Alors que l'Europe et les Etats peinent à apporter une réponse claire au scandale du dieselgate, la pollution de l'air persiste dans les villes et continue d'asphyxier les citoyens. La FNH rappelle pourquoi il faut sortir du diesel, les raisons sanitaires, économiques et environnementales.
En quoi le diesel est-il une menace pour la santé publique ?
En 2012, l'OMS a classé les gaz d'échappement des moteurs diesel " cancérigène certain ", comme l'amiante et le tabac. En cause l'émission de particules fines (PM10, PM2,5) qui polluent l'air que nous respirons tous les jours. Cette pollution est responsable de problèmes respiratoires et cardiaques chroniques (touchant particulièrement les enfants et les personnes âgées) ou encore de cancers des poumons (CIRC, OMS) et du sein (EHP, 2014).
En plus, la combustion du diesel contribue aux émissions de dioxyde d'azote (NO2) irritants pour les poumons. 87% des dioxydes d'azotes émis par le trafic routier sont le fait des moteurs diesel ! Or cette pollution de l'air affecte la vie des populations et a un coût pour la société dans son ensemble. L'interdiction localisée dans les aires urbaines, par la mise en place notamment de zone de circulation restreinte interdisant la circulation des véhicules les plus polluants, va donc dans le sens de la protection de la santé des citoyens.
Le dieselgate : un scandale qui reste sans réponse
En septembre 2015, le scandale Volkswagen révélait les méthodes de fraude utilisées par le constructeur pour passer les tests d'homologation des véhicules diesel. Un scandale qui connaît depuis de nombreux rebondissements en Europe, y compris en France. Si l'expression fraude généralisée ne peut être utilisée, les résultats des enquêtes complémentaires menées depuis cette date dans plusieurs pays ont montré qu'une grande partie des véhicules ont des niveaux d'émissions de polluants (NOx) et de CO2, bien supérieurs à ce qui est affiché par les constructeurs.
Ce scandale illustre une dérive liée au flou des textes européens, aux limites pures et simples du système d'homologation des véhicules et au manque de transparence dans le débat démocratique au niveau européen et national.
Ce scandale a ainsi pointé du doigt l'incapacité de tout un secteur de notre économie à évoluer et à faire passer en priorité la santé des citoyens avant les profits des constructeurs. Aujourd'hui, sortir du diesel, et plus largement du tout automobile, est devenu un impératif sanitaire, environnemental, économique.
Le diesel "propre" n'existe pas
Les technologies, pots catalytiques et pièges à NOx, ont laissé penser que l'on pouvait évoluer vers un diesel " propre ". Or, les améliorations récentes sous l'effet des normes européennes restent insuffisantes. Dans les faits, en situation de conduite réelle, les émissions de NOx et de particules sont toujours largement au-dessus des normes autorisées et affectent la santé des citadins.
L'étude publiée par Transport et Environment le 18 septembre 2018, 3 ans après le diseselgate, montre que de nombreux modèles mis en circulation depuis 2014 (répondant aux normes en vigueur, dites Euro 6) ne sont pas meilleurs qu'un vendu avant 2000 (véhicule Euro 2) !
Le scandale autour des émissions réelles des véhicules diesel démontre l'insuffisance des systèmes d'homologation des véhicules : ceux-ci ne sont pas conçus pour réduire les émissions et lutter réellement contre la pollution de l'air.
Le diesel n'est plus un choix économique pertinent
Pendant longtemps nettement moins taxé à la pompe que l'essence, moins consommateur de carburants, et donc moins émetteur de gaz à effet de serre que son homologue essence, le diesel a été présenté comme un choix économique. Ce n'est plus le cas pour plusieurs raisons, en premier lieu parce que l'écart entre les moteurs diesel et essence s'est réduit mais aussi parce que la fiscalité du diesel s'aligne sur celle de l'essence progressivement.
Par ailleurs, l'argument économique ne prend pas en compte les coûts cachés liés à la pollution, aux impacts sur la santé… En particulier, les impacts sanitaires avérés du diesel coûtent chaque année plusieurs milliards à l'Assurance Maladie.
Les automobilistes ne s'y trompent pas puisque les ventes sont en baisse.
Les voitures diesel ne sont pas adaptées aux trajets urbains
Le diesel n'est intéressant que si le véhicule roule de 20 000 à 30 000 kilomètres par an (UFC-Que Choisir). Aujourd'hui un véhicule particulier parcourt en moyenne 12 000 kilomètres par an… Derrière cette moyenne, il y a bien sûr des réalités contrastées, mais la moitié des salariés travaillent à moins de 8km de chez eux, et la majorité des déplacements en ville font moins de 3 km ! La généralisation des petits diesel en ville depuis le début des années 2000 est donc en décalage avec les besoins réels de mobilité d'une grande partie de la population, en zone urbaine notamment.
Si le diesel peut répondre à certains usages (déplacements longues distances, transports de matériaux), il n'est pas une solution pour les trajets courts, urbains et périurbains, et n'est donc pas adapté pour plus de 60% du parc de véhicules particuliers en France. L'interdiction localisée dans les aires urbaines va donc dans le sens de la protection de la santé des citoyens. Les mesures de restrictions devront prendre en compte la capacité de chacun à répondre à ses besoins de mobilité.
La sortie du diesel est annoncée
Face à la crise sanitaire, plusieurs grandes villes européennes, dont Paris, ont d'ores et déjà annoncées des échéances (2020, 2025) pour écarter définitivement de leurs rues des véhicules désormais considérés comme trop polluants, principaux émetteurs des fameuses particules et des dioxydes d'azotes (NOx), responsables de maladies respiratoires notamment. Certains pays, comme les Pays Bas ou la Norvège, vont plus loin en proposant de sortir des énergies fossiles avec l'arrêt des ventes de véhicules à essence et au diesel à partir de 2030. En France ce cap a été fixé à 2040 par Nicolas Hulot dans le cadre du Plan climat de la France.
Ces objectifs témoignent d'une révolution en cours dans les transports. Les nouvelles solutions de mobilité émergent : carburants alternatifs, électricité, voitures plus légères, mobilité active, connectivité croissante, automatisation… Elles répondent à des besoins évidents : une mobilité accessible à tous, simple d'utilisation, agréable, conviviale, moins bruyante, moins polluante.
Les propositions de la Fondation pour la Nature et l'Homme
- Développer les alternatives à la voiture : les transports en commun, le covoiturage et les mobilités actives
- Donner un réel avantage prix aux voitures à faibles émissions, grâce à la prime à la conversion,
- Supprimer progressivement les exonérations fiscales sur le diesel professionnel
- Interdire progressivement la circulation en ville des véhicules diesel,
- Réformer le système européen d'homologation pour des véhicules réellement moins polluants
- Mettre en place un rappel des véhicules dépassant les niveaux d'émission affichés par les constructeurs.
Pour en savoir plus
- 3 ans après le Dieselgate / septembre 2018 : lire le décryptage du Réseau Action Climat
- Lire l'étude de transport et Environnement à l'occasion du 3e anniversaire du dieselgate : https://www.transportenvironment.org/publications/cars-engines-can-they-ever-be-clean
- Lire notre point de vue : "L'Europe doit mettre fin au dieselgate"
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