Plus de bien-être et moins de stress, effets vertueux sur la biodiversité : des recherches menées par le Museum national d’Histoire naturelle montrent les bénéfices individuels et sociétaux des sciences participatives. Au-delà d'améliorer leur état mental, les participant·e·s améliorent leurs connaissances de la biodiversité, état nécessaire préalable pour avoir la volonté de la protéger.
Se reconnecter à la nature pour améliorer son propre bien-être
Le Museum national d’Histoire naturelle (MNHN) a récemment mené des premières études sur les bénéfices des sciences participatives. Si ce champ d’investigation est encore neuf, trois tendances se dessinent ou se confirment :
• Les participants qui se reconnectent à la nature augmentent leur bien-être. Les observations menées par le MNHN auprès des participant·e·s étudié·e·s viennent confirmer l’impact positif de l’observation de la nature, notamment sur la gestion du stress. Outre l’impact positif sur la santé, la reconnexion à la nature est également indispensable pour sauvegarder la biodiversité, selon les chercheur·se·s.
• Les participant·e·s progressent dans leur connaissance de la biodiversité : c'est ce qu'ont constaté 90% des bénévoles participant au programme de comptage des papillons de Vigie Nature. Ces bénévoles sont capables de mieux distinguer les espèces animales et végétales, et affirment être en mesure de continuer à progresser. Cette meilleure connaissance de la biodiversité amène souvent les personnes concernées à adopter des comportements nouveaux. Les témoignages recueillis dans le cadre de l’observatoire SpiPOLL (Suivi Photographique des insectes pollinisateurs) montrent ainsi que les observateurs modifient leur façon de jardiner après avoir intégré un programme : arrêt des pesticides, introduction de plantes hôtes...
• Les participant·e·s enrichissent leur réseau social : c’est ce qu’Ana-Cristina Torres, chercheuse au CESCO (Centre d’écologie et des sciences de la conservation au sein du MNHN) a mis en lumière en analysant les 80 000 commentaires postés dans le cadre de l’observatoire SpiPOLL.
- Des défenses immunitaires renforcées : deux chercheur·se·s de la faculté de médecine de Quin Li (Tokyo) ont montré qu’une immersion de deux jours dans la forêt avait des effets bénéfiques sur les défenses immunitaires durant 30 jours, en augmentant de façon significative le taux de lymphocytes NK.
- Moins de stress et plus d’optimisme : des chercheur·se·s de l’université de Stanford (Etats- Unis) ont montré qu’une marche de 90 minutes dans la nature avait un impact sur le cortex pré-frontal, diminuant ainsi de façon significative le stress et le pessimisme.
- Plus de créativité : une recherche menée par l’université de l’Utah montre que la créativité de groupes ayant passé six jours en immersion dans la nature augmente de 50%.
Les sciences participatives : un excellent moyen d'améliorer son rapport à la nature
Les sciences participatives, parfois appelées aussi sciences citoyennes ou collaboratives, sont des programmes scientifiques auxquels tout le monde, spécialistes ou amateur·rice·s, peut contribuer par de la collecte d’observations, sur la base du volontariat.
Quels sont les bénéfices des sciences participatives pour celles et ceux qui y prennent part ? Elles peuvent nous aider à nous reconnecter à la nature. Quand nous observons la biodiversité en détails, nous apprenons beaucoup de choses, mais nous pouvons aussi plonger dans un monde vivant inconnu, qui nous dépasse. Observer la nature est une des façons d’entrer en expérience avec elle, de faire corps avec elle, de ne plus la considérer comme un simple décor. Entrer en expérience avec la nature peut être l’occasion aussi de repenser notre place dans le monde. Cela peut être un acte de transformation très fort.
L’appel de l’IPBES en 2019 a affirmé que des transformations en profondeur de tous nos modèles étaient nécessaires pour atteindre nos objectifs de durabilité. Autrement dit, il n’est pas suffisant de connaître la nature de façon abstraite. Il semble aujourd'hui indispensable d’en faire l’expérience, non seulement avec sa tête, mais aussi avec son corps, ses émotions, ses affects. Or, nous prenons de moins en moins le temps d’entrer en contact avec la nature au quotidien. L’écologue Robert Pyle parle d’extinction de l’expérience de nature, le psychologue Peter Kahn regrette une amnésie environnementale générationnelle. Il est donc urgent d’y remédier. Les sciences participatives peuvent nous y aider.
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