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Manger moins, mais mieux de viande : comment s’y prendre ?

Publié le 20 mars 2024 , mis à jour le 07 octobre 2024

Pour le climat, notre santé, la biodiversité et un revenu digne pour les éleveurs, il est indispensable de réduire notre consommation de produits animaux et de choisir des produits durables lorsque nous en consommons. Mais qu’est-ce que cela veut dire au quotidien ? Quels labels choisir pour manger “mieux” de viande et de produits laitiers ? On vous dit tout.

Réduire sa consommation de produits animaux et privilégier la qualité, un geste pour la planète, sa santé et les éleveurs

  • Plus d’⅓ des Français dépasse les niveaux de consommation de viande recommandés par le Programme national nutrition santé.
  • 87% des Français est en-dessous des niveaux de consommation recommandés en fibres, pourtant essentielles pour notre santé.
  • La consommation de viande, qui ne baisse pas en France, génère une intensification de l’élevage, néfaste pour le bien-être animal, l’eau, les sols et la biodiversité. Par ailleurs, 80 % des émissions de gaz à effet de serre françaises liées à l’agriculture sont générées par l'élevage.
  • 30 % des élevages français ont disparu en 10 ans. L’élevage intensif endette les éleveurs et ne leur permet pas de vivre dignement de leur métier.

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Viande et produits laitier : découvrez ce que notre assiette ne nous dit pas

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Manger moins et mieux de viande et de produits laitiers : comment faire au quotidien ?

Pour une alimentation équilibrée pour notre santé et pour la planète, voici quelques recommandations :

  • Pour ceux qui mangent de la viande quotidiennement : passez à un jour sur deux, alternez les types de viande et surveillez les consommations peu visibles (plats préparés, plats à emporter, viande transformée, etc). Sur la semaine, cela revient à ne pas dépasser les 450 g de viande (bovin, poulet, agneau, mouton...), dont 150 g de charcuterie (saucisson, jambon…).
  • Pour ceux qui en mangent moins : continuez comme ça !
  • Lorsque vous en mangez, choisissez de la viande labellisée Agriculture biologique ou Label rouge.

Au quotidien, équilibrez votre assiette grâce à :

  • 🥕 200 g de légumes et un fruit en dessert (5 fruits et légumes par jour),
  • 🫘 1 portion de légumineuses (pois chiches, lentilles, haricots rouges…) si vous voulez remplacer la viande,
  • 🍚 1 portion de céréales complètes (riz, avoine, sarrasin, quinoa, pâtes de blé…) en plus, si vous avez un grand appétit.

Et par jour :

  • 🥜 2 petites poignées de fruits à coque (amandes, noisettes, noix…),
  • 🧀 2 produits laitiers maximum, en comptant ceux présents dans les plats préparés, et en privilégiant les produits laitiers non gras et sous label AB ou AOP (Appellation d’origine protégée).
Assiette équilibrée pour aa santé et le climat
#1. Remplacer le bœuf par du poulet, c’est déjà bien n’est-ce pas ?
Pas vraiment ! De nombreux Français ont en effet fait le choix de remplacer la viande rouge, plus émettrice de gaz à effet de serre, par la volaille. Mais lorsqu’on parle de réduire la consommation de viande, il s’agit de tous les types de viande (bœuf, porc, volaille). Pourquoi ? Plus de 80% des volailles sont élevées dans des élevages intensifs. Le problème : ces élevages nuisent au bien-être animal et reposent sur une forte dépendance au soja importé d’Amérique du Sud, OGM et issu de la déforestation. De plus, les déjections de volailles en grande quantité polluent l’eau et contribuent à la prolifération d’algues vertes.
#2. La viande rouge... c'est uniquement le boeuf ?
Non ! Si l'image de la bavette ou du steak haché nous vient spontanément lorsqu'on parle de viande rouge, attention : cela concerne également le porc, l'agneau et le mouton. En bref, toute la viande hors volaille, considérée comme une viande blanche.
#3. Par quoi remplacer la viande pour ne pas être en carence de protéines ?
Sachez que de manière générale aujourd’hui, les Français consomment plus de protéines que nécessaire (contenues dans la viande, les produits laitiers, les œufs, mais aussi les céréales et les légumineuses). Actuellement, la principale carence est une carence en fibres, pourtant essentielles pour prévenir l’obésité, le diabète, le cholestérol, les pathologies induites, le cancer du côlon, etc. Pour être en bonne santé, il est donc crucial de mettre dans votre assiette une grande diversité d’aliments (des légumineuses, des céréales complètes, des fruits et des légumes).
#4. Moins de bavettes mais plus de raclettes : une bonne idée ?
Beaucoup de consommateurs suppriment aujourd’hui la consommation de viande dans leur régime alimentaire mais augmentent leur consommation des produits laitiers (fromage en particulier). Si cette démarche peut se comprendre à l’échelle individuelle et est confortée par l’offre végétarienne proposée riche en produits laitiers, elle omet que 50% de la viande bovine actuellement consommée vient du troupeau laitier[1] ! Il serait donc impossible de généraliser un système dans lequel la population ne mange plus de viande bovine mais mange davantage de produits laitiers. La solution ? Réduire à la fois la consommation de viande ET de produits laitiers.
#5. Manger moins de produits animaux c’est condamner les éleveurs français ?
Non, au contraire ! Aujourd’hui, notre niveau de consommation oblige les éleveurs à produire toujours plus pour moins cher et nous conduit à importer de la viande. Si actuellement, les éleveurs sont en difficulté, c’est parce que l’élevage intensif, majoritaire en France, ne les rémunère pas correctement et les amène à s’endetter. Résultat : 30 % des élevages français ont disparu en 10 ans ! Réduire notre consommation de viande et privilégier une viande de meilleure qualité permettrait donc de développer un élevage durable, non intensif et donc plus respectueux de l’environnement, du bien-être animal, plus rémunérateur et plus épanouissant pour les éleveurs.
#6. Que garantissent les labels Agriculture Biologique (AB) et Label rouge ?
Cela peut varier selon le type de produit, mais de façon générale : une alimentation bio pour les animaux (n’ayant pas nécessité de pesticides ni d’engrais de synthèse) pour le label bio ; une autonomie alimentaire importante à l’échelle de l’exploitation en ce qui concerne les bovins pour le label bio et le label rouge ; de meilleures conditions pour le bien-être animal, en particulier pour les porcs sous label bio et pour les volailles sous label rouge et label bio (densités moindres et accès à l’extérieur).

