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Urgence climatique : le Haut conseil pour le climat appelle l’Etat à adopter un plan de reprise écologique afin d’éviter un dérapage climatique de la France

Publié le 20 novembre 2020 , mis à jour le 01 décembre 2020

Dans son nouveau rapport, le Haut conseil pour le climat fait le point sur l’évolution des émissions de gaz à effet de serre en France et les politiques climatiques mises en place. Le constat : malgré des progrès dans la gouvernance et une multiplication des annonces en 2019, le rythme de baisse des émissions (-0,9%) est à nouveau insuffisant et encore loin des -3% attendus en 2025. Alors que 2019 était l’année la plus chaude jamais connue en Europe, l’enjeu du nouveau gouvernement dans mois qui suivent, sera de miser sur un plan de reprise économique, compatible avec les objectifs d’une transition écologique juste. Comment ? Les solutions existent et sont connues : investir dans la rénovation énergétique des bâtiments, les transports publics et la mobilité douce, les énergies renouvelables ou une agriculture décarbonée bénéficie à la fois au climat et à la création d’emplois. Mais pour que cela soit vraiment efficace, une condition reste indispensable : cesser les investissements dans les secteurs néfastes pour l’environnement.

Avertissement du HCC sur le climat

La réduction des émissions de gaz à effet de serre reste insuffisante dans plusieurs secteurs

Avec un recul de 0,9 % en 2019 (similaire à la moyenne des années précédentes) la réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France est encore très loin des –3% attendus à partir de 2025. La baisse temporaire des émissions lors du confinement est marginale par rapport aux efforts à accomplir et n’engage pas les changements structurels nécessaires pour atteindre les objectifs sur le long terme. 

Le transport (30% des émissions), l’agriculture, le bâtiment et l’industrie (18-19% des émissions), continuent d’être les secteurs plus émetteurs en France et ont tous dépassé les limites du premier budget fixé pour 2015-2018. Ce sont donc 4 secteurs prioritaires sur lesquels il est nécessaire d’investir dans le plan de reprise économique, pour leur permettre d’engager leur transformation écologique. Et cette fois, les annonces devront se traduire en actes, car comme le dit le Haut conseil pour le climat, malgré de nombreuses annonces en 2019, la plupart n’ont pas encore été réellement mises en oeuvre :

“En dépit de certains progrès comme le budget vert qui sera mis en oeuvre sur le prochain projet de loi de finances, l’évaluation des lois et des politiques en regard du climat, sur laquelle le HCC a publié un rapport en décembre 2019, n’a pas progressé. Les annonces faites au cours de l’année écoulée, comme la feuille de route de chaque ministère sur son budget carbone, sont toujours en attente d’être mises en oeuvre”.

 

Le plan de reprise: prochaine échéance pour accélérer une transition écologique et socialement juste

Le moment décisif pour pouvoir rattraper ce flagrant retard est le plan de reprise de la rentrée. Le HCC a identifié une série de mesures qui permettrait d’accélérer l’atteinte des objectifs climatiques basées sur plusieurs critères :

  • le temps d’application,
  • l’efficacité,
  • la création d‘emplois
  • les bénéfices relatifs à la santé, le bien-être 
  • la réduction des inégalités.

En effet, une des conditions essentielles mises en avant par le HCC pour que la transition écologique soit efficace est qu’elle soit également socialement juste (leitmotiv des 55 organisations du Pacte du pouvoir de vivre). C’est-à-dire qu’elle prenne en compte les impacts socio-économique des mesures sur l’ensemble de la société, qu’elle préserve le pouvoir d’achat des ménages, ainsi que la compétitivité des entreprises.

“La transition juste est un enjeu central des politiques climatiques. Elle touche aux questions de vulnérabilité, d’emploi et de bien-être, qui peuvent être un frein à la mise en oeuvre de politiques climatiques. Elle encadre et conditionne la reprise d’un débat nécessaire sur la tarification du carbone. Elle est perçue différemment selon les acteurs qui s’en revendiquent et appelle à un engagement le plus large possible.”

 

Ainsi, le HCC identifie plusieurs mesures de sortie de crise compatibles à la fois avec les objectifs climat et la reprise économique, en particulier : 

-La rénovation énergétique des bâtiments, 

-Les investissements dans les transports publics et les infrastructures de mobilité douce, 

-Les mesures d’efficacité énergétique et d’électrification et la R&D dans l’industrie, 

-L’augmentation du stockage de carbone dans les sols et le développement les protéines végétales, 

-Le déploiement des énergies renouvelables. 

 

Pour Alain Grandjean, co-fondateur de Carbone 4 et président de la Fondation Nicolas Hulot :

680 000 emplois pourraient être créés ou sauvegardés à l’horizon 2030 avec un plan de relance qui mise sur l’écologie. Le Haut Conseil pour le Climat, appuyé par l’Ademe, et l’Ademe démontrent ainsi qu’il est non seulement nécessaire mais aussi tout à fait possible, de lier intérêts économiques et bénéfices sociaux et environnementaux.”

 

Cesser le financements des secteurs carbonés

Les différentes mesures proposées par le HCC fonctionnent si d’autre part la France cesse d’investir dans des secteurs néfastes pour son empreinte carbone ou à défaut de ne pas être en capacité de les stopper, soumettre ses investissements à des conditions fermes et mesurables. Cela n’a malheureusement pas été le choix du gouvernement lors de ses premières dispositions en réponse à la crise sanitaire sur le secteur aérien ou de l’automobile. Un exemple : la prime à la casse qui soutient l’achat des véhicules thermiques et n’impose pas de malus sur la taille des véhicules achetés. 

 

Les collectivités au coeur de la transition

Les régions ont un rôle de cheffes de file dans la lutte contre le changement climatique car elles ont un pouvoir décisionnaire sur des domaines tels que la rénovation des bâtiments, la mobilité, la restauration collective ou l’agriculture. Au niveau de la région comme ailleurs le climat doit devenir un cadre de référence de l’action publique. 

Cependant, le HCC souligne que toutes les collectivités ne sont pas confrontées aux mêmes enjeux : si les émissions provenant des bâtiments et des transports sont relativement homogènes sur l’ensemble de la France, les émissions provenant de l’agriculture et de l’industrie ont les plus fortes disparités régionales. Le HCC insiste ainsi sur la nécessité de décliner les objectifs nationaux selon les particularités de chaque territoire. 

 

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