollution et notamment celle des pesticides : plus de 50 % des mesures de concentration en insecticides dans le monde dépassent les seuils réglementaires (chapitre 3, 3.4.6.)
- les espèces exotiques envahissantes qui colonisent certains milieux et font décroitre la diversité
Un rapport essentiel pour sonner la mobilisation générale
L’IPBES, autrement appelé « GIEC de la biodiversité » a rassemblé les représentants de 110 pays pour approuver à l’unanimité un « résumé pour les décideurs », issu de 1 700 pages de travaux d’experts sur l’état de la biodiversité mondiale.
Ce document est d’une grande importance car, comme pour les travaux du GIEC sur le climat, il fait état d‘un consensus scientifique et politique.
Il dit en substance qu’il n’est plus temps de discourir mais qu’il est temps d’agir.
Le rapport donne toutefois une lueur d’espoir disant que c’est encore possible d’inverser la tendance. Pour cela il faut profondément changer notre façon de produire, de consommer, d’échanger… bref l’ensemble de notre modèle économique. Vaste tâche mais voici quelques transformations à entreprendre selon le rapport :
De manière globale, le rapport prône l'évolution des systèmes financiers et économiques mondiaux. Il appelle ainsi à :
- Un changement structurel des politiques agricoles du local au global pour changer nos modèles alimentaires et agricoles
- Plus généralement la fin des subventions à la consommation de nature et notamment des terres agricoles et d’espaces naturels
- Un engagement massif pour l’adaptation au changement climatique
Enfin, il met en évidence la place et le rôle essentiel des peuples autochtones dans la préservation des écosystèmes et de la biodiversité en général.
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