Les politiques publiques doivent accompagner le changement !

Le changement d’habitudes alimentaires ne peut en aucun cas reposer uniquement sur le consommateur ! Nos décideurs, la grande distribution et les entreprises agroalimentaires ont un rôle central à jouer, car :

  • L’offre de la grande distribution a un grand impact dans nos choix d’achat : les grandes et moyennes surfaces couvrent à elles seules plus de 80% des achats de viande de boucherie (bœuf, veau, porc…), de volaille et de charcuterie des ménages. Or, leur offre est souvent trop carnée : 92% des plats préparés proposés par la grande distribution contiennent de la viande, par exemple.
  • L’offre en restauration hors-domicile n’est pas forcément adaptée : la viande de poulet servie hors-domicile est importée dans la majorité des cas (à 60-75 %), et en restauration commerciale, plus de la moitié de la viande bovine servie est importée. Dans ces circuits, le consommateur a donc souvent peu de choix !
  • La publicité et le marketing nous incitent à consommer plus de viande et souvent de mauvaise qualité : les publicités pour la viande et les produits carnés (burgers, tacos, poulet frit) sont également omniprésentes dans l’espace public et dans l’audiovisuel.
  • Le coût de ce changement alimentaire est parfois trop élevé pour les ménages, même s’il peut être en partie compensé par la baisse de consommation des produits animaux et le “fait maison”. D’ailleurs, 78 % des Français estiment que les pouvoirs publics devraient agir pour diminuer le prix des produits alimentaires avec un impact faible ou positif sur l’environnement [2].

Comment changer la donne ? Voici comment nous agissons

La FNH mobilise les décideurs pour que ce “moins et mieux” de produits animaux soit accompagné et que tous les acteurs de la chaîne (industrie agroalimentaire et grande distribution) soient mis à contribution, grâce à différentes propositions :

  • 🍽️ Obliger la restauration collective et la restauration commerciale à proposer une alternative végétale à chaque repas d’ici 2025 et accompagner la restauration collective pour atteindre en 2024 les objectifs de 60 % et 100 % de viande durable.
  • ❌ Interdire la publicité et les promotions sur les élevages qui ne sont pas Label rouge ou en agriculture biologique et ajouter aux publicités la mention des recommandations de santé publique existantes.
  • 🔍 Rendre obligatoire la transparence des marges nettes des acteurs de la transformation et de la distribution et les encadrer, afin de mieux rémunérer les éleveurs et faciliter l’accès à la viande de qualité et durable pour tous les consommateurs.
  • 💶 Garantir l’accessibilité économique des produits biologiques à tous et toutes : par exemple en mettant en place un chèque alimentaire durable ou en incitant les distributeurs à proposer des paniers de produits biologiques de première nécessité à prix réduits, en période de hausse des prix alimentaires.

Sources

[1]  Idele. (2023). Conduite de jeunes animaux croisés lait x viande à l’herbe.

[2] WWF Food Habits Survey, 2022.

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