La loi Climat et Résilience de 2021 charge le gouvernement de publier, au 1er juillet 2023, une Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC). Avec 69 autres organisations nous avons élaboré 13 mesures pour une stratégie qui réponde d’urgence aux enjeux écologiques, de justice sociale et de santé publique de notre système alimentaire. Ce 15 mai, nous envoyons une lettre à ouverte à Elisabeth Borne pour appeler le gouvernement à les mettre en oeuvre.
Pourquoi est-il urgent de transformer le système alimentaire français ?
- L'agriculture et l'alimentation est responsable de 24 % de nos émissions de gaz à effet de serre et est un facteur majeur d’érosion de la biodiversité.
- En 10 ans, notre consommation de pesticides a augmenté de 15 %.
- L’excès d’aliments riches en sel, en sucres ajoutés et en acides gras saturés, de produits ultra-transformés et de produits d’origine animale contribue à la multiplication des maladies chroniques.
- Les ménages modestes sont les plus touchés par ces maladies…
- 11 % des adultes sont en insécurité alimentaire en France. Une situation qui s’aggrave avec l’inflation.
- De nombreux agriculteurs et éleveurs souffrent de la volatilité des prix des intrants, d’une rémunération insuffisante, et d’un manque de reconnaissance.
- Les Français·es veulent du changement : 80 % attendent des mesures pour limiter les élevages intensifs et soutenir les élevages durables (selon le baromètre du RAC et d'Harris Interactive)
Des politiques alimentaires insuffisantes qui ont creusé le fossé entre les Français
Les politiques alimentaires menées depuis plusieurs décennies en France n’ont pas permis de répondre aux enjeux de santé publique, de durabilité et de lutte contre la précarité. Aujourd’hui, nous allons vers une alimentation à deux vitesses :
- une alimentation de qualité, riche en fruits et légumes, produits bio et locaux, pour les plus aisés ;
- une alimentation bas de gamme, riche en produits ultra-transformés et pauvre en aliments végétaux de qualité (fruits et légumes, légumineuses…), pour les ménages modestes. Il faut que ça change !
Une stratégie qui doit permettre l’accès pour toutes et tous à une alimentation saine et durable
Avec 69 autres associations (de consommateurs, de familles, de santé, de solidarité, de protection de l’environnement et du bien-être animal) nous demandons à ce que la SNANC :
- Acte la fin de la focalisation excessive des politiques publiques sur les engagements volontaires des entreprises et sur la responsabilité des consommateurs. Elle doit affirmer la nécessité d’améliorer la qualité de l’offre et de l’environnement alimentaire, notamment en réglementant plus strictement la publicité et le marketing sur les produits alimentaires.
- Fixe un cap clair pour la transition de notre alimentation, fondée sur :
- ↘️ la baisse de la consommation de produits trop gras, trop sucrés et trop salés, de produits ultra-transformés, de viande et de produits laitiers.
- ↗️ la hausse de la consommation de fruits et légumes frais et de sources de protéines végétales comme les légumineuses et les céréales complètes.
- 🌾 la transition vers l’agroécologie : une agriculture et un élevage durables, en particulier biologiques (sortir de l’agriculture et de l’élevage intensifs et accompagner les éleveurs dans la transition).
Quelques mesures concrètes :
- Orienter et mettre en cohérence l’ensemble des différents programmes et plans en lien avec l’alimentation autour de deux axes :
- 1/ Établir une vision claire de système alimentaire durable et
- 2/ fixer des objectifs chiffrés et ambitieux d’évolution de la consommation et de la production à échéances précises (2030, 2040 et 2050). Nous devons acter l’évolution vers « moins et mieux » de produits d’origine animale, en particulier de viande, vers plus d’aliments végétaux de qualité, et vers une consommation accrue de produits biologiques cultivés en France
- L’interdiction de la publicité et du marketing pour les produits mauvais pour la santé et la planète, sur tous les supports (physiques, audiovisuels, numériques dont internet), incluant les publicités pour les fast-foods.
- Soutenir le déploiement du Nutri-score et œuvrer à le rendre obligatoire sur les emballages de l’ensemble des produits alimentaires distribués en France et sur toutes leurs publicités (à l’exception des produits distribués en vente directe, en panier AMAP, sur marché de plein vent et en magasin de producteurs).
- Assurer l’accompagnement des agriculteurs et des agricultrices dans la transition vers des systèmes agroécologiques et des élevages durables
- Accompagner les acteurs de la restauration collective vers une offre de repas sains, durables et accessibles, principalement composés de produits biologiques et locaux et proposant quotidiennement des plats végétariens équilibrés, à travers un soutien économique accru, la formation du personnel de cuisine et la généralisation de dispositifs de tarification sociale en restauration scolaire et universitaire.
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