20 ans après le « Sommet de la Terre », l’heure est au bilan des trois conventions (sur le changement climatique, la biodiversité et la désertification).
Si l’on s’en tient aux indicateurs environnementaux, et malgré l’immense effort de sensibilisation des citoyens, des entreprises et des collectivités territoriales, ce bilan est catastrophique. Les émissions de gaz à effet de serre n’ont jamais été aussi élevées, l’érosion de la biodiversité se poursuit, et la qualité dégradée des sols agricoles menace à moyen terme la sécurité alimentaire mondiale. La crise économique et financière a rejeté ces préoccupations au second plan.
Nos propositions pour Rio en bref
Les débats qui ont précédé la conférence de Rio ne laissent que peu d’espoirs sur les conclusions du sommet. Pourtant, il est fondamental de concrétiser certaines avancées sans lesquelles les concepts clé que sont l’économie verte et la gouvernance internationale du développement durable risquent de rester des coquilles vides.
Energie, eau, alimentation : reconnaître des droits d’accès universels
Les inégalités d’accès à l’eau, à l’alimentation et à l’énergie à travers le monde témoignent plus d’un problème de répartition que d’un problème de stocks disponibles : alors que ces trois besoins essentiels pourraient aujourd’hui être couverts pour les 7 milliards d’habitants de la planète, plus de 2 milliards de personnes souffrent d’un déficit d’accès à au moins deux de ces trois services essentiels. La reconnaissance d’un droit fondamental et opposable aux services énergétiques, alimentaires et d’eau de base est donc essentielle.
Supprimer les subventions à la production d’énergies fossiles
Le monde reste très dépendant des énergies fossiles, qui représentent encore 80 % de la production d’énergie primaire mondiale. L’une des conclusions de Rio +20 doit donc être la résolution de l’ensemble des pays à amorcer une transition énergétique. Pour cela, il s’agit de mettre fin aux subventions à la production d’énergie fossile et de les réorienter vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Lutter contre l’accaparement des terres
Nous entrons aujourd’hui dans une nouvelle géopolitique des ressources dans laquelle les détenteurs de ressources financières achètent des terres cultivables, en particulier dans les pays les plus vulnérables. Ces opérations financières se font au détriment des propriétaires ou des utilisateurs, généralement des paysans pauvres. Il est urgent de lancer un programme de travail pour lutter contre cette forme d’accaparement des sols et respecter les droits des agriculteurs des pays du Sud.
Respecter les engagements financiers en faveur de l’environnement
Malgré l’engagement pris à Copenhague en 2009 de financer la lutte contre le changement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, aucune source nouvelle n’a pris forme à ce jour. A Rio, il s’agit de trouver un accord pour la mise en place d’ici 2015 d’une taxe sur les transactions financières internationales et d’une contribution du secteur aérien et maritime au financement de la transition écologique des pays du Sud.
Créer une organisation mondiale de l’environnement pour rééquilibrer la gouvernance mondiale de l’environnement
Au sein des Etats, comme au niveau international, il est nécessaire d’inventer de nouvelles formes de gouvernement pour faire cohabiter les enjeux du court terme avec ceux du long terme. A Rio +20, l’enjeu est bien de lancer le processus de création d’une véritable Organisation Mondiale de l’Environnement dotée de mécanismes juridiques s’imposant à l’OMC.
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