Alors que partout en Europe, la pratique du vélo est en pleine expansion et véhicule de nouvelles tendances, les vélo-tafeurs français affichent toujours des airs de pionniers, zigzaguant dans le trafic routier, au risque de leur vie. Si seulement 3% des Français utilisent le vélo comme mode de déplacement principal, au Danemark, ce chiffre s’élève à 23%, aux Pays-Bas à 36%, en Allemagne à 12%...
Contrairement à ces pays qui ont investi depuis de nombreuses années pour développer les infrastructures nécessaires - pistes cyclables, stationnements sécurisés, systèmes de location et de libre-service, communication…, la France y consacre… 0 ! Pire que cela, le gouvernement hésite même à s’y intéresser. L’ONU recommande pourtant aux Etats (depuis 2016) de consacrer 20% de leur budget transport aux mobilités actives, marche et vélo.
Alors, comment faire ? Dans le cadre de la future loi mobilité, la Fondation pour la Nature et l’Homme , avec d’autres ONG et les associations cyclistes, plaident auprès du gouvernement pour un vrai plan d’investissement. 200 millions d’euros par an sont nécessaires pour mobiliser les collectivités locales, les grandes métropoles comme les territoires ruraux et développer une véritable culture vélo en France.
Un plan de 200 millions d’euros pour le vélo, et 5 bonnes raisons de le mettre en place
1. Pour lutter contre la pollution et répondre à la condamnation de la France par l’Union européenne
La Commission européenne a mis à l’amende la France pour non-respect de la qualité de l’air. Le vélo permettrait, en remplacement de la voiture, que tout le monde respire mieux. Faire du vélo c’est lutter contre la pollution et ses impacts sur la santé : gorge qui gratte, yeux qui piquent, crise d’asthme, voire insuffisance respiratoire, problèmes cardio-vasculaires, et augmentation du risque d’AVC chez les sujets les plus à risque. Aujourd’hui, on estime que chaque année en France la pollution de l’air est responsable de la mort prématurée de 48 000 personnes. Se déplacer à vélo c’est donc participer à la réduction du trafic routier et par conséquent à la baisse des émissions de gaz toxiques et de particules fines.
Et, contrairement aux idées reçues, le cycliste n’est pas nécessairement plus exposé à la pollution que ses confrères automobilistes ! Les bénéfices santé de la pratique régulière du vélo sont 20 fois supérieurs aux effets de la pollution chronique(1).
Pour en savoir plus l’exposition aux polluants atmosphériques consultez Airparif
2. Pour concrétiser les engagements climatiques de la France
La France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre afin atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le transport constitue à lui seul 1/3 des émissions. Opter pour le vélo plutôt que la voiture c’est éviter de rejeter des gaz à effet de serre responsables du changement climatique comme le CO2. Pour un trajet domicile-travail de 3 kilomètres, c’est en moyenne 770 grammes de CO2 économisés, soit environ 332 kilos d’émissions de CO2 évitées sur une année !
Enfin, la fabrication d’un vélo nécessite moins de matières premières et est moins énergivore, et donc moins polluante, que la fabrication d’une automobile. La production d’une batterie de véhicule électrique nécessite autant de matière et d’énergie que la production de 100 batteries lithium de vélo.
3. Pour faire des économie en termes de dépenses de santé
Les dépenses de santé en France sont en constante augmentation… et représentent plus de 11% du budget national. L’augmentation des maladies cardiovasculaires, dégénératives… s’affirment avec le vieillissement de la population, la pollution de l’air, la sédentarité.
Le vélo est un atout pour lutter contre la sédentarité, et ses effets néfastes sur la santé. En 40 ans les collégiens ont perdu 25% de leurs capacités cardio-pulmonaires. La pratique du vélo est un des moyens d’inverser cette tendance.
En France, aujourd’hui on estime que le nombre de vies gagnées grâce à la pratique du vélo, équivaut à 5,6 milliards d'euros par an épargnés en dépenses publiques(4).
Les déplacements domicile-travail effectués en vélo ont ainsi un effet bénéfique direct reconnu sur la santé des salariés. Ils permettent réduction des absences (-15% arrêts maladie pour un salarié cycliste), économies de soins pour la Sécurité Sociale (126€/an/ personne), amélioration de la productivité des salariés grâce au bien-être...
4. Pour créer de l’emploi et favoriser l’économie locale
Faire ses courses en vélo c’est l'occasion de délaisser les hypermarchés géants des zones industrielles et en profiter pour faire des courses locales. Et c’est bénéfique pour tous : d’abord pour moi-même car je consomme des produits frais, de saison, et locaux, pour le climat car mes fruits ne viennent pas de l’autre bout du monde, et enfin pour l’activité économique du territoire, les producteurs et commerçants locaux.
INRIX, fournisseur de services d'info-trafic a calculé qu’en moyenne en en 2016 les parisiens ont passé 64h dans les bouchons durant l’année ! Les embouteillages représentaient déjà 17 milliards de manque à gagner pour l’économie nationale durant l’année 2013. Cette somme pourrait atteindre 22 milliards d’ici 2030 si rien n’est fait pour enrayer cette tendance(5).
5. Parce que le vélo, ça ne coûte pas cher
En ce qui concerne la dépense publique, le plan national vélo représente 200 millions d'euros à investir sur au moins 4 ans.
200 millions, c’est l’équivalent d’à peine 20 km de ligne TGV ou 50 km d'autoroute.
En vidéo et en détail :
(1) : Observatoire régional de la santé d’Ile-de-France, http://www.ors-idf.org/index.php/fr/publications/180-politiques-publiques-et-sante/670-les-benefices-et-les-risques-de-la-pratique-du-velo-evaluation-en-ile-de-france
(2) : « Capital Region of Denmark/REGIONAL CYCLING REPORT » via https://www.citycle.com/18557-les-3-avantages-principaux-de-la-pratique-du-velo/
(3) : https://www.euractiv.fr/section/plan-te/news/study-biking-to-work-lowers-risks-of-cancer-and-heart-disease/
(4) : Etude Economie du Vélo, Atout France, 2009
(5) : http://www.lefigaro.fr/economie/le-scan-eco/dessous-chiffres/2017/09/11/29006-20170911ARTFIG00235-les-embouteillages-une-facture-de-350-milliards-d-euros-pour-la-france-sur-15-ans.php
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