5 novembre 2015 : 60 millions de m3 de boues toxiques s’échappent de deux barrages miniers au Brésil et ravagent le bassin du fleuve Rio Doce. Les conséquences sont catastrophiques : des dizaines de morts ou de disparus, des villages entiers inondés, des centaines de milliers de personnes privées d’eau potable. La coulée de boue qui a parcouru des centaines de kilomètres a désormais atteint l’océan Atlantique. Sur tout son parcours, les écosystèmes supports de vie des populations sont détruits : les terres sont devenues des déserts infertiles, la vie aquatique a été décimée et il ne reste que l’exode pour des populations ayant tout perdu.
La cause : une exploitation minière de l’entreprise SAMARCO de l’état de Minas Gerais au sud du Brésil. Selon la présidente, Dilma Rousseff il s’agit d’une des pires catastrophes écologiques qu’ait connu le pays.
Si les raisons exactes de la catastrophe ne sont pas encore connues, les autorités brésiliennes mettent l’accent sur la responsabilité la compagnie minière SAMARCO propriétaire des barrages. Selon le ministère public de l’État du Minas Gerais, la rupture des barrages ne serait pas un accident et les preuves d’une négligence de maintenance seraient en train d’être rassemblées.
Codétenue par le géant minier brésilien Vale et la compagnie anglo-australienne BHP Billiton, Samarco a été contrainte d’arrêter ses activités, s’est vue infligée une amende immédiate de 61 millions d’euros et a du s’engager à payer au moins 241 millions d’euros de dommages et intérêts. C’est encore insuffisant. Selon les experts, le nettoyage de la région se chiffrerait en milliards de dollars. Par ailleurs, si les entreprises semblent prêtes à assumer leur responsabilité au lendemain du désastre, qu’en sera t-il dans quelques mois ? Que se passera t-il si Samarco est mise en faillite ? Cela montre l’importance d’introduire dans le droit la responsabilité des sociétés mères vis-à-vis de leurs filiales. Une proposition de loi est en ce moment en discussion au Parlement français : il est essentiel de la renforcer et de l'adopter.
Enfin, au-delà de la question de la responsabilité, une telle catastrophe est-elle réparable ? Pourra t’on véritablement dépolluer les eaux et les terres touchées par la coulée de boue ? Les destructions de biodiversité sur le parcours et sur le littoral sont dans une très large mesure irréversibles. Cette catastrophe met une fois de plus en évidence les déséquilibres massifs de notre modèle de développement. Espérons que les autorités brésiliennes en tireront les conséquences pour non seulement renforcer les normes de sécurité et les contrôles des installations existantes mais aussi pour réorienter l’économie d’une région qui repose largement sur l’exploitation minière.
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