Les voitures hybrides rechargeables seraient-elles aussi polluantes que les véhicules diesel et essence, voire même plus ? Alors qu’elles sont présentées comme étant “propres” et bénéficient de primes à l’achat du gouvernement, les récents tests, réalisés par l’ONG Transport & Environment, révèlent des taux de pollution bien supérieurs aux annonces officielles. Cinq ans après le dieselgate, une étude qui démontre que certaines pratiques ont la vie dure...
Les hybrides rechargeables émettent bien plus que ce qui est annoncé officiellement
Les test effectués par T&E et publiés fin novembre révèlent que :
Les émissions de CO2 de trois des modèles les plus populaires en 2020 ont dépassé ce qui avait été annoncé : la BMW X5, la Volvo XC60 et le Mitsubishi Outlander ont émis entre 28 et 89 % de CO2 de plus que ce qui avait été annoncé.
Avec une batterie vide, ils ont émis trois à huit fois plus de CO2 que les valeurs officielles. Lors d’une conduite en mode recharge de batterie, qui pourrait devenir plus courante puisque les conducteurs l’utilisent avant de passer en mode électrique dans les zones à faibles émissions, les chiffres étaient alors trois à douze fois supérieurs.
D’après les estimations de T&E, une fois que la batterie est à plat, les trois véhicules hybrides rechargeables ne peuvent parcourir qu’entre 11 et 23 km en mode thermique avant de dépasser leurs niveaux officiels d’émissions de CO2 par km.
Finalement, les véhicules hybrides, dont les constructeurs vantent les mérites de la double motorisation pour réaliser de longs trajets, doivent être rechargés bien plus souvent que les voitures électriques, capables de rouler autour de 300 km avec une seule recharge. Il semble bien que la majorité des voitures hybrides mises sur le marché soient tout simplement mal conçues : “des moteurs électriques faibles, des moteurs thermiques volumineux et polluants, et (une recharge généralement lente)”, précise Diane Strauss, de T&E.
L’étude de T&E confirme ainsi le faible intérêt environnemental des voitures hybrides. Rappelons que l’analyse de cycle de vie des différents véhicules, thermiques, électriques, hybrides, publiée par la FNH en 2017, révélait déjà un bilan carbone pour les hybrides plus de deux fois supérieurs à celui des voitures électriques !
La filière automobile prendra-t-elle enfin le virage de la transition?
A l’échelle européenne, 500 000 voitures hybrides neuves auront été mises en circulation en 2020. Et pour cause, l’hybridation des voitures est un moyen pour réduire les niveaux d’émissions officielles de CO2 des véhicules, et ainsi répondre aux nouvelles normes européennes en vigueur depuis le début de l’année (95g CO2/km).
Dès lors, et afin de parer à un nouveau scandale dans les années à venir, l’action coordonnée des Etats, de l’Union européenne, et des acteurs de la filière est indispensable. Cela devra notamment passer par :
- Mettre fin aux failles de la réglementation des émissions européennes à l’occasion de la révision des objectifs 2025 - 2030 l’année prochaine.
- Supprimer d’ici 2 ans les aides aux voitures hybrides et les incitations fiscales pour les véhicules d’entreprises, qui représentent la moitié des ventes de véhicules en France. Comme le souligne T&E, “en septembre 2020, le gouvernement a déjà déboursé 38 millions d’euros en aides à l’achat de véhicules hybrides rechargeables (hors prime à la conversion). Il dépense, par an, 7 millions supplémentaires pour inciter les utilisateurs de véhicules de société à choisir l’hybride rechargeable”.
- Pour les constructeurs et équipementiers français, il s’agira de définir une stratégie de décarbonation réelle de l’industrie automobile, afin d’accélérer la fin de l’usage des carburants fossiles. Il est temps que l’industrie automobile donne enfin les gages d’un engagement responsable dans la transition écologique.
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