Régulièrement, les organismes publics, médecins, chercheurs ou citoyens sonnent l'alarme de la pollution de l'air. En cause, les particules fines et autres polluants atmosphériques qui se concentrent au cœur de nos villes ou vallées et qui, par temps sec et absence de vent provoquent des pics de pollution. Au mieux, c'est la gorge qui gratte et les yeux qui piquent. Au pire, la crise d'asthme, la bronchite ou encore l'insuffisance respiratoire. Plus encore que les pics, la pollution chronique, quotidienne, moins visible mais persistante, affecte progressivement notre santé. D'où viennent ces polluants qui dégradent l'air que nous respirons ? Tâchons d'y voir plus clair…
Faisons connaissance avec les polluants qui saturent notre air
PM10, PM 2,5, COV, NOx…
Derrière ces acronymes se cachent de redoutables dangers. Solides ou liquides, ces composants atmosphériques peuvent être d'origine naturelle ou être émis par les activités humaines, notamment par le trafic routier ou les systèmes de chauffage. Ils se présentent sous forme de particules microscopiques de l'ordre du micron ou bien de gaz. Ce cocktail de polluants s'attaque aux poumons, à nos neurones, accroissent les risques de démences et engendrent un pic du taux de mortalité durant les périodes de fortes concentrations.
Les particules fines…
Les types de particules sont multiples car les sources d'émissions le sont tout autant. Alors que qu'au-dessus de l'océan ou en montagne, l'air ne contient que peu de ces polluants, dans une ville aux activités tertiaires on enregistre entre 10 000 à 50 000 particules au cm3 (soit 100 µg.cm-3) et dans une ville industrielle plus de 3 millions de particules par cm3 !
Les particules fines (PM10 et PM 2,5) sont sans doute celles dont nous entendons le plus parler. Elles sont constituées d'un mélange hétérogène lié à l'usure de la route et des pneus, des garnitures de frein et d'embrayage, des hydrocarbures issus des pots d'échappement (fer, plomb, carbone) ou encore des additifs des lubrifiants et de l'oxyde d'aluminium provenant des supports des catalyseurs. De tailles diverses et très réduites, ces poussières en suspension, classées cancérigènes par l'OMS depuis 2012, pénètrent facilement dans les voies respiratoires et les irritent. Les PM10 s'accumulent dans le nez et les voies supérieures, et les plus fines comme les PM2,5 se retrouvent jusque dans les alvéoles pulmonaires. Elles peuvent ensuite passer dans le système sanguin et ajouter des troubles cardiovasculaires aux difficultés respiratoires.
- 48 000 morts par an en France sont liés aux particules fines (source Santé publique France juin 2016).
- La pollution aux particules renforcerait également, selon les études récentes, les allergies aux pollens, en rendant ceux-ci plus agressifs, en fragilisant les voies respiratoires. Aujourd'hui entre 25 et 30% de la population française est touchée par les allergies.
Les oxydes d'azote…
La famille des oxydes d'azote, couramment regroupés sous la formule NOx n'est également pas très sympathique avec nos poumons ! Produit de l'oxydation du carburant avec l'oxygène de l'air dans des conditions de température élevée, les NOx prennent la forme de gaz odorants, très toxiques dès lors que la teneur en volume dépasse 0,0013%. Les sources principales sont les véhicules (près de 60%), et particulièrement les diesels, ainsi que les installations de combustion (centrales thermiques, chauffages...). Le pot catalytique a permis, depuis 1993, une diminution des émissions des véhicules à essence, mais l'effet reste encore peu perceptible compte tenu de l'augmentation forte du trafic et de la durée de renouvellement du parc automobile.
Selon l'Agence française de la maîtrise de l'énergie (Ademe), les émissions moyennes de NOx pour les diesels, en situation réelle, sont d'environ 500 mg/km alors que la norme européenne Euro 5 les plafonne à 180 mg/km.
Le non-respect des normes par les constructeurs automobiles est à l'origine du "dieselgate".
5 000 morts par an pourraient être évités si les émissions d'oxyde d'azote émises par les véhicules sur la route avaient été les mêmes que celles observées lors des tests en laboratoire. (" Environmental Research Letters ", septembre 2017).
Une étude publiée par " Nature " a estimé en 2017 que les excès d'émissions liés au Dieselgate seraient responsables d'environ 38.000 décès prématurés dans le monde en 2015, notamment en Inde, en Chine et dans l'UE.
La pollution de l'air est devenue ainsi une des principales causes de mortalité dans le monde.
Pour conclure sur ce joyeux cocktail, on peut ajouter à ces polluants dommageables pour les bronches le toxique monoxyde de carbone (CO - issu de la combustion des carburants, du fioul, du charbon ou du bois) et les composés organiques volatiles (COV -provenant des activités industrielles, du raffinage et de l'évaporation de solvants organiques) potentiellement cancérigènes. La concentration en CO et COV a cependant tendance à baisser.
Comment agir contre la pollution de l'air ?
Parce que les polluants atmosphériques sont invisibles et diffus, il est difficile de les éviter, et d'avoir conscience de ce à quoi, chaque jour, nous sommes exposés. Les personnes les plus vulnérables comme les enfants ou les personnes âgées en souffrent déjà, depuis trop longtemps... Il est temps de se mobiliser pour changer la donne !
La FNH soutient un renforcement des politiques publiques pour lutter contre la pollution de l'air. En 2018, la loi d'orientation des Mobilités constitue une étape clé pour :
- Favoriser le déploiement des alternatives à la voiture individuelle en particulier en ville : covoiturage, vélo, transports en commun, développement de zones à faibles émissions ;
- Accélérer l'arrivée des véhicules à faibles émissions.
Et vous ?
- Quand vous le pouvez, optez pour les alternatives à la voiture comme la marche et le vélo. Contrairement aux idées reçues, les premières personnes en contact direct avec la pollution de l'air ne sont pas les piétons mais bien les automobilistes, qui ont littéralement le nez dedans !
- Limiter l'usage de sa voiture aux déplacements pour lesquels on en a vraiment besoin. C'est envisageable quand on sait que la majorité des trajets en ville fait moins de trois kilomètres et qu'il existe d'autres moyens de transports.
- Pour les trajets longs, privilégier le train à l'avion et à la voiture.
- Enfin, le vélo est le véhicule propre par excellence. Il est en plus avéré que les bénéfices liés à la pratique d'activités physiques sont supérieurs aux risques induits par la pollution de l'air. A pratiquer sans modération donc, à condition d'avoir des pistes cyclables éloignées des grands axes routiers.
Comment se protéger en cas de pic de pollution de l'air ?
Le premier réflexe à adopter est de se tenir informé sur la qualité de l'air de son lieu de vie et sur les mesures de précaution qui existent. On retrouve de nombreuses recommandations sur le site officiel du Ministère des Solidarités et de la Santé et les régions s'engagent aussi.
En cas de pics de pollution il est ainsi conseillé aux personnes les plus sensibles - les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées, celles qui souffrent de problèmes respiratoires et/ou cardiaques, les diabétiques - de se tenir éloignées des sources importantes d'émissions polluantes. Exit donc les grands axes routiers, les carrefours, les bouches de métro... et la voiture ! Car contrairement aux idées reçues, les premières personnes en contact direct avec la pollution de l'air ne sont pas les piétons mais les automobilistes, qui ont littéralement le nez dedans. Enfin, les efforts physiques intenses sont à éviter à proximité du trafic routier.
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