L’hydrogène suscite de nombreux espoirs : l’Allemagne y a notamment investi 9 milliards d’euros et la France a annoncé que cette technologie ferait partie de son plan de relance. Que ce soit pour l’aérien, le ferroviaire, les camions ou les véhicules légers, l’hydrogène apparaît pour certains comme l’alternative rêvée au diesel ou au kérosène. Mais est-ce réellement une solution d’avenir ? Quel rôle l’hydrogène peut-il jouer dans la transition énergétique de la France ? La FNH pose les grands principes pour un déploiement durable de l’hydrogène.
Décarboner l'hydrogène grâce aux énergies renouvelables
Contrairement à ce que l’on a parfois pu entendre, l’hydrogène (H2) utilisé aujourd’hui n’est pas une énergie verte : il est produit à partir d’énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre, en particulier le gaz et le charbon. Sa production émet en effet 2 à 3% des émissions de gaz à effet de serre de la France…
La priorité absolue est donc de décarboner la production d’hydrogène. Un grand défi, car pour décarboner 60% de la consommation actuelle d’hydrogène du pays d’ici 2035 (objectif fixé par la France), il faudrait utiliser l’équivalent de la consommation de 12 millions de véhicules électriques…
Substituer les usages actuels polluants, par de nouveaux usages
Il n’existe pas de consensus aujourd’hui sur la place à long terme de l’hydrogène vert dans les scénarios de décarbonation massive. C’est une solution parmi d’autres, qui présente plusieurs bénéfices, mais pour que son développement soit viable, il est indispensable de bien choisir son usage :
Choisir les secteurs industriels
Il faut savoir que 80% des usages industriels de l’hydrogène en France ne correspondent pas à des activités vertueuses pour la transition écologique, au contraire (raffinage pétrolier, ammoniac et engrais chimiques, chimie, métallurgie…). Dans le cadre de la transition écologique, ces secteurs polluants vont devoir se transformer et décroître, voire disparaître. L’utilisation d’hydrogène dans ces secteurs se réduira et pourra donc être transférée vers d’autres usages (sidérurgie, céramique, verre, certaines chimies…).
Les transports… mais pas tous !
Seront à prioriser le transport de marchandises longues distances, et notamment les poids lourds, ainsi que certaines lignes de transport ferroviaire ou de marchandises qui ne peuvent être électrifiées.
En revanche, un usage généralisé pour les voitures individuelles n’est pas réaliste ni souhaitable car le rendement de l’hydrogène pour ces véhicules est trois fois inférieur à celui du véhicule électrique. Autrement dit, dans le secteur des transports, l’hydrogène n’est pas la solution miracle pour maintenir le niveau et le type d’usages actuels de véhicules individuels.
La seule solution climatique viable dans le secteur de la mobilité, est celle d’un changement culturel : la sobriété. Choisir de se déplacer plus localement, par des modes doux (vélo, marche à pied) ou des transports en commun quand c’est possible, ou par des flottes de véhicules électriques partagés, quand ça ne l’est pas dans les zones peu denses.
Et l’aérien ? Ce secteur serait, pour les zélateurs de l’hydrogène, le débouché idéal pour démontrer que l'hydrogène a du potentiel dans tous les domaines. Malheureusement, l'avion à hydrogène, n’est pas encore pour demain, ni après-demain. Pour réduire l’empreinte carbone du secteur aérien, la priorité reste à la réduction du trafic aérien et au développement des alternatives (trains de nuit notamment).
Le stockage d’électricité d’origine renouvelable
Après 2035, dans le cadre d’un scénario 100% renouvelable, le Réseau Transport d’Electricité estime que l’hydrogène pourrait offrir plus de flexibilité au réseau électrique. En effet, il permet de transformer en gaz, l’électricité produite lors des pics de production et de restituer cette énergie soit sous forme de gaz de synthèse soit d’électricité. C’est peut-être là le débouché le plus prometteur, mais quoi qu’il en soit des progrès importants en termes de coûts et de rendement énergétique restent à mener.
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