Le 12 décembre, une centaine de chefs d’Etat se réuniront à Paris à l’occasion du « One Planet Summit ». Le but : mobiliser les gouvernements et les acteurs financiers pour accélérer la mise en œuvre de l’accord de Paris. Pour la FNH, c’est l’occasion pour la France d’appliquer concrètement le discours volontariste du président de la République sur le climat. Avec d’autres organisations, nous appelons à ce que « pas un euro de plus » ne soit dépensé pour les énergies du passé. Et à ce que ces financements soit mis à la place dans les solutions à la crise climatique, telles que les énergies renouvelables et les économies d’énergies.
Les conséquences du changement climatique sont déjà bien réelles et devraient s’aggraver dans les décennies qui viennent. D’après l’Onu, 300 milliards de dollars annuels seront nécessaires à l’horizon 2030, afin de financer l’adaptation des populations des pays vulnérables au dérèglement du climat.
N’aggravons pas plus la crise.
Nous demandons au gouvernement d’agir pour que l’ensemble des financements publics de la France soient redirigés vers les solutions à la crise climatique, telles que les énergies renouvelables ou les transports en commun, plutôt que de financer les causes premières du problème que sont les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). Nous savons que le monde doit en finir avec les énergies fossiles d’ici le milieu du siècle pour limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C, et que de toute façon le prix de ces énergies augmentera. Ne pas anticiper dès maintenant ce bouleversement, ni mettre en place le financement des solutions de la transition écologique, signifierait qu’il faudrait le faire dans l’urgence plus tard. Cela engendrerait des chocs très importants pour les salariés, les entreprises et les citoyens.
Viser un budget de l’Etat français 100% compatible avec la COP21 d’ici 2022
Par exemple, le budget public de la France n’est pas encore « COP21-compatible ». Depuis des années, la Fondation pour la Nature et l’Homme demande à ce que la fiscalité française soit mise au service de la transition écologique de notre pays et de la création d’emplois durables dans les territoires. Des premiers pas pourraient être franchis lors du vote final du projet de loi de finance 2018, par exemple l’accélération de la contribution climat intégrées aux taxes énergétiques. Mais ils restent insuffisants. Trop de niches et exemptions fiscales pour les énergies fossiles demeurent (totalisant 7,8 milliards d’euros en 2016 d’après le Réseau Action Climat). Emmanuel Macron pourrait lancer une première mondiale : s’engager à faire, d’ici 2022, du budget de l’Etat français le premier budget irréprochable au regard de l’accord de Paris sur le climat.
Mettre fin aux aides publiques climaticides des institutions financières françaises
Il serait aussi cohérent que toutes les institutions financières publiques de notre pays (Caisse des dépôts, BPI France, Agence française de développement) cessent d’aider les investissements dans les énergies du passé.
Renforcer la solidarité climatique française avec les pays durement touchés par les conséquences du dérèglement climatique
Après le bilan plus que mitigé de la COP23, les pays en développement ont des attentes élevées vis-à-vis de leurs partenaires du Nord, qui ne sont pas encore au rendez-vous de la justice climatique. La France doit placer cet enjeu de la solidarité avec les populations les plus durement touchées par les changements climatiques au cœur de ses annonces du sommet du 12 décembre.
La contribution française à l’adaptation des pays pauvres aux conséquences du réchauffement reste encore trop modeste. Elle pourrait être doublée d’ici la fin du quinquennat. Ce serait un geste fort de la France, montrant que le gouvernement a véritablement l’intention de joindre les actes à la parole, et d’appliquer la doctrine « Make our Planet Great Again ». La FNH défend depuis plusieurs années l’instauration d’une taxe européenne sur les transactions financières afin de financer cette solidarité internationale. Emmanuel Macron l’a promise, nous attendons encore les actes.
Refuser les accords de commerce climaticides et repenser la politique commerciale pour en faire un levier pour la transition écologique
La Commission européenne, encouragée par les Etats membres, multiplie la conclusion d’accords de commerce et d’investissement climaticides, comme le CETA, qui entretiennent la domination du droit commercial international sur le droit social et environnemental. Il faut inverser ce rapport en concluant des accords de commerce “2°C compatibles”, en y intégrant par exemple l’accord de Paris. Cela signifierait que dans le cas où une partie à un accord de commerce ne respecterait pas ses engagements de réduction des émissions, ou ses engagements de financements climatiques, alors l’accord de commerce serait suspendu jusqu’à ce que cette partie rectifie le tir. La conclusion du JEFTA, avec le Japon, ou encore l’accord avec le MERCOSUR doivent nécessairement prendre en compte ces mesures.
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