Décryptage

Quelles fleurs locales et de saison offrir en hiver ?

Publié le 03 février 2022 , mis à jour le 15 février 2023

Le bouquet de fleurs est souvent la star des cadeaux, surtout à la Saint-Valentin. Si offrir des fleurs à sa Valentine (ou à son Valentin) est un message d’amour, il n’est pas toujours rose pour la planète ! Bien que 85 % des fleurs coupées vendues en France soient importées, il est possible de choisir des plantes, locales, de saison, cultivées sans chauffage, par des horticulteurs engagés dans une démarche écoresponsable. Quelles fleurs choisir et à quels labels se fier pour ne pas ruiner notre bilan carbone ?

Si aujourd’hui beaucoup d’entre nous ont intégré que choisir des fruits et légumes locaux et de saison est important, d’un point de vue social et environnemental, ce n’est pas si évident en ce qui concerne les bouquets de fleurs. Or, les problématiques sont les mêmes ! On vous explique pourquoi et comment choisir un bouquet éthique et plus respectueux de la planète.

La Saint-Valentin, un marché pas si florissant pour la planète

Chaque année, 5 % des bouquets sont vendus à la Saint-Valentin et la fleur préférée pour l'occasion est sans surprise… la rose ! Un quart des 600 millions de roses vendues chaque année en France l’est lors de la Saint-Valentin. Or,  seulement 3 % des roses sont produites sur notre territoire(principalement dans le Var et le Finistère), et surtout pas au mois de février ! En effet, la saison des roses en France est plutôt entre le printemps et l'été.

D’où viennent 97% des roses que l'on achète ?

Principalement des Pays-Bas (87 %), acheminées en camions frigorifiques avant d’être redistribuées par les grossistes chez les fleuristes. Elles arrivent également en avion du Kenya, (un peu moins de 7 %), de l’Équateur et de Colombie (entre 2 et 3 %).

Roses importées : quel impact sur la planète ?

  • elles viennent de loin : leur empreinte carbone liée au transport est donc conséquente. 
  • elles sont très gourmandes en eau. 
  • et aussi très gourmandes en pesticides : 15 substances en moyenne (fongicides, néonicotinoïdes, insecticides…) seraient présentes dans un bouquet de roses (selon 60 millions de consommateurs). Aujourd'hui, il n'existe malheureusement pas de réglementation pour limiter et contrôler les résidus de pesticides présents sur les bouquets qui rentrent sur le marché européen. De plus, il est tout à fait possible d'y trouver des pesticides interdits en Europe, car dangereux pour la santé et l'environnement, mais autorisés encore en dehors de l'Union européenne...
  • elles sont très énergivores : hors saison, les roses doivent être produites dans des serres chauffées qui consomment beaucoup d'énergie. un exemple : la ferme à roses Marjoland aux Pays-Bas, où les serres sont allumées même en journée, consomme autant d'énergie qu'une ville de 30 000 habitants (l'équivalent à la ville de Lens).
  • la main d'oeuvre est souvent exploitée et mal rémunérée : en Afrique et en Amérique Latine la main d'oeuvre est souvent féminine et subit des conditions de travail très difficiles, car la législation est bien moins contraignante. Elles travaillent de nombreuses heures debout et sont quotidiennement exposées à des substances toxiques. Pourtant, les ouvrières africaines par exemple, touchent seulement 2% du prix de la vente en moyenne.
Saint-Valentin : Que cachent nos bouquets ? L'émission Sur le front a enquêté sur la provenance des fleurs que l'on achète

Quelles fleurs choisir en hiver ?

Offrir des fleurs d’hiver à la Saint-Valentin ou à un autre événement spécial, c’est l’occasion de porter un doux message d’amour à l’élu(e) de son cœur. Une composition de fleurs de saison sera bien plus originale que le sempiternel bouquet de roses et réchauffera les cœurs sans réchauffer la planète !

Les doux oeillets, les fleurs charnues des camélias, les anémones multicolores, l’élégante hellébore blanche aussi appelée rose de Noël, les lumineuses petites fleurs jaunes du jasmin d’hiver, les poétiques renoncules ou encore l’enivrant mimosa qui ensoleille l’hiver n’ont pas à rougir devant les grandes tiges stars de la Saint-Valentin (roses, lys, tulipes, orchidées et autres fleurs exotiques). Colorées et odorantes, les fleurs de saison tiendront en vase plus longtemps puisqu’elles seront, aussitôt cueillies, vendues en circuit court, sans de multiples manipulations ni temps long de transport. Bon à savoir aussi, des fleurs à bulbes comme la jolie jacinthe tiendront longtemps, l’hiver en pot, à l’intérieur des maisons.

Des marques et labels fleurissent pour nous guider dans nos choix

Des fleurs équitables, un revenu plus juste pour les producteurs

Si elles ne sont pas produites localement, entre deux fleurs importées, il est tout de même préférable de soutenir la démarche Max Havelaar pour développer une filière horticole responsable et écologique. 

« Fleurs de France » : une production française

Le label Fleur de France permet de reconnaître les fleurs produites dans l’hexagone. Renforcé depuis janvier 2017, le label accrédite désormais les plantes produites par des horticulteurs et des pépiniéristes français engagés dans une démarche éco-responsable ou de qualité reconnue : certification environnementale Plante Bleue, MPS, Label Rouge, Agriculture Biologique, Charte Qualité Fleurs. 

Le Collectif de la fleur française

Créé en 2017, le Collectif de la fleur française identifie, présente, localise les fermes florales, les fleuristes, les grossistes, des femmes et des hommes engagés en faveur de cette révolution florale. Les fleuristes ont recourt à minima à 50% de fleurs françaises, locales et de saison. Les floriculteurs cultivent le plus naturellement possible.

Des associations et des entreprises défendent la filière horticole française

Fleurs d’Ici

L’entreprise Fleurs d’ici est une plateforme en ligne qui propose en Ile-de-France des bouquets de saison, locaux, en circuit court. Fonctionnant sur le modèle des Amap (association pour le maintien de l’agriculture paysanne) Fleurs d’ici remplace l’abonnement à des paniers de légumes par un abonnement à des bouquets de fleurs (par semaine ou par mois)… Pour renouveler chaque semaine ou chaque mois sa déclaration d’amour !

L'association Fleurs d'Halage

Cette ferme florale a poussé sur une ancienne friche industrielle de 3,6 hectares polluée aux métaux lourds au cœur de L’île-Saint-Denis. Le niveau de pollution interdisant toute production alimentaire, l’association s’est tournée vers la culture de plantes ornementales. Une production sans pesticides de fleurs locales et de saison dans une serre (non chauffée) de 1200 m2. Devenu le plus grand producteur du Grand Paris, fleurs d’Halage se fixe l’objectif de 250 000 fleurs en 2022. Des fleurs vendues chez des fleuristes partenaires, au Ritz, au château de Versailles et dans des AMAP locales.

En Île-de-France encore, l’association Fleurs de Cocagne qui avait débuté son activité à Avignon s’est relocalisée à Avrainville. Là aussi la production, la confection et la commercialisation des bouquets de fleurs bios et éthiques priorisent le retour à l’emploi des femmes en parcours d’insertion.

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