Quelques dizaines de milliards d’euros nous séparent chaque année d’une transition écologique et solidaire réussie. Dans la plupart des secteurs, nous sommes en train de perdre la course contre la montre climatique. Mais le retard peut être rattrapé si la mobilisation générale est sonnée. Cette mobilisation passe par le nerf de la guerre : l’argent. Car pour réduire nos consommations d’énergies, de ressources naturelles, il y a les gestes et il y a les infrastructures. Il y a le fait d’éteindre sa box le soir et la mise sur pieds de centaines de milliers de panneaux solaire ou éoliennes. Il y a le fait de baisser son chauffage d’un degré et l’isolation de tous les logements en France et en Europe.
D’où vient l’argent aujourd’hui investi pour relever le défi climatique ?
Les investissements déjà réalisés dans la transition écologique viennent des familles, des entreprises et pour moitié de la puissance publique (Union Européenne, l’Etat français et les collectivités territoriales). Et les trois sont liés, la dépense publique étant souvent moteur pour aider les ménages et les entreprises à investir. Sauf que pour le moment, la puissance publique n’investit pas assez.
Ces milliards qui nous manquent ...
D’après le think tank I4CE, il manque a minima 7 à 9 milliards d’euros d’argent public par an. A minima, car cela ne prend pas en compte le retard accumulé, que cela ne concerne pas tous les secteurs – il manque des chantiers majeurs comme l’agriculture, la protection de la biodiversité mais aussi l’accompagnement de la transition des industries polluantes- et que par ailleurs les chiffres sont construits sur des objectifs gouvernementaux qui manquent d’ambitions.
Mais même 7 à 9 milliards de plus par an, c’est une montagne à franchir, en tout cas pour le Ministère du budget. Et pour cause, cela n’est pas possible si l’on écoute les défenseurs de la rigueur budgétaire. Cela reviendrait à transgresser les règles que tous les pays de l’Union Européenne se sont engagé à respecter.
Comment faire bouger les lignes en Europe pour dégager les marges budgétaires qui nous manquent ?
Et force est de constater que la frilosité traverse tous les pays d’Europe. Au point qu’aujourd’hui en Europe, on investit plus assez pour entretenir les routes, les hôpitaux, les ponts. L’effondrement du pont de Gènes à l’été 2018 avait rappelé à toute l’Europe l’urgence de se réveiller sur la question.
Aujourd’hui, le besoin d’investir est redevenu le sujet économique et écologique numéro un dans des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, qui ont pourtant été les pays les durs sur la question depuis 10 ans.
A travers le livre Agir sans attendre, la Fondation Nicolas Hulot se mobilise pour dire trois choses :
- Sans ces investissements publics supplémentaires, nous ne ferons pas la transition à temps et nous ne la ferons pas de manière équitable.
- Ces investissements sont compatibles avec les règles européennes pourvu que l’on considère bien le changement climatique comme une menace pour notre prospérité.
- Depuis quelques mois, les Etats peuvent emprunter des milliards d’euros pour un taux d’intérêt proche de 0. C’est une occasion à ne pas laisser passer. D’autant plus que toute l’économie européenne commence à vaciller par manque d’investissements.
Les français se mobilisent de plus en plus, l’Etat doit en faire de même et ne pas rester empêtré dans une gestion court-termiste du pays. Il est possible de commencer à agir maintenant pour créer un électrochoc dans toute l’Europe. La bataille climatique est une chance pour le continent. C’est l’occasion de retrouver en envie commune d’avancer.
Les investissements dans la transition écologique sont rentables
Investir plus ne signifie en rien jeter l’argent par la fenêtre. Bien au contraire. Financer la transition maintenant, c’est synonymes d’économies. A court terme par la baisse des importations d’énergies fossiles ou la création d’emplois relocalisés. A moyens et long terme, c’est surtout le coup des catastrophes qui sera limité. Un seul exemple. D’après le GIEC, une hausse de la température de température de 1,5°C impliquera un doublement des inondations. A 2° le risque sera presque triplé.
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