La Fondation Nicolas Hulot vient de faire paraître l’étude « Solaire photovoltaïque : 50% de l'électricité mondiale bas carbone en 2050 ! ». Le Huffington Post a ouvert ses colonnes à Nicolas Hulot et Nicolas Ott, auteur de l’étude, pour qu’ils mettent en valeur les principales conclusions.
Retrouvez cette tribune " L'énergie solaire, une solution pour le XXIe siècle !, » sur le blog du Huffington Post
Au XVIIIe siècle, des intellectuels, notamment français, ont uni leurs forces pour sortir le monde occidental de l'obscurantisme : c'était l'époque des Lumières. Trois siècles plus tard, confrontées au défi du changement climatique, ces Lumières semblent parfois vaciller. Dans le domaine énergétique, le progrès est entravé par la persistance de croyances tenaces sur le coût et les limites des énergies renouvelables et le maintien de politiques publiques favorables aux énergies fossiles. Ainsi, les principaux scénarios de développement du photovoltaïque (PV) prévoient une contribution autour de 5% à la fourniture mondiale d'électricité en 2050. Pourtant, une analyse objective des perspectives de développement de cette technologie permet d'affirmer que le photovoltaïque pourrait couvrir au moins 20 à 25% des besoins électriques mondiaux en 2050 et apporter les services énergétiques aux 1,3 milliard de personnes qui n'y ont pas accès aujourd'hui. Pourquoi ?
Au début des années 2000, le coût complet d'une installation photovoltaïque était de l'ordre de 750 $/MWh contre moins de 70 $/MWh pour les autres types de production d'électricité. Quinze ans plus tard, la compétitivité du PV est comparable à celle des autres technologies. C'est bien parce que le solaire photovoltaïque est déjà compétitif que 136 milliards de dollars y ont été investis dans le monde en 2014 ! D'ici 2050, les évolutions techniques permettront de réduire encore les coûts pour atteindre de l'ordre de 35 à 50 $/MWh pour les installations photovoltaïques au sol. En effet, contrairement aux autres sources énergétiques qui reposent sur la physique classique, le photovoltaïque repose sur la physique quantique qui offre des potentiels d'innovation bien supérieurs à ceux des technologies conventionnelles de l'électricité, et de l'énergie en général. A l'inverse, les installations de production d'électricité à partir de nucléaire ou de fossiles devraient voir leurs coûts augmenter du fait du renforcement des normes de sécurité et de l'intégration des coûts liés à la pollution.
Pas plus que son coût, l'intermittence du solaire photovoltaïque ne le cantonne à un rôle mineur dans le mix électrique mondial. D'une part, il ne faut pas sous-estimer les capacités actuelles du réseau électrique à absorber l'intermittence. Aujourd'hui, près de la moitié de la capacité électrique allemande est intermittente sans que le pays soit plongé dans le noir. D'autre part, le pilotage de la consommation se développe tant au niveau des particuliers que des professionnels et la capacité de stockage par batterie est elle-aussi de plus en plus compétitive. Ce n'est pas une coïncidence si de grandes banques, comme Goldman Sachs, UBS, Deutsche Bank, ont récemment publié plusieurs rapports prévoyant un bouleversement dans le secteur de l'électricité lié à la conjonction des développements du solaire photovoltaïque, du stockage par batterie et du pilotage des consommations.
Ainsi, dans un monde gouverné par des énergies polluantes, le solaire photovoltaïque apparaît comme une lumière d'espoir. Avec un bilan énergétique et environnemental toujours plus favorable, il constitue une des pierres angulaires sur laquelle s'appuyer pour développer de nouveaux systèmes électriques durables.
C'est aussi un formidable espoir pour ceux qui n'ont pas accès à l'électricité comme de nombreuses populations rurales d'Afrique et d'Asie. Le photovoltaïque parce qu'il est modulable peut apporter les services énergétiques au plus près des populations : éclairage, amélioration des conditions d'hygiènes et de conservation des denrées, accès à l'information (via Internet), recharge de téléphones portables, etc. Et ceci, sans nécessiter la réalisation préalable de grands et coûteux réseaux électriques : le couplage du solaire photovoltaïque avec des solutions de stockage ou de productions d'appoint pourra améliorer rapidement et de façon significative le niveau de vie de centaines de millions de personnes. Bien évidemment, cela ne sera qu'une première étape avant d'interconnecter ces installations avec des moyens renouvelables centralisés. Mais partir de la base, permettra d'aller plus vite dans l'amélioration des conditions de vies, en offrant la possibilité à ces peuples de déployer à terme un système électrique adapté à leurs particularités avec des retombées positives pour l'économie locale. C'est ce message que nous demandons aux Chefs d'Etats réunis pour le sommet UE / Afrique puis au G20 de porter.
Nicolas Hulot, président de la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme
Nicolas Ott, auteur de l'étude « Solaire photovoltaïque : 50% de l'électricité mondiale bas carbone en 2050 !
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